Les prix à la pompe sont à la hausse depuis la fin de la remise de 30 centimes sur le prix du carburant. Lundi, le relevé du ministère de la Transition écologique annonçait un prix moyen du litre de gazole à 1,8994€ (+ 13,3 centimes depuis le 30 décembre) et de 1,8346€ pour le Super Sans Plomb 95 - E10 (+ 19,2 centimes). La situation ne devrait pas s'améliorer au cours des prochaines semaines.
Habitué aux opérations proposant le carburant à prix coûtant, Michel-Édouard Leclerc exclut un tel coup de pouce dans les centres E.Leclerc pour le moment. La cause est simple : les coûts d'approvisionnement sont en hausse en raison du contexte géopolitique actuel.
"Aujourd'hui, je ne peux pas annoncer quelque chose et j'essaie de nous le permettre", a déclaré le président du comité stratégique des magasins E. Leclerc au Grand Jury RTL, Le Figaro, LCI. "Il s'est passé quelque chose depuis trois mois : chez tous les importateurs de carburant, quel que soit le carburant, nous avons obligation de nous approvisionner hors carburant russe, hors gazole russe."
"Nous sommes donc dans une période – comme Total et tout le monde – où nous sommes en train de ressourcer nos sources d'approvisionnement. Pour le moment, c'est évidemment plus onéreux d'aller acheter ailleurs, d'aller acheter du gazole dans le Golfe, ou dans le Golfe du Mexique."
Une augmentation du prix de l'essence inévitable
Des opérations visant à réduire ou limiter les prix à la pompe sont donc totalement impossibles à ce stade : "Avant de casser la baraque et de revenir à des opérations de carburant, il faut que l'on s'assure de cet approvisionnement et d'un approvisionnement pas trop coûteux."
Michel-Édouard Leclerc s'attend même à une hausse des prix dans les prochains mois, qu'il n'est pas encore en mesure de quantifier mais qui sera inévitable : "Ça ne se voit pas encore parce qu'on ne vend pas encore le carburant que l'on est en train d'acheter. Il y a des délais de deux ou trois mois."
Le gazole particulièrement concerné
Et si le Super SP 95 -E10 est le plus touché par les augmentations de prix en ce début d'année, la hausse attendue pour les prochaines semaines pourrait surtout toucher les véhicules diesel : à la suite d'une réduction de la production en France, la Russie fournissait 25% de stocks de gazole et c'est surtout ce carburant qui est concerné par la redistribution des cartes actuelles.
Les tensions sur les marchés sont propices à une spéculation faisant grimper les prix et la quête de nouveaux fournisseurs s'accompagne de surcoûts liés à la nécessité d'acheter de plus grandes quantités et à des transports plus longs, qui font également augmenter les coûts d'assurance.
"Il faut aller l'acheter à des traders qui vont peut-être nous refiler du gazole indien", a précisé Michel-Édouard Leclerc. "Il faut encore vérifier que ce ne soit pas du gazole russe par l'intermédiaire de l'Inde. Et quand vous allez au Mexique, vous n'achètez plus des barges de 30 000 tonnes mais de 100 000 tonnes."
E.Leclerc est associé à Système U pour l'achat de carburants et à eux deux, les géants de la distribution représentent le deuxième acteur du carburant en France.