Le Parlement européen a voté un accord le 8 juin dernier, visant à stopper la production de voitures et de camionnettes à moteurs thermiques à l'horizon 2035. Toutefois, après que Berlin a fait blocage, l'Union européenne a finalement assoupli son interdiction.
Alors que le monde de l'automobile se tourne de plus en plus vers l'électrique, l'Union européenne avait elle aussi mis la pression sur les constructeurs automobiles en interdisant la vente de voiture et de camionnettes dotées de moteurs thermiques à partir de 2015. Cette mesure vise également à interdire la vente de moteurs hybrides, pourtant bien moins polluants qu'un moteur thermique simple.
Cependant, début mars, l'Allemagne a fait volte-face et en stoppant au dernier moment un règlement prévoyant la réduction des émissions de CO2 des véhicules neufs à zéro. Toutefois, après de longues négociations, Berlin et la Commission européenne ont trouvé un terrain d'entente afin d'entériner l'interdiction.
Ce blocage est à l'initiative du groupe politique FDP, un parti libéral allemand souhaitant protéger la survie du moteur thermique. Ce mouvement est aujourd'hui opposé à la vision du parti écologiste allemand qui veut ranger au placard une technologie vieille de plus d'un siècle pour favoriser l'électrique. Toutefois, d'autres alternatives à l'essence et au diesel existent et pourraient encore faire battre le cœur des moteurs thermiques.
En effet, Ferrari et Porsche (constructeur allemand), planchent aujourd'hui sur la création et la commercialisation d'un carburant de synthèse. Ce dernier aurait comme double objectif de faire perdurer les moteurs thermiques tout en ne produisant aucune émission dans l'atmosphère.
Au final, après de nombreuses tractations, le texte reste inchangé et laisse la porte ouverte à la commercialisation de véhicules thermiques, sous conditions de ne produire aucune émission.
Vers un affrontement des constructeurs pro-thermique et pro-électrique ?
Aujourd'hui, il n'est plus rare de croiser sur nos routes des véhicules dotés de moteur électrique. De nombreux fabricants automobiles se sont lancés corps et âme dans la production et l'amélioration de cette technologie. À l'inverse, il n'existe pas aujourd'hui de carburant de synthèse capable de faire de l'ombre à l'électrique. Il est d'ailleurs peu probable de voir des voitures rouler avec ce type de carburant avant 2035.
S'adressant à Der Speifgel, Markus Duesmann, patron d’Audi, a même déclaré que les carburants de synthèse "ne joueront pas de rôle important à moyen terme dans le segment des voitures particulières."
Certains constructeurs européens, impliqués dans le domaine de l'électrique, ont vu d'un mauvais œil cet assouplissement au profit du carburant de synthèse. En effet, ayant investi plusieurs milliards dans l'amélioration des véhicules électriques, ces derniers sont assez réticents à l'apparition d'une éventuelle alternative à leur idée.
"C’est mauvais pour l’industrie automobile européenne, car les Chinois et les Américains vont creuser l’écart dans le véhicule électrique", a déclaré Ferdinand Dudenhöffer, expert du Center Automotive Research en Allemagne.