"Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?" Jamais la diatribe de Jacques Rouxel dans les Shadoks n'a été aussi vérifiée. Depuis quelques années, les automobiles sportives se sont complexifiées, spécifiées, souvent pour une efficacité remarquable, mais un plaisir moindre. L'idée d'une Alpine premium en est un exemple, celui d'une Ferrari 812 Superfast un autre.

Néanmoins, les références sportives restent reconnues quand elles savent demeurer simples. Regardez le succès d'estime de l'Alfa Romeo 4C, ou de l'inégalable Lotus Elise, ces deux autos respectant une règle : le poids moindre, des petits moteurs, et une radicalité spartiate des plus efficaces.

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Moins connu que les deux premières citées, moins répandu également, Secma, un constructeur français suit également cette règle initiée par Colin Chapman, le fondateur de Lotus. Celle du "Light is right", où la légèreté prime, plutôt que la puissance à outrance et les poids démesurés sur la balance. En sortant la F16 Turbo, le petit constructeur basé à Aniche, dans le Nord, a créé un véritable jouet. Châssis tubulaire associé à une coque en plastique, moteur Peugeot 1,6 litre THP de 205 chevaux, boîte manuelle, direction mécanique non assistée, et freins sans assistance. Une vraie voiture de sport, en somme. "Une voiture simple fabriquée par des gens simple", explique Laurent Renard, fils du fondateur de la marque Secma, Daniel Renard.

Radicale simplicité

D'un premier abord, la Secma ne ment pas. Basse, trapue, avec ses 3,18 mètres de longueur, la petite voiture française brille par sa simplicité dans le dessin. Portes en toile avec ouverture en élytre, carrosserie en plastique thermoformée, "disponible dans toutes les couleurs, à condition qu'elle soit rouge", s'amuse Daniel Renard.

2016 - Secma F16 Turbo

De même, les roues hors carrosserie, le long capot à ouverture inversée, "comme sur la Jaguar Type E", sourit Daniel Renard, invitent encore à imaginer à quel point l'auto est radicale dans son approche. Ce rouge cache d'ailleurs une série de petites idées malignes, comme ce réservoir de 30 litres d'essence, placé à même le châssis tubulaire de la voiture. Un moyen de baisser au maximum le centre de gravité de l'auto, et de le centrer. Vous le verrez sur la route, tout a été pensé pour faire de la gravité une alliée, et cela fonctionne.

L'intérieur l'est également. Pas de fioritures à bord. On ne s'embête pas avec des plastiques moussés, ou des parements en métal ou en bois. Non, ici, la planche de bord est moulée d'une pièce, un logement pour l'autoradio est disponible au centre de la planche de bord, mais c'est le seul vrai luxe proposé. Autrement, le poste est fait pour vous inviter à conduire, et c'est tout : un grand volant, trois pédales, un levier de vitesse, trois gros compteurs, et le reste devrait suivre.

Ainsi, les sièges sont fixés directement à la coque. D'un cuir rouge agréable, ils rappellent l'extérieur de la voiture, et surtout, vous maintiennent bien dans les virages. Pour trouver sa position de conduite, il faut donc déplacer le pédalier. Une manœuvre qui permet à des pilotes de tous gabarits de s'installer à bord, sans se sentir à l'étroit. Il faudra cependant s'adapter à la position de conduite digne d'un prototype du Mans, avec le décalage vers le centre de l'auto des pédales par rapport à la position du volant.

2016 - Secma F16 Turbo
2016 - Secma F16 Turbo

Le passager, lui, dispose d'une grande place pour ses jambes. Chez Secma, le plaisir se vit à deux, et avec pas mal d'espace donc, et quelques aspects pratiques, à l'image des petits rangements sur la droite. D'autant que sous le long capot se cache un coffre de plus de 200 litres. Sur une auto de ce type, voilà un argument assez rare. Enfin, un autre argument s'ajoute, celui du ménage. Comme sur une Méhari, l'intérieur peut se laver au jet d'eau, via plusieurs écopes dans le poste de pilotage !

Magique

Néanmoins, plus qu'à l'arrêt, cette Secma devient magique lorsque le moteur est mis en route. Un véritable cœur pour cette petite auto, tant il rythme son caractère. Ce démarrage rime immédiatement avec un son rauque qui envahit l'habitacle, et de multiples vibrations qui vous font ressentir la mécanique. D'ailleurs, tout est fait pour vous faire ressentir des émotions dans cette F16 Turbo.

2016 - Secma F16 Turbo
2016 - Secma F16 Turbo
2016 - Secma F16 Turbo
2016 - Secma F16 Turbo
2016 - Secma F16 Turbo

Le moteur, pourtant, ne fait pas tant rêver lorsqu'on en regarde la fiche technique. Il s'agit du moteur 1,6 THP de 205 chevaux du groupe PSA. Agréable et docile sur une 308 de 1300 kilos, sur une Secma de seulement 657 kilos, il en devient bestial. Radical, presque mal élevé. Et pourtant, il vous met dans la peau d'un pilote de course dès que l'embrayage est relâché, et que la petite auto s'élance.

Dès lors, la direction mécanique, mais non assistée devient légère, tout en restant précise. Lien entre les roues et le conducteur, elle fait ressentir la moindre imperfection de la route, le moindre détail qui peut vous aider à en savoir plus sur ce qu'il se passe devant vous. En ville, d'ailleurs, cette Secma se montre à l'aise. Pas de mauvaise surprise : la voiture est agile, et par sa légèreté, simple à prendre en main. Passé la petite adaptation à la pédale de frein, dans laquelle "il faut mettre un coup dedans" pour faire freiner la voiture, la conduite se fait simplement, tout en ayant, collé au sol, l'impression de conduire vite dès 50 km/h.

Coup de foudre, coup de pied

Le coup de foudre se fait sur les petites départementales. De docile, la Secma devient bestiale au moment où la pression sur l'accélérateur se fait plus forte. Là, le moteur THP montre son plein potentiel. Dans un grognement rauque, il pousse la voiture très fort, jusqu'à l'explosion. D'un coup, le turbo se met en marche dans un sifflement plus que perceptible. Là, la magie opère. Le coup de pied à l'accélération, celui dont les pilotes des années 1980 parlaient. Le turbo apporte un plus et vous le fait ressentir, jusqu'à 7000 tr/min. En seulement 4,8 secondes, nous voici déjà à 100 km/h. Et pourtant, on se sent déjà pilote, sans le besoin irrémédiable d'aller plus vite. Il est vrai que cette voiture n'aime qu'une chose : les virages. Freinages, courbes, accélération. Et c'est tout.

Cette efficacité redoutable du moteur est couplée à l'aisance du châssis à supporter toutes les demandes. En virage, en courbe, en ligne droite, l'auto est stable et ne vous lâche jamais. C'est là toute la force d'avoir fait de la gravité son allié. Tout étant centré, pas besoin d'avoir de grandes notions de pilotage pour être à l'aise. La voiture ne part pas de l'arrière au freinage, sous-vire peu, voir jamais, et prévient de tout.

2016 - Secma F16 Turbo
2016 - Secma F16 Turbo

Très vite, on réapprend à conduire, à voir la route. La voiture vous donne envie d'allonger vos voyages, d'abandonner les autoroutes, de profiter de la moindre courbe, de vous perdre au fin fond de la Creuse ou du Finistère, et de seulement vous arrêter pour piloter, ou pour reposer les oreilles, lorsque le bruit du moteur, néanmoins très présent, commence à vous fatiguer. On vous le disait, cette Secma ne ment pas lorsqu'elle vous invite à piloter, et sur les routes de la région d'Aniche, l'heure passée à son volant a été un régal, pour ne pas dire un rêve éveillé.

Ne reste plus, vraiment, qu'à la pousser dans ses retranchements sur circuit. Un monde où "elle se montre vraiment", assure Laurent Renard, qui a mis au point la voiture. "Comme elle est légère, elle freine bien mieux, et accélère plus fort que toutes les GT. Sur circuit, le vrai plaisir, c'est de faire la corde aux Ferrari, aux Porsche. Eux sont obligés de freiner très tôt, à cause du poids. Nous on les passe comme on veut." Le tout avec un moteur Peugeot. De quoi doubler encore la taille du sourire derrière le volant.

D'autant que le prix de cette conduite sportive n'est pas inabordable. D'une part à l'achat, où la voiture se propose dès 31'500 euros et surtout à l'entretien. Plus légère, plus petite, et reprenant des pièces d'origine française, la Secma n'use pas éléments mécaniques, et ne coûte pas une fortune au moment de remplacer les plaquettes de freins par exemple.

2016 - Secma F16 Turbo

Et ce poids est encore est un allié de choc au niveau de la consommation. L'aiguille descend vite non pas parce que la voiture consomme énormément, mais parce que le réservoir est petit. Ainsi, les 7,0 litres aux 100 km n'ont jamais vraiment été dépassés, tout en conduisant de façon dynamique. Plaisir donc, mais raisonné et qui s'internationalise. Vendue en Europe, l'auto intéresse de plus en plus les Canadiens et Américains. Sachant qu'une version course se prépare, cette F16 Turbo devrait encore faire parler d'elle !

Conclusion

Le concentré de sensation à l'état pur, et avec pulpe s'il vous plait. Cette Secma F16 Turbo vous fait voir rouge dès les premiers mètres avec elle, et ne vous le fait jamais regretter. Utilisable au quotidien, elle est une invitation à rouler vite sans pour autant prendre de risques. Dès 50 km/h, elle vous offre des sensations que l'on ne retrouve nulle part ailleurs. Et pour 30'000 euros, se veut bien plus amusante qu'une Lotus. Amateurs de sport, voici probablement une offre à prendre au sérieux !

Photos : Guillaume Nédélec / Motor1.com

 

 

Points positifs Points négatifs
 La philosophie de la voiture légère  Bruyante sur les longues distances
 Un jouet sur route  Direction et pédales un peu rudes
 La vigueur du moteur THP  Pas très discret

Galerie: 2016 - Secma F16 Turbo

Secma F16 Turbo

Motorisation Essence, 4 cylindres en ligne, 1600 cm³, 16 soupapes, injection directe, turbo
Puissance 205 chevaux / 285 Nm
Transmission Boîte manuelle à six rapports
Type de transmission Propulsion
0-100 km/h 4,8 secondes
Vitesse de pointe 240 km/h
Poids 657 kg
Volume de coffre 200 litres
Places 2
Economie de carburant Urbain : 8,3 l/100 km / 4,8 litres/100 km / Mixte : 6,2l/100 km
En vente 2016
Prix de base 31'250 €
Prix de la version testée 33'725 €

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