Encore un SUV dans le segment C ? Oui mais il s'agit d'une Jeep ! La marque américaine revient sur le devant de la scène avec un Compass 100% nouveau, qui se veut plus européen, mais surtout de bien meilleure facture que l'ancienne génération. Pour ce faire, esthétiquement comme techniquement, tout change, nouveau châssis, nouveau moteur, nouveau style, nouvel intérieur... bref, le nouveau Jeep Compass est une vraie nouveauté dans le segment et ambitionne de mettre à mal la concurrence française et allemande omniprésente en Europe.
Renault Kadjar, Volkswagen Tiguan, Peugeot 3008, ils sont nombreux à vouloir s'opposer en Europe. Les standards sont de plus en plus haut de gamme, les clients de plus en plus exigeants sur ce segment, bref, Jeep a tout à gagner avec le Compass. Mais peut-on attendre d'une Jeep les mêmes prestations qu'une Peugeot 3008 par exemple ? Dans l'absolu, certainement pas. L'ADN de la marque est clairement axé vers l'aventure, le tout-terrain... Presque un art de vivre, en somme ! Nous attendons donc un petit supplément d'âme sur ce Compass. Est-ce le cas ? Nous nous sommes rendus au Portugal, à Lisbonne, pour juger des capacités d'un nouveau SUV plein de promesses.

Jeep dans l'âme
Esthétiquement, si pratiquement tout change par rapport à l'ancienne génération, ce Compass nous fait tout de même drôlement penser à un autre modèle de la gamme. Vous aussi, vous avez sans doute fait le parallèle avec le Grand Cherokee, le grand SUV du constructeur américain qui vient d'ailleurs de subir un récent restylage. En soi, le style est plutôt réussi. Il conjugue à la fois dynamisme et robustesse, sans jamais oublier d'où il vient. On retrouve bien évidemment la calandre à sept fentes, des arches de roue similaires au Renegade, c'est-à-dire non pas rondes, mais carrées, et une ceinture de caisse très haute.
Le Compass se distingue par des dimensions plutôt compactes, en témoigne sa longueur de 4,39 mètres. C'est plus court qu'une Peugeot 3008 (4,45 mètres), ou qu'un Volkswagen Tiguan (4,49 mètres). Dotée d'une finition Trailhawk (la version la plus propice au tout-terrain), notre version d'essai dispose de sérieux atouts par rapport à ses concurrents : garde au sol de 22,9 centimètres, boucliers râblés afin d'optimiser les angles d'attaque et de fuite, un blocage de différentiel central, et une gamme de rapports courts destinés aux terrains plus accidentés.
La portrait semble parfait. Certes, mais mettons l'accent sur deux bémols. Le premier, c'est la visibilité à l'intérieur, fortement gênée par cette custode scindée à la carrosserie qui aliène sérieusement le champ de vision à l'arrière. Le second, et c'est plus étonnant, c'est l'axe de l'essieu arrière qui est décalé par rapport à l'axe des passages de roue. Pas perceptible du premier coup d'œil, mais une fois de profil, cela saute aux yeux.


Un habitacle enfin au niveau ?
Une fois à bord, il n'y a pas grand chose qui nous fait penser à une Jeep. Aucune poignée de maintien propre aux 4x4, aucun élément propre à la marque en dehors des logos, bref, cet intérieur manque tout de même un peu de cachet. Seuls ces éléments plutôt larges comme la jante du volant, les gros boutons ou encore le pommeau du levier de vitesses témoignent d'un ensemble assez rustique, dans l'esprit 4x4. Au final, c'est peut-être ce qui incite un client Jeep à s'orienter vers ce type de produit.
Les matériaux sont de qualité moyenne, mais bien supérieure aux anciennes Jeep. On retrouve par exemple du plastique moussé sur les parties supérieures de la voiture, des assemblages moyens mais corrects, et quelques inserts décoratifs subtilement incorporés. L'écran tactile de 8,4 pouces intégré au centre de la console centrale est en revanche parfait. Les graphismes sont de bonne qualité, l'ergonomie des menus est soignée, et les différentes applications liées par exemple à la conduite en milieu tout-chemin est plutôt la bienvenue.


Au niveau de l'habilité, le Compass alterne le bon et le moins bon. Au niveau des bons côtés, les passagers arrière seront bien accueillis avec un espace aux jambes tout à fait satisfaisant, supérieur à une Peugeot 3008 ou à un Renault Kadjar, et se dote d'une assise plutôt confortable. La place centrale est toujours en revanche assez spartiate mais il faut avouer que par rapport à la concurrence, c'est plutôt pas mal. Concernant les mauvais côtés, c'est le coffre qui pèche un poil. Disposant d'un plancher sur trois niveaux, le volume varie de 368 à 438 litres. Bien maigre face aux 520 litres de la Peugeot 3008 et aux 470 litres du Volkswagen Tiguan.



Pour la ville, mais pas que !
Notre modèle d'essai disposait d'une motorisation diesel de 2,0 litres de cylindrée développant 170 chevaux et 380 Nm de couple, indexée à une boîte de vitesses automatique à neuf rapports. Finition Trailhawk oblige, celui-ci dispose de quatre roues motrices. Forcément, l'alliance entre transmission intégrale et boîte automatique pèse son poids, et le Compass affiche à vide un petit peu plus de 1700 kilos.
Sur la route, le Compass dispose d'un comportement plutôt neutre, ce qui nous permet très vite de relever quelques petits défauts, comme par exemple cette direction très imprécise et atone, au point où l'on se sait plus vraiment où l'on pose les roues. Le comportement dynamique n'est pas exceptionnel non plus, le moteur de 170 chevaux ne bénéficie pas du meilleur agrément possible, l'allonge est très restreinte et tout le couple est disponible assez tôt, dès 1750 tr/min. Logique après tout pour un tout-terrain, sauf que ce Compass se veut aussi polyvalent, et donc à l'aise partout.

Parmi les points positifs, notons le confort des suspensions, très souples en compression notamment. Dommage que l'assise un peu ferme des sièges vienne ternir un poil le tableau. La boîte automatique à neuf rapports est aussi plutôt bien gérée, et, sans surprise, celle-ci privilégie d'abord la consommation avec des passages de vitesses très tôt. À 70 km/h, nous pouvons donc rapidement nous retrouver déjà sur le septième et le huitième rapports.
Avec ses attributs de baroudeur, notamment sous cette finition Trailhawk, le Compass est sans doute le SUV de segment C actuel le plus à l'aise en milieu hostile. Bien qu'il ne soit pas aussi à l'aise qu'un Grand Cherokee ou qu'un Jeep Wrangler, celui-ci saura s'affranchir d'obstacles bien plus importants qu'un Tiguan, bien que doté du 4Motion, ou qu'une Peugeot 3008, toujours pas proposée en quatre roues motrices.
Cette proposition est intéressante, car même si le client type de ce genre de voiture n'aura sans doute jamais besoin de ses capacités de franchisseur, le client Jeep sera très certainement beaucoup plus sensible à l'ADN de la marque et donc recherchera très certainement le petit quelque chose en plus par rapport à un client 3008 ou Tiguan, bien au-delà du style.

Conclusion
Disponible à partir de 24'950 euros, le nouveau Jeep Compass arrivera en concession à partir du 7 juillet 2017. Notre version d'essai, facturée un peu plus de 40'000 euros n'est pas vraiment donnée mais reste en adéquation avec la concurrence. Seul le Volkswagen Tiguan se démarque avec des tarifs plus élevés, mais avec plus d'équipements disponibles. En termes de consommations nous avons relevé des données mixtes autour de 9,0 l/100 km, sur des routes plutôt vallonnées. Nul doute que le Compass saura descendre autour de 7,0 l/100 km en usage plus conventionnel. Des données plutôt correctes pour un engin de ce poids.
Fabriqué au Mexique, au sein de l'ancienne usine qui accueillait la production du Chrysler PT Cruiser, le Compass espère bien conquérir le marché européen. Malheureusement, il ne bénéficie pas vraiment de tous les nouveaux standards des marques généralistes dans le segment. En revanche, celui-ci se distingue par des qualités que les autres n'ont pas, notamment en termes de franchissement. En outre, le Compass dispose tout de même d'un design plutôt attrayant, et quand on sait qu'il s'agit du critère d'achat numéro un en Europe, nul doute que Jeep devrait encore gonfler ses ventes sur le Vieux Continent.
Photos : Yann Lethuillier / Motor1.com
Points positifs | Points négatifs |
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Look moderne et dynamique | Comportement dynamique |
Confort des suspensions | Quelques plastiques durs |
Qualité de l'écran central tactile | Visibilité à l'intérieur |
Galerie: Essai Jeep Compass (2017)
Jeep Compass II 2,0 litres MultiJet II 170 chevaux Trailhawk 4x4 BVA