Après plus de treize ans de bons et loyaux services, l'Aston Martin Vantage quitte enfin le catalogue de la firme de Gaydon pour laisser place à une nouvelle génération radicalement différente. En effet, si sa devancière était une GT un tantinet sportive mais qui brillait davantage par son confort, la nouvelle s'exprime clairement mieux sur un circuit. Le récent partenariat entre Mercedes-AMG et Aston Martin prouve bel et bien que la firme de Gaydon avait réellement besoin de nouveautés, aussi bien sur le plan électronique que mécanique. Effectivement, avant l'arrivée de la DB11 en 2016, qui marque le renouveau d'Aston Martin et son entrée dans une nouvelle ère, la gamme commençait à sonner un petit peu creux. Vantage vieillissante, Vanquish présentée comme un nouveau modèle mais à peine retouchée, multiplication de séries spéciales, moteur et boîte de vitesses dépassés, masse inavouable... Bref, vous l'aurez compris, Aston Martin était plutôt en mode "survie".

Pourtant, son image de marque n'a jamais été écornée. En effet, lorsque l'on fait parti de la caste des constructeurs commercialisant les plus belles voitures du monde, difficile d'être critique, d'autant plus que comme beaucoup de constructeurs attachants et atypiques, on leur souhaite toute la réussite du monde. Si les "anciennes" Aston Martin bénéficiaient globalement toutes du même caractère, aujourd'hui nous sommes en mesure de vous dire que la DB11 et la nouvelle Vantage, malgré quelques similitudes sur le plan technique et mécanique, sont deux autos radicalement différentes. Si la DB11 brille par son dynamisme et surtout son confort, elle ne sera jamais aussi à l'aise que la nouvelle Vantage sur circuit. C'est d'ailleurs pour cela que nous avons choisi d'emmener la nouvelle née de Gaydon sur piste pour se rendre compte de ses véritables atouts.

Aston Martin Vantage 2018

Une GT déguisée en sportive ? Pas vraiment...

Comme nous, lorsque l'on vous a annoncé qu'il s'agissait d'une vraie sportive et non d'une GT déguisée, vous avez sûrement été légèrement dubitatifs. La nouvelle Vantage partage de nombreux éléments avec la DB11, dont notamment une structure en aluminium collée et non rivetée, un moteur V8 4,0 litres bi-turbo de 510 chevaux et 685 Nm de couple ou encore une boîte de vitesses automatique ZF à huit rapports. En dehors de ça, l'Aston Martin Vantage possède de vrais attributs de sportive, on peut par exemple citer le pavillon en carbone (en option toutefois), le différentiel piloté électroniquement ou encore le train arrière multibras directement scindé au châssis. Autre différence avec la DB11 : les modes de conduite. La Vantage propose les modes Sport, Sport+ et Track en lieu et place des modes GT, Sport et Sport+ sur la DB11. Vous l'aurez compris, ce ne sont pas du tout les mêmes voitures.

Sous le capot, le V8 trône fièrement à l'avant. Ce moteur, nous le connaissons bien puisqu'il s'agit du même bloc que celui de la Mercedes-AMG C 63 S. Avec 510 chevaux, inutile de vous dire qu'il n'est pas exploité au maximum de ses capacités. En effet, sous le capot de la Mercedes-AMG GT R, il sort 585 chevaux (même si il y a une petite différence de carter entre les deux blocs). Ce qui laisse une grosse marge de manœuvre aux ingénieurs pour une ou des versions plus musclées. De plus, la Vantage partage également la même baie moteur que la DB11. Et sous le capot de la DB11, que peut-on avoir en complément du V8 ? Un V12 figurez-vous ! Un V12 bi-turbo développant la bagatelle de 608 chevaux. Quand on interroge les ingénieurs de chez Aston Martin, on nous précise clairement que le V12 n'est peut-être pas la meilleure solution pour la Vantage puisqu'il altèrerait la répartition des masses qui est de 50/50 avec le V8. Mais sachez toutefois que la Vantage peut recevoir un V12 sous son capot. Pour en terminer avec les éventuelles évolutions de la sportive, Aston Martin proposera en 2019 une variante avec une boîte manuelle à sept rapports.

Aston Martin Vantage 2018
Aston Martin Vantage 2018

À bord de la nouvelle Aston Martin Vantage

Assise basse, quelques angles morts, pédale d'accélérateur ultra sensible... pas de doute, nous sommes bien dans une sportive. Une fois installé à son bord, nous nous retrouvons face à un habitacle avec de la personnalité mais sans vrai cachet. Dans tous les cas, ça n'a vraiment jamais trop été le point fort des Aston Martin. Les matériaux sont de bonne qualité, on retrouve par exemple de l'Alcantara sur l'ensemble de la planche de bord et du cuir à profusion. C'est très sympa, même si compte tenu du prix, quelques efforts auraient pu être fait ailleurs, notamment au niveau des buses d'aération confectionnées d'un plastique très sommaire. L'ergonomie est assez originale avec des boutons en cascade, c'est plutôt assez pratique et cela libère pas mal d'espace. La commande de la  boîte de vitesses en forme de V inversé n'est pas sans rappeler la Mercedes-AMG GT. Le système d'info-divertissement est d'ailleurs tiré de chez Daimler, tout comme l'écran non tactile et sa commande via un pad situé au niveau de la console centrale. L'affichage provient non pas des dernières Mercedes mais des plus anciennes, de ce fait ça manque cruellement de finesse sans compter que l'ensemble est peu intuitif. On apprécie en revanche la clarté des compteurs digitaux, très sobres et bien lisibles.

Pour la forme, bien que ce ne soit pas l'atout numéro un de ce genre d'une voiture, sachez qu'Aston Martin propose − en option évidemment − quelques systèmes d'aide à la conduite. On peut citer par exemple le stationnement semi-automatique (715 euros) ou encore la caméra à 360° (1475 euros). Par contre, pour les longs trajets, il va falloir rester concentré puisque la Vantage ne propose pas de régulateur de vitesse adaptatif ou d'aide au maintien dans la voie. Il faudra également voyager léger puisqu'elle n'est pas non plus très accueillante. Pas de boîte à gants, bacs de portières minuscules... seul le coffre est satisfaisant avec un volume annoncé de 350 litres. Dans tous les cas, impossible de faire entrer quatre gommes neuves pour remplacer celles qui auront servi à notre session circuit.

Aston Martin Vantage 2018
Aston Martin Vantage 2018
Aston Martin Vantage 2018

Le concept de l'équilibre

La plus sportive des Aston Martin disaient-ils ? C'est donc sur un circuit que nous avons décidé de la mettre à l'épreuve. Mais avant d'aller sur circuit, c'est par la route que nous devons passer. L'occasion d'essayer cette nouvelle Vantage dans des conditions normales d'utilisation. Très raide, sans pour autant être cassante, notre Vantage n'est clairement pas un modèle de confort, notamment lors des phases de compression. L'accélérateur, très sensible, fait bondir la voiture à chaque effleurement de la pédale de droite. Sur autoroute, la Vantage n'est pas non plus exempt de tout reproche puisque les bruits de roulements sont omniprésents. Saluons toutefois la discrétion du V8 à allure constante, avec un huitième rapport très long permettant d'être en dessous des 2000 tr/min à 130 km/h.

Incisive à l'entrée en courbe, le nez plonge rapidement vers la corde et l'arrière se dérobe comme il faut en sortie de virage, si vous avez savamment dosé votre pédale d'accélérateur.

Vous l'aurez compris, il y a mieux que cette Vantage pour rouler tous les jours. Cela n'augure donc que du bon sur circuit. Une fois arrivé sur le tracé technique de la Ferté-Gaucher et après quelques tours à son bord, une chose nous frappe : l'équilibre de la voiture. Avec une répartition des masses de 50/50, l'Aston Martin Vantage fait preuve d'un très bel équilibre sur piste avec un grip latéral assez phénoménal. Cela ne l'empêche pas d'être joueuse une fois le mode Track activé et l'ESP déconnecté. Incisive à l'entrée en courbe, le nez plonge rapidement vers la corde et l'arrière se dérobe comme il faut en sortie de virage, si vous avez savamment dosé votre pédale d'accélérateur. Progressive, un léger contre-braquage permettra de la remettre sur le droit chemin.

Aston Martin Vantage 2018
Aston Martin Vantage 2018

Le V8 4,0 litres bi-turbo donne à la Vantage un caractère de vraie sportive, largement plus que dans la DB11, avec un son plus rauque et plus caverneux. La boîte de vitesses, malgré le fait qu'elle soit à convertisseur, est rapide et même parfois brutale avec un petit à-coup au passage du rapport supérieur. Dommage qu'elle soit un poil réticente au rétrogradage. Nous vous parlions un peu plus haut du freinage, celui-ci est endurant et performant, il n'y a rien à dire, mais la course interminable de la pédale gomme toutes les sensations. On aurait aimé avoir quelque chose de plus incisif, mais gageons que notre modèle d'essai était peut-être aussi un peu fatigué de tous ses prêts à répétition. Dans tous les cas, la voiture aura répondu présent durant toute une journée circuit et sans vraiment la ménager. Preuve en est qu'il s'agit bel et bien d'une sportive et non d'une GT embourgeoisée déguisée en pistarde.

Dressons le bilan

Avec l'arrivée de cette nouvelle génération, la Vantage a pris une sacrée augmentation tarifaire. En effet, il faut compter au minimum 155'294 euros pour se l'offrir, soit 30'000 euros de plus que l'ancienne génération. Malgré ça, elle reste toutefois dans la lignée de ses principales concurrentes puisqu'une Mercedes-AMG GT S s'affiche à partir de 146'300 euros et une Audi R8 RWS à partir de 143'800 euros. Une McLaren 540C réclame 164'500 euros et une Porsche 911 (991.2) Turbo à 179'975 euros. On peut également ajouter la Jaguar F-Type R qui s'affiche pour le coup bien moins chère puisqu'elle est proposée à partir de 120'230 euros.

Est-elle réussie cette nouvelle Aston Martin Vantage ? Indéniablement oui. Il s'agit d'une proposition aux antipodes de ce que nous avait habitué la firme de Gaydon ces dernières années. Toujours aussi séduisante, sonorité enivrante (les turbos sont inaudibles)... les ingrédients sont encore une fois tous réunis. Il n'y aurait que le confort que nous ne retrouvons pas contrairement à l'ancienne génération. Un parti-pris qui s'explique surtout par le fait que la DB11 est aussi là pour ça. Dans tous les cas, cette nouvelle Vantage fait plaisir à voir et confirme bel et bien qu'Aston Martin est de retour. Et par les temps qui courent, et ceux qui nous attendent, ça fait du bien.

 
Points positifs Points négatifs
Moteur vif et à la sonorité excitante Bruits de roulements sur autoroute
Châssis ultra équilibré Confort à la baisse
Grip assez phénoménal Pédale de frein trop spongieuse

Galerie: Essai Aston Martin Vantage (2019)

Aston Martin Vantage - V8 4,0 litres bi-turbo 510 chevaux BVA8

Motorisation Essence, huit cylindres en V, 3982 cm³, bi-turbo
Puissance 510 chevaux / 685 Nm
Transmission Boîte automatique à huit rapports - ZF
Type de transmission Propulsion
0-100 km/h 3,6 secondes
Poids 1510 kg
Volume de coffre 350 litres
Places 2
Economie de carburant Urbain : 14,4 l/100 km / Extra-urbain : 8,2 l/100 km / Mixte : 10,5 l/100 km
En vente 2018
Prix de base 155'294 €