Avec une cinquantaine d’exemplaires vendus chez nous en 2018, sur un peu plus de 80 voitures écoulées sur l'année, la Continental GT représente le gros des ventes chez Bentley en France. Loin devant le Bentayga, lequel a pourtant permis au constructeur anglais de trouver une seconde jeunesse en élargissant sa clientèle. Le succès du coupé s’explique sans aucun doute par une philosophie de Grand Tourisme qui colle parfaitement à l’histoire de la marque, beaucoup plus que celle de véhicule polyvalent voulue en s’attachant les services d’un SUV.

Après 14 ans de bons et loyaux services, la première génération de Continental GT est remplacée par un large coupé, deuxième du nom, qui semble n’avoir été que seulement restylé. Et pourtant, tout est neuf. Et c’est tant mieux ! En dépit de la joie de pouvoir essayer une Bentley pendant quelques jours, la promesse d’essayer la nouvelle Continental GT pouvait être légèrement ternie par le souvenir de son aînée. Mais n’aura fallu que quelques secondes pour l’oublier !

Essai Bentley Continental GT (2019)

La même... en différente !

Elle nous attend de l’autre côté de la rue. Et déjà la nouvelle Bentley Continental GT nous fascine. Et en dépit d’une longueur allongée de cinq centimètres, la GT anglaise paraît beaucoup plus fine que celle qu’elle remplace, moins mastoc. Un coup de force de l’équipe de design de Crewe. Ne nous méprenons pas, ses presque 5 mètres de long (4,85 m) et ses presque 2 mètres de large (1,95 m) en font un coupé très imposant dans l’absolu. Mais la finesse de ses traits et son élégance toute Britannique séduisent au premier regard.

Mais la Continental GT ne rechigne pas à montrer les muscles avec des hanches plus marquées à l’arrière, comme les pattes repliées d’un félin prêt à bondir. À l’avant aussi elle se fait plus agressive, mais toujours dans le bon goût, avec les rainures sur le capot et les ailes, mais aussi une calandre bien plus grande qu’avant. Toujours avec cette grille en nid d’abeille. Détails très travaillés, les feux, de toute beauté, ronds à l’avant évidemment, identité de Bentley oblige, facettés à l’intérieur comme des verres de crystal, et ovales à l'arrière avec signature à LED pour a modernité.

Essai Bentley Continental GT (2019)
Essai Bentley Continental GT (2019)

Tous les sens en éveil

Mais une Bentley se vit surtout de l’intérieur. Et pas besoin d’être dans une limousine, Mulsane et autres Flying Spur, pour apprécier le faste de Bentley. Très honnêtement, dans la production automobile mondiale, difficile de trouver plus beau et plus raffiné que le cocon de cette Continental GT.

Où que notre regard nous porte, cette Continental GT nous offre les plus beaux matériaux. Notre modèle d’essai alterne le bois, de l’eucalyptus, du métal brillant, et du cuir, sélectionné à la main, dans des troupeaux venant d’Europe du Nord, car moins d’insectes, donc des peaux moins abîmées. Véridique ! Amis des bêtes, s’abstenir.  À peine remarque-t-on les boutons en plastique de la console centrale tant il y a des détails à découvrir.

Essai Bentley Continental GT (2019)

Si la vue et l’odorat, avec l’odeur du cuir plein fleur, sont flattés, le toucher n’est pas en reste. Il y a les pièces en métal évidemment, du vrai, de l’aluminium, pas du plastique façon métal comme dans beaucoup de premium actuellement. Mais surtout des détails invisibles comme l’arrière de la poignée de porte intérieure, dont le métal a été façonné en petits losanges. De même pour l’arrière des palettes de changements de vitesses derrière le volant. C‘est à ce genre d’attentions qu’on voit que Bentley joue dans une autre catégorie.

Joujou ultime dans cette Continental GT, l’écran d’infodivertissement dernier cri, à la navigation et l’intuitivité sans reproches, merci la Porsche Panamera pour le prêt, qui joue à cache-cache avec tantôt un habillage de bois qui ne laisse rien paraître, tantôt trois cadrans de montre (de luxe) affichant respectivement la température, une boussole et un chronomètre. Et c’est encore plus beau de nuit.

Essai Bentley Continental GT (2019)

300 kilos de moins, et ça se sent !

Première bonne nouvelle, malgré l’appréhension d’avoir la nouvelle Continental GT entre les mains, un peu comme d’avoir à transporter les bijoux de la Couronne, dès les premières dizaines de mètres dans une circulation parisienne pourtant dense la belle Anglaise nous met à l’aise. Outre une rétrovision faible et un peu stressante, et son gabarit généreux, elle se mène du bout des doigts.

Un rapide coup d’oeil à la fiche technique nous rappelle quand même le pedigree de la bête : l’énorme W12 6.0 litres sous le capot (en attendant une version V8 ?) développe 635 ch, le 0 à 100 km/h est avalé en 3,7 secondes, et la vitesse de pointe est de 333 km/h. Pour passer la puissance aux quatre roues motrices, cette Bentley fait appel à une boîte robotisée à double embrayage à 8 rapports.

En ville comme sur autoroute, cette boîte de vitesses se fait complètement oublier et assure un confort de roulement, sans oublier la suspension pneumatique pilotée qui filtre à la perfection les dégradations de la route, pour faire de ce coupé un cocon parfaitement ouaté. À tel point qu'il ne faut pas oublier de jeter un coup d'oeil aux compteurs numériques derrière le volant pour ne pas y laisser son permis. On va très vite vite. Sans s'en rendre compte.

Et si cette Continental GT est toujours parfaite pour traverser rapidement un pays ou un continent par autoroute pour passer de palaces en hôtels de luxe sans avoir jamais l'impression de quitter sa chambre, elle sait aussi désormais donner du plaisir, beaucoup de plaisir même, à son conducteur en s'autorisant quelques écarts dans le trajet par des maisons d'hôtes perdues dans l'arrière pays. Malgré son gabarit, les petites routes de lui font plus peur. Merci au châssis de la Panamera qui permet de perdre 300 kilos, et de gagner en vélocité. Jamais piégeux avec ses quatre roues motrices, l'imposant coupé favorise le couple sur l'arrière pour se rapprocher du comportement d'une propulsion. Encore une fois, c'est en regardant le compteur ou en ouvrant les fenêtres pour couper l'insonorisation parfaite au profit du grondement du W12, que l'on se rend compte des vitesses de passage dignes d'une voiture sportive. 

Quelques remarques toutefois. Les plus de deux tonnes, et le très lourd W12 sous le capot avant, se ressentent quand même à rythme soutenu en entrée de virage, avec un début de sous virage, et au freinage, certes puissant et progressif, mais dont la course longue nécessite quand même une certaine anticipation. L'étagement et les lois de rapports de boîte ne favorisent pas toujours non plus  Et puis pour la rendre encore plus dynamique et à l'aise sur petite route, les 4 roues directrices pourraient être une solution assez efficace. D'autant que la cousine Panamera en est équipée. Alors peut-être sur la future Continental GT Speed ? 

Bentley Continental GT 2019

Conclusion

Que ceux qui sont restés sur l’idée d’une Continental GT qui est un gros coupé, puissant mais pataud, se détrompent, Bentley transfigure son modèle dans cette seconde génération. Et que ceux qui voient en cette nouvelle Continental GT une Panamera en tweed se détrompent également, la britannique a son propre caractère. Une personnalité attachante, et pas hautaine comme on pourrait le penser au premier abord.

Si l'on prend en compte que cette Bentley Continental GT est luxueuse, sportive, confortable, raffinée et terriblement attachante, alors oui, il s'agit sans doute de l'une des meilleures GT du moment. Pour ne pas dire qu'elle est au sommet de la pyramide. Par rapport à une Aston Martin DB11, GT par excellence également avec son V12, la Bentley perd sans doute en finesse du design ce qu'elle gagne en agrément de conduite et en raffinement intérieur. Les éléments provenant de chez Daimler et Mercedes dans l'Aston ne sont pas aussi bien intégrés que les éléments du groupe Volkswagen dans la Bentley.

Quant au prix qui dépasse tout juste les 200'000 € symbolique, 203'160 €, il est bien sûr élitiste. Mais pas injustifié. On est exactement dans les tarifs pratiqués par la concurrence, Aston Martin et sa DB11 V12 pour ne pas la citer. Certains constructeurs premiums mais généralistes n'hésitent pas à grimper plus haut non plus sur certains gros coupés, comme une Mercedes-AMG Classe S Coupé 65 de 630 ch, affichée à plus de 250'000 €.

 
Points positifs Points négatifs
Raffinement sans égal Toujours un peu lourde
Désormais vraiment sportive Boîte de vitesse perfectible
Définition même du Grand Tourisme Prix élitiste
 

Galerie: Essai Bentley Continental GT (2019)

Bentley Continental GT (2019)

Motorisation W12 biturbo 6.0 litres
Puissance 635 chevaux à 6000 tr/min
Couple maximum 900 Nm de 1 350 à 4 500 tr/min
Transmission Automatique, robotisée 8 rapports, double embrayage
Poids 2252 kilos
Type de transmission 4 roues motrices
0-100 km/h 3,7 secondes
Vitesse maximum 333 km/h
Economie de carburant Urbain : 16,7 l/100 km / Extra-urbain : 9,5 l/100 km / Mixte : 12,2 l/100 km
Émissions 278 g/km de CO2
Longueur 4,85 mètres
Largeur 1,95 mètre
Hauteur 1,39 mètre
Places 4 places
Volume de coffre 358 litres
Prix de base 169'300 €
Prix de la version testée 207'875 €