Les Jeux olympiques viennent de se terminer et laissent désormais la place aux épreuves paralympiques qui débuteront le 28 août. Au cours des dernières semaines, en dehors des sports classiques comme l'athlétisme, la natation ou le tennis, vous avez peut-être vu du breakdance, de la marche athlétique et du trampoline sur vos écrans de télévisions, voir en tribunes. Au fait, un grand merci à Raygun. Mais malgré tous les événements étranges et farfelus des Jeux olympiques 2024, une chose que vous n'avez pas vue à Paris, c'est la course automobile.
Cette dernière n'a jamais eu la faveur des Jeux. Aux JO d'été de 1900, le fondateur de Renault, Louis Renault, et une douzaine d'autres pilotes ont couru à travers la France au volant de Citroën et de Peugeot à deux places. Renault a remporté la médaille d'or et une récompense en espèces de 4 000 livres sterling. Un deuxième "rallye olympique" a eu lieu lors des Jeux olympiques d'été de 1936 à Berlin, avec la pilote de course britannique Betty Haig dans une Singer Le Mans et le Suisse Paul Abt dans une Riley Falcon qui ont tous deux remporté la médaille d'or.
Malheureusement, si le Comité international olympique (CIO) reconnaît que ces courses ont eu lieu, il ne les décrit pas comme des événements officiels. Et depuis 88 ans, aucune autre tentative n'a été faite pour intégrer le sport automobile aux Jeux olympiques.
Le Karting en sauveur ?
En 2001, tout espoir semblait perdu. Le CIO a pratiquement interdit les courses automobiles dans sa charte mise à jour. Au chapitre 5, une seule ligne stipulait :
"Les sports, disciplines ou épreuves dans lesquels les performances dépendent essentiellement de la propulsion mécanique ne sont pas acceptables."
Heureusement, le CIO a supprimé cette règle en 2016 et la charte modifiée de 2023 n’en fait plus mention.
Au départ, il fallait comprendre pourquoi les courses de type Formule 1 (par exemple) ne sont pas au programme des Jeux olympiques. Il faudrait prendre les meilleurs pilotes du monde, les mettre dans une monoplace égale et les laisser s'élancer sur une piste. Mais les sports mécaniques de haut niveau seraient extrêmement coûteux au niveau olympique, difficiles à réglementer et tous les pays ne pourraient pas aligner un véhicule spécifique (même ceux qui comptent certains des meilleurs pilotes du monde). Alors, quelle est la meilleure solution ? Les karts.
Des dizaines de pilotes professionnels modernes ont débuté en karting. Avant d'avoir remporté trois titres de champion de F1, Max Verstappen a remporté plusieurs trophées de karting. Charles Leclerc, Fernando Alonso ou Lewis Hamilton (voir ci-dessus) sont tous champions de karting.
Mais cette idée n'est pas nouvelle. Les courses de karting, ou comme on les appelle, le sport automobile olympique, ont été introduites aux Jeux olympiques de la jeunesse d'été en 2018. Six équipes de deux pilotes se sont affrontées sur des karts électriques. Même si aucune médaille n'a été décernée, le pilote actuel de Formule 2 Franco Colapinto et sa coéquipière Maria Garcia Puig ont remporté l'or (théorique).
La Fédération Internationale de l'Automobile (FIA), l'instance dirigeante de la Formule 1, tente depuis lors d'intégrer le karting aux Jeux olympiques. La FIA a proposé d'inclure le karting aux Jeux olympiques d'été de 2028 à Los Angeles, mais cette candidature a été rejetée, tout comme celle du kickboxing et du karaté.
Mais il y a encore de l’espoir. La FIA va faire un nouvel effort pour que le karting soit présent aux Jeux olympiques d'été de 2032 à Brisbane, en Australie. Certes, cela signifie encore huit ans d'attente, mais cela veut aussi dire que ce pourrait être la première véritable occasion de voir des karts au niveau olympique. Voici ce qu'a déclaré le Porte-parole de la FIA via InsideTheGames :
"Le fait que la possibilité d’inclure le karting au programme officiel des Jeux Olympiques ait été envisagée est déjà un premier pas satisfaisant. Cela nous encourage à poursuivre nos efforts pour affiner une offre adaptée au format de cette compétition unique afin de pouvoir présenter à nouveau une candidature dans le futur."
Les karts seraient une solution idéale pour les courses olympiques. Le concept de base est assez simple (en théorie). Chaque kart devrait répondre à une norme olympique convenue et approuvée, et chaque pays fournirait une équipe de mécaniciens, d'ingénieurs etc pour superviser les véhicules de son équipe respective. Contrairement à un véhicule de type F1, les karts sont beaucoup, beaucoup, beaucoup moins chers et surtout plus faciles à standardiser.
L’étape suivante consisterait à sécuriser les lieux. Les Jeux olympiques de la jeunesse ont utilisé la piste de karting de l’Autodromo de Buenos Aires Oscar y Juan Galvez pour leur événement en 2018. En prenant comme modèle les Jeux olympiques de Paris en 2024, la piste de karting du Circuit Paul Ricard (ou celle de Magny-Cours, soyons fous) pourrait accueillir toutes les courses, ce qui rendrait tout plus propre et ordonné d’un point de vue logistique.
Mais il existe une deuxième option : un circuit routier dans les rues de la ville hôte. Bien que la logistique soit plus compliquée, des choses encore plus folles ont été réalisées au nom de la compétition olympique. Imaginez les meilleurs pilotes du monde en train de s'élancer sur la rue de Rivoli à Paris cette année ou de faire la course autour de l'emblématique place de l'Étoile.
Les équipes de rêve
Chaque pays devra ensuite décider des pilotes. Comme pour la plupart des épreuves olympiques, les concurrents seront probablement des pilotes de karting jeunes et talentueux, mais relativement inconnus, du monde entier. Cela signifierait bien sûr une énorme reconnaissance pour les pilotes potentiellement inconnus qui tentent de se faire une place sur une scène plus large, ce qui est une excellente chose. Mais encore une fois, il existe une deuxième option, plus amusante.
Prenons les meilleurs pilotes professionnels du monde et lançons-les dans une compétition de karting de style olympique. En supposant que tous les pilotes soient éligibles, nous pourrions nous inspirer des grandes séries comme la F1, la Formule E, l'IndyCar, la NASCAR et le Championnat du monde d'endurance. Les 10 meilleurs pays (sur la base des qualifications théoriques) seraient éligibles pour l'événement et, à l'instar de la Race of Champions ou des Jeux olympiques de la jeunesse de 2018, un total de 20 pilotes s'affronteraient dans une série de courses à élimination directe pour déterminer les médaillés.
Alors, amusons-nous un peu avec ça. Voici à quoi ressembleraient mes équipes de rêve pour chaque pays (désolé si votre pilote ou votre pays n'est pas représenté dans ces faux Jeux olympiques de karting) :
- Australie : Daniel Ricciardo et Oscar Piastri
- Brésil : Sergio Sette Camara et Felipe Massa
- France : Sébastien Loeb et Léon Marchand (allez pour de vrai, Pierre Gasly)
- Grande-Bretagne : Jenson Button et Lewis Hamilton (désolé Norris)
- Allemagne : Sebastian Vettel et André Lotterer
- Japon : Takuma Sato et Kamui Kobayashi
- Finlande : Kimi Räikkönen et Kalle Rovanperä
- Pays-Bas : Max Verstappen et Nyck De Vries
- Espagne : Carlos Sainz et Fernando Alonso
- États-Unis : Kyle Larson et Chase Elliott
Imaginez Sébastien Loeb et Lewis Hamilton s'affrontant roue contre roue dans le dernier tour autour de l'Arc de Triomphe, ou Verstappen et le fougueux Sato qui s'échangent des coups de peinture sous la Tour Eiffel, devant des hordes de spectateurs...
Le sport automobile prend de l’ampleur grâce au CIO, et pas seulement sur la scène des Jeux olympiques juniors. En 2021, le CIO et la FIA se sont associés pour les Olympic Virtual Series, qui ont réuni des joueurs professionnels du monde entier pour participer à un tournoi Gran Turismo à plusieurs courses. L’Italien Vallerio Gallo a remporté l’or (virtuel). Et nous pourrions voir d’autres événements olympiques virtuels à l’avenir.
Mais pour faire participer de vrais pilotes à une vraie piste et leur donner une chance de décrocher l'or olympique, le karting est la solution la plus judicieuse. Espérons que le CIO et la FIA parviendront à un accord pour organiser cette épreuve à Brisbane en 2032, et qu'elle attirera les plus grands noms du sport automobile désireux de faire la fierté de leur pays.