C’est l’une des périodes les plus troubles du dessin BMW qui débute avec la Z9. Depuis 1992, Chris Bangle est à la tête du design de la marque à l’hélice. L’Américain, par le passé, a signé notamment le dessin des Fiat Bravo/Brava et de la petite Barchetta. Son style particulier fait souvent polémique. Il est vrai que les voitures de Bangle ne laissent pas… indifférent.
Pour ses premières années au sein du style BMW, il travaille sur le lancement de la Série 3 E46, avant de réaliser la BMW Z8. Pour le coup, une vraie réussite stylistique, censée rappeler la BMW 507 des années 1950. Racée, sportive, la voiture est reconnue unanimement par la presse et les aficionados.
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Il est vrai aussi que Bangle n’a pas encore montré la pleine mesure de son coup de crayon. C’est ce qu’il va faire lors de la présentation de la Z9, à l’occasion du salon de Francfort de 1999. Remettons-nous bien dans le contexte : 1999 est l’année des succès pour BMW. Victoire au Mans, annonce du nouveau programme F1 avec Williams, la firme allemande a le vent en poupe et veut aussi prendre l’avantage sur Mercedes et Audi.
Révolution en marche
En cette fin de millénaire, voici à peine quatre ans que la BMW Série 5 E34, symbole du design BMW des années 1980, a terminé sa carrière. Une voiture élégante, mais très classique. Et BMW a engagé Chris Bangle pour faire sortir la firme de Münich des sentiers battus. Les dirigeants ne vont pas être déçus.
Au salon allemand, BMW présente un concept-car évoquant un coupé grand tourisme. Un secteur que la marque a quitté quelques années plus tôt, avec la fin de la production de la Série 8. Techniquement, on retrouve les techniques en vogue du moment. Le V8, un 3,9 litres turbodiesel, correspond aux attentes du public européen, de plus en plus demandeur de diesels.
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La carrosserie est, elle, en aluminium. Une technologie que les allemands cherchent à maîtriser pour gagner du poids sur leurs grandes limousines, de plus en plus lourdes avec l’arrivée de l’électronique, des nouveaux équipements de sécurité et des structures déformables.



Plus que la technique, c’est le dessin qu’il faut retenir. La BMW Z9 qui est présentée dénote totalement avec le dessin plutôt saillant vu jusqu’ici. D’un coup, d’un seul, Bangle pose les bases de sa révolution. Poupe, proue, profil, tout est revu en un seul concept. Premier détail marquant, les grandes surfaces planes sur la carrosserie. Là où les BMW ont ces lignes noires courant autour de la voiture, Bangle s’en sépare.
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À l’avant, on retrouve les deux grilles traditionnelles des BMW, mais plus longues. Dans le prolongement, le capot garde son bossage. Les phares, en deux parties, ne gardent l’identité visuelle de BMW que pour mieux s’en éloigner. Les deux blocs extérieurs, à la forme travaillée, clignotants dans la partie supérieure, double optique, seront repris sur les futurs modèles de la marque, Série 6 et Série 7 en tête. Même chose pour le bouclier, cette ligne qui descend des phares pour rejoindre la prise d’air inférieure sera reprise sur la BMW Série 5.


De profil, on retrouve ces très longs capots que Bangle apprécie mettre en scène. Les roues, surdimensionnées (20 pouces à l’avant, 21 à l’arrière) viennent donner du dynamisme à ce profil qui n’en manque pas. D’autant que les passages de roues marqués viennent affirmer encore une fois ce côté sportif. On est bien loin des berlines plus sages de l’époque.
Vilain canard ?



Notons également cette ligne qui vient ceinturer la caisse. Déjà évoquée sur la Série 5 de 1995, elle est clairement présente sur le profil de la Z9. Sur le toit, un petit aileron de requin apparaît. Ce sera l’antenne sur les prochaines productions de la marque munichoise.
Les portes s’ouvrent de deux façons. En papillon côté conducteur, pour mettre en avant l’intérieur, et de façon classique du côté des passagers. Solution qui ne sera évidemment pas retenue pour les véhicules de série.
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C’est vraiment l’arrière qui fait jaser. Cette poupe en bec de canard est l’une des signatures marquantes du design Bangle. Alors que les ailes suivent l’arrondi des passages de roues, intégrant les feux arrières, la malle, elle, reste haute, et remonte à l’opposé. Donnant ce côté énorme, presque parodique, de l’arrière. Il sera appliqué sur la Série 7, dès 2001, sans vraiment convaincre. Plus mature, sur la Série 5 de 2002, il sera une vraie réussite.



À l’intérieur, de nouveau, on retrouve les idées qui viendront marquer les futures BMW. Très horizontal, l’habitacle présente une planche de bord en deux parties. Celle supérieure, très épurée, présente cet écran central dans sa partie haute. Sur la Série 7 notamment, le volant reprendra une forme similaire.


La seconde partie de la planche de bord repose sur l’énorme tunnel central. Là aussi, on se passe du futile, et une molette vient contrôler toute la voiture. Ce que l’on retrouvera très vite sur les voitures de série.
Annonçant la révolution stylistique de BMW, la Z9 ne restera pas à l’état de concept. Dès 2000, une version cabriolet vient compléter l’étude. En 2004, on retrouvera la Z9 en série, certes un peu évoluée, mais somme toute très proche de l’étude sortie cinq ans plus tôt.



Quant à Bangle, ses productions feront jaser, la direction de BMW devant venir plusieurs fois prendre la défense de son chef du design. Au final, l’Américain quittera la marque à l’hélice en 2009, et les BMW retrouveront un dessin… plus conventionnel !
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