G.N., Vichy - Biche est une grande dame du sport automobile. Coéquipière de Jean-Claude Andruet, grande star du rallye français des années 70-80, elle a vu le rallye dans toute sa splendeur. Celle des Alpine A110, Lancia Stratos ou autres Ferrari 308. Pour ce rallye, elle est l'équipière d'Inès Taittinger, pilote émérite d'Endurance. L'expérience ne lui manque pas, aussi, elle peut sourire d'amusement quand on lui évoque la petite tension d'avant départ. Pas un drame sous le ciel gris de Fontainebleau, en ce mercredi matin, mais une petite appréhension, celle de ne pas faire les vérifications techniques comme il faut, de se tromper de dossier.
Non, rien de tout cela ne vient perturber la petite matinée d'avant eRallye Monte Carlo. Une à une, les ZOÉ préparées par Bernard, Benoît, Jean ou Victor, les "Flying Doctor" de Renault passent sans encombres les vérifications. Tout est passé au crible : les équipements de sécurité, les formulaires administratifs... C'est aussi l'occasion de rencontrer nos copilotes. Pour ma part, Serge Lombard vient me seconder. L'homme, petite moustache blanche et fort accent du sud, n'est pas un difficile. Très vite, la discussion s'ouvre sur la régularité, les voitures historiques de compétition, le pilotage, etc. La complicité s'installe déjà : elle sera importante pour être performants... et pour les longues liaisons lors des étapes.




Ces vérifications prennent évidemment du temps. L'occasion de discuter avec nos équipiers. Outre Greg, double vainqueur de l'épreuve, engagé sur la #16 avec Yves, on retrouve Pascal et Jean-Marie sur la #14. Ces deux équipages, qui vont jouer la gagne, seront nos références avec Serge tout au long du rallye. Les conseils seront précieux, autant que leur rythme sera notre métronome. On retrouve également Stéphane et Lionel, engagés avec la voiture de la Garde Républicaine, ainsi qu'Inès Taittinger, pilote reconnue en VdeV et en Endurance aux côtés de Biche. Aussi, les cinq ZOÉ peuvent prétendre à de belles places, même s'il faudra avant tout être sérieux.
Très vite tout s'enchaîne. Après un repas-briefing rapide, chacun retrouve sa voiture pour le départ, à partir de 14h. Abaissé dans l'ordre des numéros, le drapeau monégasque s'abaisse pour nous à 14h28. Désormais, nous avons 26 heures pour rejoindre Onet-le-Château. Le début d'une longue liaison jusqu'à Vichy. Un petit parcours imposé nous fait passer par le centre de Fontainebleau, avant un itinéraire plus libre. Là, les stratégies diffèrent. Les électriques prennent plutôt les nationales, quand les voitures à hydrogène se pressent plus pour ravitailler rapidement à Magny-Cours. Chacun sa route donc. De fait, nous favorisons les petites routes, en compagnie d'Inès et Biche.


Un trajet que nous mettons à profit avec Serge pour réviser les bases de la régularité. Les choses sont simples, il faudra bien écouter ses consignes, être le plus propre possible, et de cette écoute pourrait en découler un bon résultat. L'homme sait de quoi il parle. Lui qui roule en régularité historique en Porsche ou en Lancia, il en a vu passer des zigotos. "Tu verras, au début, tu vas faire le yoyo", prévient-il. Tu seras un peu en avance, ou un peu en retard. Mais à la fin de l'épreuve, tu verras que ce sera linéaire, je n'aurais même plus à te guider." Ne reste plus qu'à appliquer cela, et le verdict s'en ressentira dès vendredi, sur le circuit d'Alès.
Prise en main
En attendant, la prise en main de la ZOÉ se fait sans encombre. Petite voiture discrète, elle dispose que de quelques atouts assez surprenants. L'autonomie tout d'abord. Sur cette première liaison, nous devons rallier Fontainebleau à Magny-Cours. Un peu plus de 200 km et trois heures de route. Une distance qui n'effraye pas la petite Renault, qui emmène sans broncher notre équipage jusqu'à l'ancien temple de la Formule 1. "Cela nous change de ce que l'on a pu connaître par le passé", s'amuse Serge. "Sur d'anciens rallyes, on devait vraiment se méfier de l'autonomie." Une question dont nous n'avons plus à nous soucier visiblement, et même pendant les spéciales. L'accueil en Bourgogne est chaleureux, avec le doux son d'un prototype du Mans pour fêter notre arrivée. Après une journée dans le silence mécanique de l'électrique, il fallait bien se replonger dans la symphonie mécanique.
Magny-Cours marque cependant une étape "recharge". Presque à vide, la voiture doit refaire le plein. Une pause qui prendra une heure et demie, avec les supers chargeurs. L'occasion de découvrir la collection de monoplaces françaises du musée du circuit. Matra, Ligier, Prost, le conservatoire de la monoplace française permet d'admirer quelques unes des plus belles monoplaces de l'Histoire de la F1. Et pour les copilotes, de potasser le parcours des zones de régularité. Serge, Yves, Jean-Marie et Lionel révisent le parcours, revoient les tracés. Le moindre petit détail peut être bénéfique, reste à savoir en profiter.


Vers 20h30, les voitures reprennent la route pour une étape à Vichy. La nuit sera courte pour beaucoup. Révision de notes pour les copilotes, résumé de journée pour les journalistes, et révisions des autos pour les ingénieurs. Chacun en a pour son grade. Le repos sera aussi la clé. Ce jeudi, une nouvelle liaison jusqu'à Onet-le-Château, près de Rodez, de près de 250 km est au programme. Avant d'entrer dans le vif du sujet, ce vendredi, et les premières zones de régularité ! Ce qui promet quelques étincelles !
Du mercredi 25 au dimanche 29 octobre, eRallye Monte-Carlo. Suivez l'aventure de la ZOÉ #31 de Motor1 sur le site, et la page Facebook. Départ ce mercredi, à 14 h ! Plus d'informations ici.
Images : Renault