À l'heure où l'automobile devient plus édulcorée, notamment par les technologies, par les législations, ou encore par l'évident besoin écologique de réduire l'empreinte du secteur sur la planète, le marché de la collection en profite pour prendre un envol entrevu il y a déjà plusieurs années, et qui ne semble pas en mesure de s'arrêter prochainement.

L'automobile fait toujours vibrer, mais le plaisir d'une voiture simple et vivante se trouve de moins en moins sur le marché du neuf, y compris sur celui des GT et supercars, qui se civilisent toujours un peu plus et ne semblent plus aussi vivantes que par le passé. Dès lors, les modèles de collection, quels qu'ils soient, voient leur cote de popularité, et aussi leur cote à l'argus faire un bond en avant.

Selon une étude réalisée par Interenchères lors de l'édition 2019 du salon Rétromobile, ce sont les marques les plus prestigieuses qui ont pris le plus de valeur, à l'image de Ferrari ou Porsche, mais surtout les Youngtimers, qui sont actuellement les voitures des années 80 et 90 en majorité. L'étude révèle que l'évolution des prix relève de plusieurs phénomènes, mais avant tout du principal que nous évoquions plus haut, la nostalgie.

La culture au service de l'automobile

En effet, les marques sportives possèdent une cote d'amour énorme parmi les passionnés, mais aussi parmi les personnes nostalgiques d'une certaine époque, et de souvenirs liés à l'automobile qui y sont associés. Nous parlions de Ferrari et Porsche, mais on peut rajouter Aston Martin, Jaguar ou Lamborghini, qui sont des marques ayant aussi eu un rôle dans des films ou séries télévisées, qui ont fait de certaines voitures de véritables icônes populaires.

Qui ne se rappelle pas de la Ferrari 308 GTS de Magnum, de la Ferrari Testarossa blanche de Don Johnson dans Deux Flics à Miami, ou de James Bond, conduisant depuis toujours une Aston Martin ? Comment oublier la saga Retour vers le Futur, qui aura réussi à elle seule à populariser la DeLorean DMC-12 ? Tant de voitures qui, outre leur mécanique et leur allure, sont aujourd'hui devenues des madeleines de Proust pour les collectionneurs, férus d'automobile ou non.

La deuxième raison principale à cet envol du prix de l'automobile de collection est l'état moyen des voitures, qui est bien meilleur qu'il ne l'était auparavant, et qui influe souvent sur le prix final des modèles, dont la restauration a coûté plus cher qu'elle ne le faisait auparavant. La raréfaction des pièces est pour certains modèles responsable de ce phénomène, tandis que pour d'autres, c'est simplement le prix de l'occasion en bon état qui est la cause de ces augmentations.

Dès lors, il n'est pas étonnant de constater que la moyenne des prix a triplé au cours de la décennie passée. La Ferrari 308, puisque l'on en parlait précédemment, est un parfait exemple de ce phénomène. Une 308 GTB de 1978 a été achetée à 24'000 euros par son ancien propriétaire en 2008. Après huit ans d'utilisation, celui-ci n'a eu aucun mal à la revendre 69'000 euros en 2016 !

Des chiffres à relativiser

Bien évidemment, ce chiffre est à pondérer avec l'entretien effectué, de possibles pièces changées, et évidemment l'inflation globale. Mais l'exemple de Ferrari est de toute façon assez unique, tant le Cheval cabré possède une cote à part sur le marché. Si l'on se penche sur l'exemple de Porsche, on se rend compte que la marque a atteint un point culminant sur le marché de la collection, et que les modèles des années 80 n'augmentent presque plus depuis trois ou quatre ans, tandis que les plus anciennes voient même leur prix repartir à la baisse. Le signe d'une accalmie à venir ?

Dans le cas des Youngtimers, qui sont pour le moment sur une dynamique de progression qui ne semble pas fléchir, on voit que l'augmentation de leur valeur est constante, mais pas aussi énorme que ce que certains collectionneurs espèrent, une fois l'inflation déduite. Dans le cas de la Renault 5 Turbo 2, qui est l'un des modèles les plus en progression ces dernières années, le prix moyen d'une vente, une fois l'inflation déduit, est entre 40 et 60 % plus élevé que son prix d'origine, dans les années 80, ce qui est loin de la valeur triplée évoquée plus haut.

Mais comme souvent, il s'agira essentiellement de faire la bonne affaire, et de revendre sa voiture au bon moment, pour en tirer le prix maximal. La rareté est évidemment un atout, si l'on prend pour exemple cette Lancia Delta S4 Stradale, vendue à un million d'euros récemment, et dont la cote à doublé en moins de cinq ans. À Rétromobile, une Alfa Romeo 8C de 1939, achetée il y a 43 ans pour une somme équivalente à 10'000 euros actuels, a été revendue aux enchères à 16,7 millions d'euros. Dans le cas de ce propriétaire, outre la patience de garder sa voiture durant quatre décennies, c'est le fait d'avoir capitalisé sur une voiture produite à 50 exemplaires et affichant, pour l'époque, des caractéristiques exceptionnelles, qui lui a fait décrocher le jackpot.

Photo : Emmanuel Touzot / Motor1.com

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