L'assouplissement des 80 km/h, et donc le retour partiel à une limitation de vitesse à 90 km/h, va-t-il être plus compliqué que prévu sur le territoire français ? En effet, la Loi d'Orientation des Mobilités permettra aux départements de repasser certaines routes à double sens et sans séparateur central à leur ancienne limite, soit 90 km/h. Elles avaient été contraintes de ramener la vitesse à 80 km/h le 1er juillet 2018, lorsque la loi avait fait réduire la vitesse limite sur toutes les routes de ce type de 10 km/h.
Mais le choix laissé aux départements d'appliquer à leur guise les limitations de vitesse entre 80 et 90 km/h, qui sera offert à partir de la parution de la Loi d'Orientation des Mobilités au Journal Officiel en janvier 2020, pourrait s'avérer plus complexe que ce qui était initialement espéré. Plusieurs départements ont déjà mis un coup d'arrêt à ce projet pour diverses raisons.
C'est le cas dans les Alpes-Maritimes, où le président du département Charles-Ange Ginesy a plié face aux contraintes édictées par la Sécurité routière pour faire remonter de 10 km/h la vitesse à certains endroits. Selon les informations d'Europe 1, la moitié des départements ne changeront qu'une partie de leurs tronçons, tandis que 10 % d'entre eux semblent partis pour annuler le retour à 90 km/h. Mais des départements comptent bien ramener un maximum de routes à l'ancienne législation.
Un assouplissement qui coûte trop cher
"Il ne faut pas se mentir. Qu'on fasse tout pour nous empêcher de revenir aux 90 km/h et qu'on essaye de nous en dissuader, c'est une réalité", a déclaré Claude Riboulet, président de l'Allier. "Il a fallu tordre le bras au gouvernement pour accepter de nous autoriser à déroger mais ça ne sera évidemment pas pour nous faciliter la vie." Et qui dit dérogation, dit exception, ce qui veut dire que ce sera aux départements de payer le coût des nouveaux panneaux 90. Le président de l'Ain, Jean Deguerry, estime qu'un tel changement sur les 4500 km de route dans le département coûterait près d'un million et demi d'euros.
Et puisqu'il s'agit d'une dérogation à une règle nationale, les présidents des départements seront désignés responsables des accidents pouvant se produire sur un tronçon où la vitesse a été repassée à 90 km/h, et où la décision fait débat. C'est par crainte de telles représailles qu'environ un département sur 10 ne reviendra pas en arrière. Et pour ne rien arranger, les routes dépendant de deux départements posent aussi le problème de l'harmonisation, pour éviter trop de changements sur un même tronçon. Autrement dit, l'assouplissement autorisé est encore loin de se retrouver sur nos routes.