Depuis quelques jours, une ville dont on avait peu ou pas entendu parler auparavant, fait la Une de l'actualité : Wuhan. Cette dans cette mégalopole chinoise de 11 millions d'habitants que les premiers cas de coronavirus ont été identifiés. Et on fait les premières victimes. Au moment de l'écriture de ces lignes, 132 morts et plus de 6000 cas de contagion sont à déplorer dans le monde.
Mais si Wuhan, jusqu'à il y a quelques jours, encore était inconnue de nous, Occidentaux, elle est pourtant au centre de l'économie chinoise. À tel point qu'elle a plusieurs surnoms, comme la "Ville moteur" ou encore la "Détroit chinoise". Beaucoup de grandes entreprises et de très grands groupes possèdent des bureaux et/ou usines à Wuhan. Notamment dans le secteur automobile. Et comme depuis le début de la contagion du coronavirus, la ville est complètement fermée, cela a de graves répercussions sur l'économie, chinoise, mais aussi mondiale.
Usines arrêtées, expatriés rapatriés
Les autorités chinoises ont imposé une quarantaine stricte à Wuhan, rendant impossible toute entrée ou sortie de la ville. Et d'autres pôles économiques chinois importants, tels que Shanghai et la capitale, Pékin, ressentent déjà de graves conséquences sur les activités économiques.
Des activités qui, dans le monde de l'automobile, concernent des grands groupes tels que PSA, General Motors, Toyota, Ford, Renault, Honda, Nissan, mais aussi les équipementiers majeurs que sont Valeo, Saint-Gobain ou encore Faurecia. Sans oublier évidemment Dongfeng, raison pour laquelle PSA et Renault sont sur place. Certaines d'entre elles ont déjà pris des mesures radicales, que ce soit le rapatriement de certains ressortissants, ou la fermeture pure et simple d'usines. Des fermetures qui coïncident avec les célébrations du Nouvel An Chinois, mais qui sont souvent prolongées en raison de la pandémie.
General Motors et Nissan, par exemple, ont prévu de fermer leurs usines sur place jusqu'à la semaine du 3 février, alors que Toyota et Ford ont annoncé cette semaine que la fermeture de leurs usines serait prolongée d'une semaine en raison du virus.
De son côté, PSA a mis en place en début de semaine une cellule de crise entre Wuhan et Paris afin de déterminer les impacts que la situation actuelle pourrait avoir sur la production. Pas moins de 2000 personnes travaillent pour PSA à Wuhan, à travers le partenariat avec Dongfeng, et 38 expatriés ont déjà été évacués, en collaboration avec les autorités chinoises et le consulat de France.
Renault, également rattaché à Dongfeng pour sa présence en Chine, possède deux usines sur place ainsi qu'une centre de Recherche et Développement. Soit 2000 employés environ également. L'usine de production est fermée jusqu'au 10 février.
Honda s'est également occupé de rapatrier quelques-uns de ses expatriés Japonais tandis que General Motors (propriétaire, avec SAIC, d'une usine à Wuhan), qui compte quand même pas moins de 6000 travailleurs à Wuhan, a expliqué suivre les choses au jour le jour, et n'a pas décidé s'il prolongerait la fermeture de ses usines au-delà du 2 février.
Ford et FCA, de leur côté, surveillent la situation de près, prêts à déplacer leurs employés si la situation s'aggrave encore. Tesla, qui construit une Gigafactory en Chine, n'a en revanche répondu aux sollicitations des américains, ne précisant pas le sort de ses employés travaillant près de Shanghai.
Un virus qui s'ajoute à la crise
Pour le moment, les usines restent donc fermées notamment en raison des vacances du Nouvel An chinois et beaucoup d'entreprises attendent la reprise complète des activités pour comprendre comment procéder. Mais la Chine est-elle en train de perdre de son attractivité avec cette crise sanitaire ?
"De nombreuses entreprises avec lesquelles j'ai parlé perdent leur enthousiasme pour la Chine", a déclaré Michael Dunne, PDG d'une société américaine de conseil pour le marché chinois à Automotive News . "Ils sont déjà confrontés à un marché automobile en déclin, à la guerre commerciale avec les États-Unis et aux incertitudes politiques à Hong Kong. Ce virus va-t-il encore compliquer la situation ?"
Il ne faut pas oublier en effet que la Chine traverse une période de crise automobile, avec des ventes en baisse de 8,2 % en 2019 (pour un total de 25,77 millions d'unités quand même...) et que les sanctions de Donald Trump concernant les exportations sont toujours d'actualité, même si les derniers pourparlers entre les États-Unis et la Chine ont entraîné un dégel entre les deux parties.
Reste donc à attendre quelques jours, le début de la semaine prochaine, pour avoir une image plus complète de la situation et voir si les usines reprennent du service ou si la Chine restera impactée économiquement par cette crise du coronavirus.