On a vu en Chine que le confinement avait mis un grand coup d'arrêt à la production automobile et, en conséquence, aux immatriculations, en chute de plus de 90 % en février dans l'Empire du Milieu. En France, faut-il s'attendre à de telles chutes ?
Clairement, les chiffres du mois de mars, qui s'est déroulé entre confinement et anticipation de la crise, seront très négatifs, et il se pourrait que l'année complète soit très rude pour le secteur automobile, étant donné les difficultés économiques qui vont suivre dans les prochains mois.
"Difficile de le prévoir", a expliqué Éric Champarnaud, Président du cabinet C-Ways, interrogé par Autoactu. "Le choc actuel est inédit, exceptionnel et on ne sait pas quand cela s’arrêtera. Ce que l’on peut faire, c’est prévoir quel pourrait être le recul du marché en fonction de l’évolution du PIB. En formant l’hypothèse d’un recul du PIB de 6 à 7 % en 2020, on peut projeter une chute du marché automobile allant jusque 22 % portant les volumes à un niveau proche de 1,7 million pour le marché total."
L'ampleur de la crise aura fort logiquement un impact proportionnel sur le marché de l'automobile, qui pourrait se limiter à une chute de 4 % si le PIB reculait de seulement 1 %, mais les prévisions actuelles font état d'un recul situé vers 4 %. Les ventes d'automobiles pour particuliers devraient être les plus impactées puisque C-Ways projette un recul de 33 % du marché en cas de recul du PIB de 7 %.
"Les entreprises ont des comportements moins épidermiques que ceux des ménages. Elles ont souvent des contrats LLD avec des échéances programmées et n’ont pour la plupart pas le choix. Historiquement on constate une ampleur plus importante pour les ménages qui peuvent toujours s’arranger et repousser leurs achats. Il y a également les tactiques, intégrées dans les immatriculations des entreprises, qui jouent un rôle d’amortisseur du marché."
Et bien que le marché des entreprises soit vu comme celui qui permettra au secteur automobile d'éviter la catastrophe en 2020, les défections d'entreprises pourront entraîner des annulations de commandes, ce qui pousse C-Ways à envisager ce recul dépassant les 20 % sur l'ensemble du marché automobile cette année.
"Les Pouvoirs publics font preuve d’une grande réactivité avec la mise en place de mesures avant même l’apparition des effets négatifs. A ultra court terme, il s’agit d’éviter les faillites par des mesures de report. Mais il y aura des achats qui seront perdus et que l’on ne récupérera pas comme les restaurants, le cinéma. Tout le monde ne sera pas couvert, le gouvernement ne pourra pas creuser indéfiniment la dette."