Le monde dit adieu à l'essence au plomb, le fameux "pistolet rouge" à la station-service. Le dernier pays qui en distribuait était l'Algérie jusqu'à l'été dernier, mais c'est désormais de l'histoire ancienne puisque ce carburant n'est plus disponible à la vente, en Algérie et partout ailleurs.
Le retrait définitif de l'essence au plomb a été annoncé par le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). Il est le résultat de près de deux décennies de travail du Partenariat mondial pour les carburants et les véhicules propres (PCFV).
Un peu d'histoire
Introduite en 1922, l'essence au plomb tétraéthyle a été conçue pour améliorer les performances des moteurs. Dans les années 1970, ce carburant avait déjà conquis la quasi-totalité du monde, mais a provoqué ce que les Nations unies appellent aujourd'hui "une catastrophe pour l'environnement et la santé publique".
Au cours de la décennie suivante, la plupart des pays industrialisés ont commencé à restreindre ou à interdire le "Super", mais il a continué à être vendu dans de nombreuses autres parties du globe. En 2002, les Nations unies ont lancé une campagne visant à éliminer définitivement "l'une des menaces les plus graves" au niveau mondial. En France, depuis 2000, en application d’une directive européenne de 1998, les carburants distribués ne sont plus plombés.
L'impact du carburant au plomb
En annonçant cette nouvelle, l'ONU a énuméré les conséquences tragiques causées par "l'essence rouge" en raison du plomb qu'elle contient. En près d'un siècle d'existence, l'essence au plomb aurait contaminé l'air, la poussière, le sol, l'eau potable et les cultures vivrières. Mais ce n'est pas tout.
Elle aurait provoqué des maladies cardiaques, des accidents vasculaires cérébraux et des cancers, et aurait affecté le développement du cerveau, en particulier chez les enfants. L'ONU estime que l'interdiction de l'essence au plomb permettra d'éviter plus de 1,2 million de décès prématurés par an et d'économiser 2,45 billions de dollars pour l'économie mondiale, tout en faisant baisser le taux de criminalité.
Et ce n'est pas encore terminé
Cependant, les Nations unies rappellent que le parc automobile mondial ne cesse de croître : il y aura 1,2 milliard de nouveaux véhicules au cours des prochaines décennies, et nombre d'entre eux continueront de polluer l'air, l'eau et le sol. Aujourd'hui déjà, selon l'ONU, le secteur des transports est responsable à lui seul de près d'un quart des émissions de gaz à effet de serre et pourrait atteindre un tiers d'ici 2050.
Certains pays ont déjà annoncé une "date butoir" pour les moteurs thermiques. L'Europe a déjà acté la fin des moteurs thermiques pour 2035. Et si le plomb est désormais interdit dans l'essence, il continue d'être présent dans bien d'autres éléments, comme les peintures, les batteries et de nombreux produits ménagers.
La prochaine étape sera "une transition accélérée vers des véhicules propres et la mobilité électrique", a expliqué Inger Andersen, directrice exécutive du PNUE, qui a qualifié la fin de l'essence au plomb "d'étape importante pour la santé mondiale et notre environnement".