Replacez-vous tout d’abord dans le contexte : en 1997, le gazole était essentiellement associé à l’idée d’une consommation réduite, tandis que l’essence plombée faisait encore les beaux jours des stations-service…

Pourtant, le CNRS (Centre national de la recherche scientifique) avait placé sous sa loupe les différents effets du diesel. L’étude se voulait ambitieuse et son verdict était alors sans appel : le gazole était clairement dans l’œil du cyclone, puisque considéré dangereux et placé dans les mains du Ministère de la Santé publique, ni plus, ni moins. Dans ses conclusions, le CNRS préconisait l’emploi d’un filtre pour chaque motorisation diesel, mais il n’en fut rien.

Que s’est-il bien passé pour qu’un tel rapport passe inaperçu ? Visiblement, un communiqué de presse avait bien été publié. Le journal Le Monde, qui a mis la main sur ce rapport de 245 pages intitulé "Diesel et Santé", précise que l’étude n’avait guère suscité plus d’émoi du côté des pouvoirs publics. Pire, il aurait été enterré par le Ministère de la Recherche, qui l’aurait jugé dangereux… pour le secteur automobile français, alors 100% concentré sur le développement du marché du diesel. Le dossier aurait alors été "égaré", à tel point que Le Monde aurait mis 5 ans avant de pouvoir en obtenir la copie… Incroyable, mais vrai.

Alors qu’il a finalement fallu attendre 2013 pour que l’OMS décide de classer les émissions des moteurs diesel comme étant cancérogènes, le constat identique aurait donc été posé par le CNRS 16 ans plus tôt. Dès 1997, il démontrait en effet que, sans filtre à particules, le diesel pouvait provoquer des dommages à l’ADN…