Un projet titanesque d’usine de production de batteries électriques crée la zizanie en Hongrie. Le site, en cours de construction, est fortement soutenu par le premier ministre hongrois Viktor Orban, qui souhaite faire du pays le deuxième plus grand producteur européen de batteries électriques derrière l’Allemagne d’ici 2030. Au total, plus de 20 projets sont dans les tuyaux, un des symboles des "Orbanomics", une stratégie mise en place après le retour au pouvoir du dirigeant en 2010.
Mais le plan de l’usine de batteries automobiles en particulier fait l’objet de vives contestations, qui ont encore rassemblé plusieurs centaines de personnes ce week-end. Il devrait être le plus important d’Europe, ce qui est loin de plaire à la population locale, en dépit du bassin d’emplois directs que constitue déjà le site avec sa construction et le potentiel qu’il offre pour son exploitation.
Les manifestations se succèdent contre ce projet, qui industrialise toujours plus un territoire devenu l’un des lieux privilégiés des plateformes logistiques ou de production massive, non sans un impact environnemental certain. Les marques de luxe allemandes Audi et Mercedes y ont déjà élu domicile et reconvertissent actuellement leurs lignes d'assemblage à l'électrique. Leur compatriote BMW s'y installe aussi avec un investissement de deux milliards d'euros.
Le Premier ministre nationaliste, qui courtise depuis des années (avec succès) les acteurs automobiles grâce à des ristournes fiscales et aux salaires maintenus très bas, n'est pas habitué à pareille résistance autour d’un projet comme celui mené par la firme chinoise CATL, estimé à 7,3 milliards d’euro.
Cette méga-usine s’annonce comme un projet de construction de trois ans, pouvant à terme fournir des batteries lithium-ion pour jusqu’à deux millions de véhicules par an : une capacité qui surpasse absolument tout ce qui existe jusqu’à présent en Europe.
Bien entendu, un tel projet n’a pas comme seule production des batteries permettant un discours progressiste pour mouvoir des véhicules électriques sans émissions. Le site sera extrêmement client de ressources naturelles et d’énergie, et rejettera des substances toxiques dans les sols et les nappes phréatiques, préviennent les associations écologistes.
Plus globalement, il est reproché par une partie de la population hongroise au gouvernement Orban de transformer le sol national en usine à la solde des capitaux étrangers. Parmi les autres projets fortement soutenus par le Premier Ministre, figure un site monumental de production du géant sud-coréen Samsung, au nord de Budapest.