La semaine passée, le gouvernement a incité les stations-service à vendre leurs carburants à perte. Les grands fournisseurs ont rapidement répondu par la négative à cette proposition, préférant lancer de leur propre chef des opérations "carburant à prix coûtant".

C'est dans cette optique que Michel Édouard Leclerc, président du groupe éponyme, a présenté le plan mis en place dans les stations-service de l'enseigne.  

"L’opération carburant à prix coutant va commencer à partir de la Saint-Michel et se terminera à la Saint-Sylvestre (du 29 septembre au 31 décembre)", a déclaré Michel Édouard Leclerc au micro de France Info. Il a cependant ajouté que la date du 31 décembre n’était qu’une simple référence et pas une date butoir. "C’est un choix qui a été fait avec nos adhérents, ce ne sont pas les pouvoirs publics qui nous ont imposé cette décision. Nous avons proposé à Madame Borne de le faire, non pas chaque week-end, mais tous les jours. Beaucoup de salariés nous ont dit que c’était bien gentil de le faire les week-ends, mais certaines personnes travaillent le week-end. Ça évite que tout le monde se presse le samedi à la pompe."

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Un à deux euros de baisse sur un plein d'essence

Cette économie peut paraitre dérisoire, cependant elle s'inscrit dans le plan de la marque Leclerc de considérer les carburants comme les autres produits utiles à la vie de tous les jours.

"Notre marge est de 2 à 3 % donc c’est un gain de 2 à 6 centimes au litre, ça peut sembler peu, mais le public se déplace pour de tels écarts … ça revient à un ou deux euros pour un plein. C’est une manière de dire que l’on considère le carburant comme l’alimentaire, comme toutes ces dépenses contraintes qui frappent les Français. On veut lutter contre l’inflation."

Toutefois, cette opération "carburant à prix coûtant" aura un réel impact sur les résultats de l'enseigne. Cependant, Michel Édouard Leclerc rappelle que cette baisse à la pompe pourrait attirer plus de monde dans ses magasins, permettant à la marque de poursuivre ses baisses de prix.

"Ça ne nous mettra pas dans le rouge, sur 700 stations d’hyper marché il y a 50 à 60 stations pour qui c’est difficile. J’insiste sur le fait que c’est un vrai effort, car certaines disent ‘oui, mais vous c’est du prix d’appel …’ Nous, le carburant c’est 10 milliards de chiffre d’affaires par an, donc quand on bouge les centimes ça fait tout de suite exploser les compteurs", a ajouté Michel Édouard Leclerc.

"On cartonne depuis le début de l’année, car on vend moins cher, et comme ça marche bien on a un 1,5 million de nouveaux clients, donc c’est un cycle vertueux, plus on a de nouveaux clients, plus on baisse nos prix. On n’est pas moins cher juste une fois, nous faisons la course en tête, et depuis de nombreux mois."

L'État et les raffineurs vont eux aussi devoir faire des efforts

Si le premier geste à la pompe vient des grands fournisseurs, ces derniers attendent également que les raffineurs baissent leurs prix. Enfin il lance à son tour une subtile perche au gouvernement, afin que ce dernier revoie son système de taxe sur les carburants.

"Le prix coutant ne veut pas dire ‘pas de baisse’, mais en réalité ; pas de marge et pas de profit. C’est presque de la vente à perte. Le prochain effort devra venir des raffineurs. Pour une raison économique, car ce sont eux les plus chers. Quand on regarde Leclerc, système U et autres, nous sommes aux alentours des 1,93 € au litre alors que Total est à 1,99. Donc pour le moment, ils sont au-dessus. Ça va leur couter quelques millions, mais pas des milliards. Il faut qu’ils le fassent … On ira les chercher. C’est un effort qui doit être collectif. Sur le carburant, il y a 60% de taxes, si à l'avenir il y avait des enjeux géopolitiques, il faudrait revoir le dispositif et alors l’État serait obligé de revoir sa doxa", a conclu le dirigeant de la marque Leclerc.