Pays le plus pauvre d'Amérique du Sud, la Bolivie est assise sur les réserves de lithium les plus importantes au monde. Alors que ce métal - élément incontournable de fabrication des batteries des voitures électriques, notamment en raison de sa légèreté et de sa forte densité énergétique – voit son cours grimper en flèche, le gouvernement d'Evo Morales a les cartes en main pour capitaliser sur cette richesse.
Concentrées sur l'immense désert de sel de Uyuni, au sud-est du pays – une zone traversée par les deux dernières éditions du Rallye Dakar -, cette zone est le centre d'attention de nombreux industriels et acteurs du secteur automobile, mais également, et surtout, du gouvernement bolivien.
Des conditions bien précises pour les investisseurs étrangers
Alors que plusieurs groupes industriels étrangers ont tenté de se rapprocher des instances dirigeantes de la Bolivie pour envisager un partenariat en ce qui concerne l'extraction et la fourniture du lithium, Evo Morales a choisi de mener sa barque seule, et de ne confier l'exploitation du lithium qu'à une entreprise locale, et d'état - la GNRE -, laissant la portes ouvertes à d'éventuels investisseurs étrangers, à la condition que leur implantation dans le pays s'accompagne de l'installation d'une usine d'assemblage de batterie lithium-ion dans le pays à l'image des installations de Tesla (photo) en la matière. Autres conditions imposées par Morales : la participation majoritaire de la Bolivie sur ces sites de transformation, ainsi qu'un transfert de compétences vers les techniciens boliviens.
Pour l'heure, et après notamment le départ du groupe Bolloré des discussions avec le pays, la Bolivie entend donc s'attaquer seule à "son" lithium. Mais le manque de compétence, et d'investissements suffisamment importants, ont maintenu jusqu'ici l'exploitation du "pétrole blanc" à l'état embryonnaire, avec un seul site "pilote" chargé d'extraire le lithium du Salar d'Uyuni.
La tâche est-elle trop lourde pour la Bolivie ? De nombreux experts critiquent le caractère obsolète du mode d'extraction du lithium par les techniciens locaux, avec un procédé consistant à laisser évaporer les saumures dans d'immenses piscines, qui apporte certes le résultat escompté, à savoir l'extraction du matériau précieux, mais qui se révèle surtout extrêmement lent, en tout cas de loin insuffisamment productif pour espérer satisfaire une demande mondiale de plus en plus élevée.
Première livraison à la Chine
Pendant ce temps, les voisins de la Bolivie, qui disposent certes de ressources potentielles bien moins conséquentes en lithium, ont déjà passé la vitesse supérieure et affichent d'ores et déjà une longueur d'avance. Le Chili, tout comme l'Argentine, font en effet appel à des entreprises privées pour l'exploitation de leurs réserves.
Mais la Bolivie demeure sûre de son fait, et poursuit dans sa démarche "nationale" pour l'exploitation de "son" lithium. À la mi-août, le pays a envoyé par bateau sa première livraison de lithium à la Chine. Une transaction avant tout symbolique, et qui constitue moins un signe d'une vraie accélération de l'exploitation du lithium bolivien.