Sur les 250'000 Yamaha MT vendues depuis six ans en Europe, la moitié ont été des MT-07. Mieux encore, la MT-07 représente plus d'un tiers des roadsters vendus avec 38 % de parts de marché. Sacrée réussite pour ce modèle, y compris en France, qui reste le premier marché européen pour la MT-07. Depuis 2015, 38'000 modèles se sont déjà écoulés dans l'Hexagone, dont 63 % en A2 et une majorité de conducteur de moins de 34 ans.
Pas besoin d'aller plus loin pour comprendre que la MT-07 est la meilleure amie des jeunes motards, avec un côté fun exacerbé, un moteur rond et plein à tous les régimes, et un confort d'utilisation de bon niveau pour un roadster. En bref, cette moto est polyvalente et c'est ça que les clients apprécient. Depuis ses débuts, la MT-07 a déjà eu le droit à un lifting en 2018 avec quelques ajustements esthétiques et des suspensions revues.

Le regard qui tue ?
Pour ce millésime 2021, les évolutions sont un peu plus visibles encore, notamment avec cette nouvelle optique avant qui lui donne un côté encore plus agressif, mais qui rend cette moto aussi un peu plus clivante. Ce petit côté cyclope sur deux roues lui permet d'être identifiable au premier coup d'œil. Cela lui donne même un petit côté avant-gardiste que certains trouveront fort sympathique. D'autres un peu moins.
L'optique, ce n'est pas le seul changement esthétique de cette MT-07. Vous la trouvez plus trapue ? C'est normal, le réservoir (14 litres) a été élargi et s'étire vers la fourche, avec des entrées d'air factices qui font leur apparition, un peu à l'image de ce que nous avons l'habitude de voir en automobile. Les flancs de la moto se parent également de plaques texturées pour une meilleure zone de préhension au niveau des genoux. Exit également les ampoules des clignotants, place enfin à des LED.

Une moto pour tous les gabarits ?
En dehors de ça, l'assise n'a pas bougé avec une hauteur de selle de 805 millimètres (option selle haute + 28 millimètres). Un conducteur d'environ 1,80 mètre se sentira parfaitement à l'aise, et même les plus grands profiteront de quelques évolutions bienvenues comme l'élargissement du guidon de 30 millimètres pour un total de 693 millimètres. Il est aussi maintenant plus haut de 12 millimètres et reculé vers le pilote de 10 millimètres.
La position de conduite est idéale pour un roadster, avec un buste toujours légèrement incliné vers l'avant. Pour ceux voulant prendre un peu de hauteur, tout en gardant les avantages de la MT-07, la nouvelle Yamaha Tracer 700 peut aussi être un excellent compromis. L'assise pour le passager est étroite mais plutôt confortable, on regrette cependant l'absence de poignées de maintien.
Concernant le bloc d'instrumentation, il est repris de la nouvelle Tracer 700. C'est simple et efficace, il n'y a pas de modes de conduite et d'assistances à activer ou désactiver. Nous avons l'indicateur de rapport engagé à droite, la jauge à carburant à gauche et l'odomètre entre les deux. Un poussoir permet de faire varier les informations en affichant, par exemple, la consommation instantanée ou encore la température d'huile.

Une mise à jour Euro 5 quasi imperceptible
Le moteur, nous le connaissons déjà bien puisqu'il s'agit du fameux bi-cylindre parallèle qui anime déjà, avec un certain succès, les Tracer 700 et autres Ténérée. Derrière le guidon, évidemment, on ne ressent pas de grosses différences, même pas la perte du cheval et demi puisque le bloc passe de 75 à 73,4 chevaux. De son côté, le couple passe de 68 à 67 Nm. Comme énoncé plus haut, la moto se veut simple et sans artifice, il n'y a donc pas de mode de conduite ni de contrôle de traction.
Rassurez-vous, le CP2 est toujours aussi polyvalent avec une belle souplesse à bas régime et des reprises sous les 3000 tr/min sans le moindre à-coup. Les accélérations sont rondes et assez vigoureuses, et peuvent carrément devenir bestiales une fois la poignée de droite tirée à son maximum. Nous avons noté quelques vibrations, mais celles-ci ne sont en aucun cas gênantes, on ressent un peu de caractère moteur et ça ne fait pas de mal, surtout au vu de ce qui nous attend ces prochaines années.
Justement, avec la norme Euro 5, nous avons déjà un bel exemple de ce à quoi nous aurons le droit. La mécanique souffle dans un ensemble catalyseur-échappement œuvrant dès les collecteurs, ce nouvel élément étant dissimulé via un petit cache en acier inoxydable. Ça joue évidemment au niveau du bruit avec un ensemble un peu plus étouffé, et les modèles avec l'échappement Akrapovič (en option à 1599 euros) présents lors de notre journée d'essai sonnent légèrement mieux. Mais est-ce que cela justifie vraiment une telle rallonge financière ? Pas vraiment, la différence n'est pas assez marquée. Du moins avec la chicane.

À l'assaut des routes du sud de la France
Après ces quelques détails techniques, il est temps de prendre la route, au départ de Marseille, pour se rendre dans l'arrière-pays et plus précisément jusqu'au col de l'Espigoulier en passant par la Route des Crêtes. Malgré un léger mistral qui souffle le jour de notre essai, la route est ouverte. Pas de chance pour nous, il a légèrement plu la nuit qui a précédé notre essai. De ce fait, nous évoluerons sur du gras-mouillé pratiquement toute la journée, le soleil étant aux abonnés absents comme en témoignent les photos.
Une fois en selle, on apprécie toujours autant la position de conduite et surtout la légèreté de la moto avec seulement 184 kilos entre les mains et les jambes. Les premiers tours de roue en ville permettent de se rendre compte que cette "nouvelle" Yam' conserve tous les atouts de l'ancienne avec un moteur rond et vigoureux et une belle homogénéité à bas régime. Sur le quatrième rapport à 40 km/h et sous les 2000 tr/min, ça ne vibre quasiment pas et ça reprend aussi sec au moindre effleurement de la poignée des gaz.

Marseille dans le rétroviseur, il est temps d'aller arpenter les quelques départementales sinueuses que nous offre notre beau pays. Le twin prend rapidement ses tours avec vigueur et sans inertie. Il devient même explosif une fois passé les 4000 tr/min. La plage d'utilisation est très large, de quoi rester sur les rapports intermédiaires quasiment tout le temps, en oscillant entre la trois et la quatre. Jugée trop souple à ses débuts, la MT-07 a vu ses amortisseurs se raffermirent avec l'âge. La MT-07 devient plus sportive, sans détériorer son confort. Contrat rempli.
La MT-07 enchaîne les virages sans difficulté et brille par son agilité, tout en offrant un niveau de grip supplémentaire grâce aux nouveaux pneus Michelin Road 5 qui offrent plus d'adhérence que les Bridgestone BT 023 sortants. Cette nouvelle monte n'enlève pas le côté amusant de la MT et sa fameuse petite dérive du pneu arrière sur un rétrogradage savamment mal dosé avec une lichette de frein arrière. Merci aussi à la route légèrement grasse cela dit. En sortie de courbe, les 67 Nm tractent parfaitement notre meule et le dosage précis de l'accélérateur permet d'avoir une vraie connexion entre l'engin et l'anthropoïde au guidon.
Pour ceux qui maîtrisent l'art du levage de la roue avant, c'est-à-dire tout l'inverse de votre serviteur, la moto cabre à chaque remise de gaz un peu trop ambitieuse, notamment en sortie de courbe. Pour calmer nos ardeurs, la MT-07 millésime 2021 se dote des disques de la MT-09 (298 millimètres de diamètre) et freine légèrement mieux que l'ancienne. L'ancienne qui brillait déjà par son freinage. Les étriers avant affichent une progressivité et une puissance sans égal, le tout jumelé à un ABS.

Le mot de la fin
En termes de consommations, même si pas mal de motards n'en ont que faire, sachez que nous avons relevé environ 5,5 l/100 kilomètres sur la centaine de kilomètres de notre parcours, à allure moyennement raisonnable. Ça nous donne environ 250 kilomètres d'autonomie, ce qui n'est pas mal pour une moto à la fois économique et sportive. En parlant d'économie, le prix de la MT-07 de base grimpe de 200 euros par rapport à l'ancienne version et débute à partir de 7299 euros.
La Yamaha MT-07 restera-t-elle donc la reine des roadsters en 2021 ? Il y a des chances, même si, au vu des différents commentaires au sujet de son nouveau look, elle pourrait donner envie à certains d'aller voir ailleurs. Et à l'inverse, d'autres à se tourner vers elle. Mais attention, ailleurs il y a du choix, et même de plus en plus de choix. Triumph Trident 660 (7995 euros), Honda CB650R et son allure délicatement néo-rétro (8249 euros), Kawasaki Z650 (7299 euros) et autres Suzuki SV 650 (6599 euros), il y a de quoi trouver son bonheur.
Points positifs | Points négatifs |
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Toujours aussi dynamique | Nouveau look clivant |
Un roadster aussi pour les grands gabarits | Détails de finition au niveau des commandes |
Nouvelle monte pneumatique | Sonorité un poil trop discrète |
Galerie: Essai Yamaha MT-07 (2021)
Yamaha MT-07