Le Général de Gaulle a toujours eu un petit faible pour la marque aux chevrons, et ce avant même qu’il ne devienne Président de la République. Une préférence qui, en 1962, se voit confortée lorsqu’il est victime d’un attentat manqué. Les qualités de sa DS, qui a pu rouler avec des pneus crevés, couplées au sang-froid de son chauffeur, lui ont permis d’en réchapper indemne. Sans surprise, le Général demeurera accro à Citroën jusqu’à la fin de ses jours. Fidèle à sa DS d’usine et refusant de se déplacer dans une voiture blindée afin d’être au plus proche du peuple, il passe néanmoins commande d’une limousine présidentielle en 1962. Seule exigence : que celle-ci soit plus longue que celle de son homologue américain, John F. Kennedy…
C’est le carrossier Chapron qui est chargé d’élaborer le modèle. L’opération lui demandera non moins de six années ! Ce n’est donc qu’en 1968 que le grand public découvre une DS21 de 6,53 m de longueur, modèle qui n’a plus grand chose de commun avec la DS d’origine. Pavillon trop haut (les 1,96 m du Général n’y sont pas pour rien), face arrière tronquée et ailes avant disproportionnées, le résultat à de quoi laisser perplexe.
Les designers Opron et Dargent se permettront de nombreuses excentricités lors de la conception de cette berline. Ils iront ainsi jusqu’à modifier le logo Citroën qu’il n’hésiteront pas à plaquer d’or ! Yvonne de Gaulle, l’épouse du Président, est également mise à contribution. Elle opte pour une teinte grise bi-ton tandis que l’habitacle se voit tendu de cuir et de boiseries rares. Un bar, un réfrigérateur, des liseuses et un bureau pliable font également partie de l’équipement embarqué.
Sous le capot, cette DS présidentielle est dotée du bloc de la DS21 (un 2.175 cm3 essence de 109 ch), couplé à une boîte mécanique et à un refroidissement modifié afin de permettre au véhicule de circuler à basse allure lors de visites officielles. L’engin peut néanmoins pointer jusqu’à 130 km/h ! Livrée à l’Elysée en 1968, cette DS présidentielle ne servit que très rarement. Le Général de Gaulle n’y monta que trois fois, rebuté par la séparation avec le chauffeur, avec qui il aimait papoter. Georges Pompidou n’en fit pas davantage durant son mandat. La voiture quitte donc rapidement l’Elysée pour rejoindre le garage d’un collectionneur. Elle est aujourd’hui la propriété de Citroën Héritage.