Doit-on encore vous rappeler qu'au 1er juillet prochain, la vitesse maximale autorisée sur les routes secondaires à double sens et sans séparateur passera de 90 à 80 km/h, partout en France ?
Doit-on par ailleurs encore vous apprendre la mesure phare du gouvernement en matière de mobilité fait couler beaucoup d'encre ? Et cela n'est certainement pas terminé, car ce sont à présent les coûts de l'opération qui posent question.
À l'heure où le rapport d'expérimentation pose toujours autant question et où certains départements, à l'instar de la Corrèze, continuent de s'interroger sur le bien-fondé de la mesure présentée en janvier dernier par le Premier ministre, nombreux sont les journalistes à se questionner, au-delà du fond, sur la forme de cette décision et sur ses implications. Combien va coûter l'opération, et qui va la financer ?

La version officielle apportée par Édouard Philippe est claire : l'État va délier les cordons de sa bourse sans solliciter les départements, qui gèrent pourtant près de 380'000 km de tronçons routiers concernés, sur un total avoisinant les 410'000 km.
Cela représente plus de 20'000 panneaux de signalisation à travers la France, panneaux qui comportent aujourd'hui le nombre 90 et qu'il faut donc remplacer. Si vous vous disiez jusqu'à présent qu'une telle opération ne devait pas représenter un budget si conséquent que cela, vous allez sans doute changer d'avis.
Officiellement, le coût de cette opération est de fait estimé entre 5 et 10 millions d'euros... Un montant énorme, mais également très imprécis. Pourquoi ? Car l'évaluation de cette enveloppe a été réalisée sur base du remplacement des panneaux de signalisation. Or, l'État est parfaitement conscient que d'autres coûts vont venir s'ajouter et, à l'heure où la mesure a été annoncée, aucune évaluation précise de ces coûts supplémentaires n'avait été réalisée...

De quoi s'agit-il au juste ? De la modification des autres signalements ainsi que des conséquences pratiques du changement de vitesse. Comprenez : la signalisation à même le sol doit être également être changée en de nombreux endroits, qu'il s'agisse de l'indication de la limitation de vitesse elle-même ou du tracé des lignes continues, qui vont être amenées à diminuer en même temps que la vitesse.
Par conséquent, le coût total de la mise en place de cette mesure sera à coup sûr bien plus proche des 10 millions que des 5 millions d'euros. Tout cela pour une mesure qui, selon le rapport d'expérimentation dévoilé, n'a aucune certitude d'entraîner une baisse significative du nombre de tués sur nos routes.
Pour rappel, l'abaissement de 10 km/h de la vitesse maximale autorisée a pour objectif officiel de sauver entre 350 et 400 vies de plus par année. La mesure qui prendra cours le 1er juillet prochain sera évaluée après deux ans, soit en juillet 2020. Mais si les chiffres sont déjà manipulés ces derniers mois, pourquoi ne le seraient-ils pas une nouvelle fois dans 28 mois...