À l'origine de plusieurs controverses l'année dernière, comme leur légalité ou un éventuel favoritisme dans l'attribution du marché, les radars embarqués ont toutefois fait leurs débuts dans la région Normandie, où ils ont été envoyés sur les routes de la région, exploités par des sociétés privées chargées de rouler en respectant les limitations de vitesse afin de repérer les contrevenants qui seraient en excès de vitesse.
Un procédé contesté qui avait même poussé la maire d'une commune de Seine-Maritime à demander leur interdiction. Une décision qu'elle ne devra finalement pas appuyer, puisque les voitures-radar devraient bientôt être de l'histoire ancienne. Le préfet de la Manche a en effet expliqué que malgré l'augmentation des infractions pour excès de vitesse dans son département, ces fameux radars embarqués ne flashent toujours pas beaucoup les automobilistes.
"Ces voitures ont été mises en service à l’automne dernier", rappelle le préfet, qui cite ensuite des chiffres bien en deçà des prévisions, et surtout du seuil de rentabilité de ces fameux radars. "Le nombre d’infractions relevées a nettement progressé depuis le début de l’année 2019 : 433 en janvier sur 198 sections de route, 382 en février sur 150 sections de route, puis diminué en mars avec 258 infractions sur 164 sections de route."
Des radars qui ne suivent pas la tendance
En parallèle, le département a constaté une augmentation de 54,4 % des excès de vitesse sur la période allant de janvier à avril 2019, par rapport à la même, un an auparavant. Ce sont 39'888 faits qui ont été relevés en quatre mois contre 25'831 à la même période l'année précédente. Cela montrerait donc une certaine inefficacité de ces dispositifs embarqués, qui ont en plus connu des débuts difficiles. D'abord expérimentés dans l'Eure et en Seine-Maritime au printemps 2018, ils ont été étendus à la Normandie en septembre dernier mais des problèmes techniques ont finalement empêchés qu'ils soient aussi expérimentés en Bretagne, Pays de Loire et Centre Loire, où des appels d'offres étaient pourtant prévus.
Le mouvement des gilets jaunes avait poussé le gouvernement, par la voix du délégué interministériel à la Sécurité Routière, Emmanuel Barbe, à expliquer que "le contexte n'était pas favorable" à l'introduction nationale de ce dispositif. Mais l'autre gros problème, outre la crainte politique, se situe sur le plan économique. En effet, cette flotte ayant coûté 3 millions d'euros ne deviendrait rentable que si elle parvenait à révéler environ 260 infractions chaque jour, alors qu'elle a difficilement dépassé 10 infractions signales par jour. Dès lors, le projet devrait bientôt être officiellement enterré, avant que d'autres dépenses ne soient engagées.