Observée en essais depuis plusieurs semaines, et parée d'un épais camouflage pour nous empêcher d'en voir les dessous et les détails, la nouvelle supercar de Ferrari attirait notre œil autant qu'elle attisait notre curiosité. La raison à cela, c'est qu'il semblait évident qu'il s'agissait là de la première voiture au Cheval cabré à embarquer une technologie hybride depuis l'hypercar LaFerrari, sortie il y a déjà six ans.

Une évidence qui se confirme aujourd'hui avec la présentation de la Ferrari SF90 Stradale, la Ferrari la plus puissante de l'histoire, et la première à embarquer une technologie hybride rechargeable. Les fans de Formule 1 auront immédiatement reconnu un nom qui leur est familier, puisque la SF90 est la monoplace engagée cette année par la Scuderia et confiée à Sebastian Vettel et Charles Leclerc. Et si la nouvelle supercar prend le nom d'une monoplace de F1, c'est justement pour célébrer les 90 ans de la Scuderia Ferrari.

Ferrari SF90 Stradale

Un anniversaire qui tombe parfaitement et permet à Ferrari de le fêter avec une grande nouveauté, sous forme d'un premier modèle PHEV (Plug-In Hybrid Electric Vehicle). Une voiture décrite comme "extrême" par Ferrari, qui rappelle le "fort lien qui a toujours existé entre les Ferrari de piste et de route", et qui permet à la marque d'appliquer "immédiatement les connaissances et les capacités acquises en compétition à ses voitures de route".

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Des performances moteur dignes de la F1

On ne vous fera pas plus attendre pour rentrer dans les détails de ce qui se passe sous la carrosserie de cette SF90 Stradale. Celle-ci embarque le V8 3.9 litres italien, élu récemment meilleur moteur de l'année 2018, dont la puissance est portée à 780 chevaux. Un record pour celui qui développait 720 chevaux dans la Ferrari F8 Tributo, présentée en mars dernier lors du Salon de Genève. Pour soutenir ce bloc déjà puissant, on trouve trois moteurs électriques développant un total de 220 chevaux, portant la puissance totale de la SF90 Stradale à 1000 chevaux !

Un de ces moteurs électriques est un MGU-K (Motor Generator Unit, Kinetic), sur le même principe qu'en Formule 1, c'est-à-dire qu'il récupère l'énergie cinétique non-utilisée pour la transformer en puissance. La particularité de celui que l'on retrouve dans l'Italienne est qu'il est installé entre le moteur et la transmission, à hauteur de l'essieu arrière. Les deux autres moteurs électriques sont situés sur les roues avant et sont les seuls à être actifs lorsque la voiture roule en mode eDrive, c'est-à-dire 100 % électrique. Elle peut accomplir jusqu'à 25 km/h et monter jusqu'à une vitesse maximale de 135 km/h sans intervention du moteur thermique.

Parmi les autres choix d'utilisation du moteur, que l'on peut aisément changer via un sélecteur sur le volant, on trouve le mode Hybrid, celui choisi par défaut au démarrage de la voiture, et dans lequel la puissance fluctue pour optimiser l'efficience du système. Le système de contrôle choisit lui-même s'il fait tourner le V8 ou s'il le coupe au profit des générateurs électriques, mais accepte de donner le maximum de performance si besoin. Le mode Performance ne coupe jamais le moteur thermique afin de recharger constamment la batterie de 7,9 kWh et permet une disponibilité constante de la puissance maximale. Enfin, le mode Qualify donne la priorité à la performance et permet à la voiture de développer et utiliser constamment les 1000 chevaux.

Ferrari SF90 Stradale
Ferrari SF90 Stradale

Un concentré de technologies

Du côté de la boîte de vitesses, le changement est également radical grâce à une transmission à huit rapports et à double embrayage. Le nouvel étagement et l'efficacité améliorée de la transmission permet de réduire nettement la consommation en usage sur route (-8 % en cycle WLTP) tout en améliorant sensiblement l'efficacité en utilisation piste. Ferrari a travaillé sur le poids de la boîte de vitesses avec un gain de sept kilos, porté à dix kilos en éliminant la marche arrière. En effet, celle-ci est désormais gérée électriquement en mode eDrive et peut être sélectionnée sur la console centrale, où le levier a fait place à trois petit switchs permettant de choisir le mode de la transmission.

Parmi les autres technologies novatrices, on retrouve un dispositif de contrôle de stabilité nommé eSSC, qui permet de gérer sans arrêt la distribution de couple aux roues, dans n'importe quelle situation. Le système eTC (Electronic Traction Control) optimise la disponibilité du couple du V8 et des moteurs électriques afin de mieux répartir le couple aux quatre roues dans n'importe quel type de conduite. Le contrôle des freins brake-by-wire avec ABS permet de séparer l'énergie générée au freinage entre le système hydraulique des freins et les moteurs électriques afin d'obtenir une meilleure régénération, mais aussi de booster la performance et la sensation sur la pédale. Enfin, le Torque Vectoring permet de répartir le couple entre les roues dans les virages pour augmenter la performance et la confiance au volant.

Ferrari SF90 Stradale
Ferrari SF90 Stradale

Le nouveau châssis et la combinaison de divers matériaux permet une meilleure rigidité du châssis sans en augmenter le poids. Malgré les 270 kilos de supplément causés par le système hybride et son intégration, la SF90 Stradale ne pèse que 1570 kilos, lui conférant un ratio poids / puissance de 1.57 kg/ch, un record pour une voiture de série. On le voit à son design racé, l'aérodynamique de la Ferrari a été intégralement repensée et peut produire 390 kilos d'appui à 250 km/h. Un résultat impressionnant puisque le constructeur a dû composer avec les obligations liées au refroidissement du moteur thermique, généré par les larges entrées d'air sur le côté, mais aussi des moteurs électriques. Pour augmenter son efficacité, Ferrari a également utilisé un design de jantes qui permet de souffler l'air, à l'image de ce qui est fait en F1.

Un design pensé pour la performance

Sur l'extérieur, on retrouve un design centré autour d'un habitacle incurvé, comme c'était déjà le cas sur la LaFerrari. La voiture a été travaillée pour parvenir à l'abaissement de son centre de gravité, et le dessin qui en résulte met en avant l'aspect trapu de la supercar. La vitre arrière a été séparée de la grille de refroidissement par deux larges panneaux de carrosserie. L'avant arbore des feux matriciels à LED qui forment un C avec les entrées d'air, tandis qu'à l'arrière, les feux ronds laissent leur place à des optiques aux proportions plus rectangulaires, pour donner un effet d'abaissement de la partie arrière.

Ferrari SF90 Stradale
Ferrari SF90 Stradale

À l'intérieur, Ferrari explique avoir adopté une approche futuriste destinée à poser les fondations de ce que seront les habitacles de toutes les futures voitures au Cheval cabré. Les contrôles sont tous centrés autour du volant et face au conducteur, qui peut profiter face à lui d'un écran HD de 16 pouces. La forme de la console est faite pour englober la personne au volant, à l'image de ce qui serait vécu dans une monoplace de F1.

Longtemps attendue, cette Ferrari hybride reprend avec légitimité le nom de la monoplace de l'équipe en F1. Car si elle partage notamment sa puissance de 1000 chevaux avec la monoplace de course, elle utilise de nombreuses technologies dérivées du summum de la compétition automobile. Avec une vitesse de pointe de 340 km/h et un 0 à 100 km/h abattu en 2,5 secondes, la SF90 Stradale se permet un clin d’œil supplémentaire à celle dont elle partage le patronyme, et rappelle une fois encore que Ferrari est une marque née au sein d'une équipe de course automobile.

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