Si l'électrification du parc automobile français est encore marginale, avec moins de 2 % des voitures électriques ou hybrides rechargeables dans l'Hexagone, celles-ci ne vont faire que se développer au fil des prochaines années, avec l'obligation pour les constructeurs de réduire leurs émissions polluantes, et la probable interdiction des véhicules thermiques à l'horizon 2030 ou 2040. Mais ces possibilités, qui seront encore plus radicales aux abords des villes, soulèvent un souci majeur pour l'État.
En effet, la fiscalité liée à l'automobile est aujourd'hui énorme, puisque la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE), comprise dans le prix des carburants actuellement, représente une rentrée d'argent de 37,7 milliards d'euros par an. L'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) a en effet indiqué dans un rapport récent que les conséquences de la diminution drastique de la consommation de carburant n'étaient pas encore calculées mais représenteraient un véritable problème pour les États s'appuyant massivement sur cette taxation.
L'OCDE préconise de s'éloigner de la taxation du carburant pour "repenser [la] politique fiscale sur le transport routier". Selon l'organisation, "l'amélioration de l'efficacité énergétique devrait réduire les recettes tirée des taxes sur les carburants dans de nombreux pays". C'est pourquoi elle recommande "de mettre davantage l'accent sur la taxation de l'utilisation des routes, en particulier par le biais des redevances de distance et l'instauration de péages urbains".
En effet, ce principe s'appuie sur le fait que les automobilistes continueront à parcourir les mêmes distances au quotidien, même sans consommer de carburant ou en réduisant drastiquement leur consommation. L'OCDE explique que ce changement de conception "permettrait d'établir une assiette fiscale stable et efficace à long terme dans le secteur du transport routier et constituerait un grand pas en avant dans l'utilisation des taxes pour réduire les coûts externes du transport routier".
Toutefois, et malgré les apports financiers de telles taxes qui constituent plus de 2 % du PIB de pays comme la Finlande, l'Italie ou la Grèce, l'institution rappelle que la fiscalité actuelle n'est pas en mesure de compenser les "pires effets secondaires du transport routier, notamment les émissions de gaz à effet de serre, la congestion, la pollution atmosphérique, les accidents de la route et l'usure des infrastructures". Dès lors, les idées de péages urbains notamment, pourraient être relancées plus vite que prévu.