La municipalité de Strasbourg a annoncé un plan d'interdiction des véhicules polluants en son centre-ville dans les cinq prochaines années. La finalité, ou en tous cas le résultat de cette réforme, est que la ville alsacienne interdira les voitures à moteur diesel dans ses rues en 2025, via une interdiction progressive des véhicules éligibles aux vignettes Crit'Air les moins strictes, avec une remontée progressive vers la Crit'Air 2, qui est la meilleure possible pour une voiture diesel.

C'est en effet l'objectif qu'avait la délibération entérinée cette semaine par le conseil municipal de la ville, qui a décidé de laisser encore une année sans restriction avant de commencer petit à petit à serrer la vis. En 2021, les véhicules non éligibles à une vignette Crit'Air ne pourront plus y accéder, avant que ces oit au tour des Crit'Air 5 en 2022. En 2023, les Crit'Air 4 perdront ce droit, puis les Crit'Air 3 en 2024, avant d'arriver à l'interdiction de toute vignette qui ne soit pas une Crit'Air 0 ou 1 en 2025.

En toute logique, cette décision d'accélérer la décision de cinq ans a fait des heureux, et l'adjointe au maire, Christel Kohler, explique ce choix : "On est dans une situation d’urgence sanitaire. Strasbourg a toujours été moteur en termes de mobilités douces. On doit passer à la vitesse supérieure sur le diesel". Le maire Roland Ries, quant à lui, s'est engagé à signer cet arrêté, malgré les craintes de voir son successeur "prendre un autre arrêté", à six mois des prochaines élections municipales.

Une décision qui va faire parler

Comme souvent, cette réaction a provoqué un tollé chez certains défenseurs de ce type de moteurs, à l'image de Didier Bockeller, président de l'Automobile Club Association : "La pollution des véhicules ne représente que 12 % de la pollution globale, alors pourquoi toujours taper sur les mêmes ? En plus, la qualité de l’air s’améliore dans les villes au fil des années", confirmant que le débat allait occuper une partie de l'espace politique de la ville dans les prochains mois.

Ce à quoi Thomas Bourdrel, président et fondateur du collectif Strasbourg Respire, a tenu à répondre : "C’est faux, la pollution est différente. Maintenant, nous avons beaucoup plus de nanoparticules. Les véhicules diesels récents produisent autant de dioxyde d’azote que les anciens et sont six à huit fois plus polluants que les moteurs essence. A Strasbourg, près d’une personne sur deux respire un air illégal, c’est-à-dire non-conforme aux normes européennes. La ville est sous la menace de sanctions européennes."

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