Une nouvelle pièce du puzzle de l'équipement du motard va-t-il devenir obligatoire ? C'est du moins sur ce chemin que s'engage un groupe de députés mené par Bernard Brochand (LR). L'initiative est plus que louable puisque lors des accidents, le corps du motard est livré en pâture à de nombreuses variables : voitures, bus, trottoirs et autres barrières de sécurité qui se transforment en guillotines avec la vitesse.
Le décret s'appuie sur une étude de la Mutuelle des motards selon laquelle "seuls 15 % des motards sont sensibles à la protection des jambes et des pieds. Et ce pourcentage est bien moindre dans de nombreuses régions touristiques où la chaleur estivale ne favorise pas le port d’équipements protégeant les parties inférieures du corps".
C'est donc ce qui semble être un petit pas dans la bonne direction, et normalement, la FFMC (la Fédération Française des Motards en Colère) est conciliante avec ce genre d'initiatives. Mais là, l'initiative ne passe pas, pourquoi ?
La FFMC a toujours été très portée sur l'éducation des motards, plutôt que leur répression. Alors quand un projet de loi se targue de vouloir rendre obligatoire un équipement, la fédération plisse les yeux et essaye de comprendre comment la pénalisation du non-port d'un équipement peut inciter les gens à porter volontairement cet équipement. Didier Renoux, chargé de la communication de la FFMC explique : "On ne sait pas d'où il sort, ces 15 % viennent de nulle part. Notre fédération a créée la Mutuelle des motards pour mieux protéger les utilisateurs de deux roues et si une étude avait évoqué ces 15 %, nous le saurions".
Cependant, Didier Renoux se rappelle d'une étude menée par la Mutuelle, mais avec un résultat tout à fait différent.
"Il y a quelques années, nous avons effectivement réalisé une enquête de sensibilisation sur les protections. Un sondage avait établi que 93% des motards portent des bottes pendant l'hiver et 88 % l'été. On est très loin de ces 15 % sensibles au port des bottes".
Ces 15 % viennent d'un vieux texte de loi, d'il y a 10 ans pour être tout à fait exact. Elle proposait de diminuer la TVA sur l'équipement moto afin de rendre l'équipement plus accessible. Et elle se basait sur un autre rapport de la Mutuelle des motards. Mais l'idée a été abandonnée et le nombre de motards en France a grandement évolué. Bref ce chiffre ne représente plus rien dans le monde du deux-roues en 2020.
La FFMC rabâche sans discontinuer qu'elle estime qu'une politique de sensibilisation est plus efficace que n'importe quelle amende.
"Coller des amendes ne convaincra pas cette minorité de personnes qui ne se protègent pas"
Alors pour faire comprendre à cette minorité l'importance de l'équipement, il faut leur expliquer les risque des chausses non renforcée. Il faut bien garder à l'esprit que le corps humain n'a jamais été conçu pour faire ce qu'il fait sur un deux-roues. Et qu'en cas de chute, il sera aussi fragile qu'une feuille de papier. Alors pour remédier à ça, l'équipement s'est développé. Pour rester sur le sujet des bottes, un bon équipement protège de la plupart des blessures qui risquent d'arriver (entorses diverses, facture du pied, fracture de la malléole, fracture des orteils, retournement de la voûte plantaire et la liste est longue). Mais comme le rappelle Didier Renoux , "ce décret, qui repose sur de la sensiblerie, a été visiblement rédigé par des gens qui n'y connaissent rien. Les motards savent ce qu'ils risquent en cas d'accidents et 9 sur 10 se protègent convenablement."
Et d'ajouter : "Au lieu de faire de la prévention et de l'éducation, ces députés proposent de coller des amendes aux motards qui vont encore se faire pruner bêtement parce que leurs bottes ne portent pas la bonne étiquette."
Un écho des vagues de verbalisation qui ont suivi l'entrée en vigueur de la loi sur les gants en 2016. Une verbalisation a hauteur de 68 euros ainsi que le retrait d'un point de permis. La FFMC rappel néanmoins que pour passer le permis il faut disposer d'un équipement complet.