C'était une annonce que l'on attendait déjà depuis quelques mois, depuis que Luca de Meo a pris les commandes du groupe Renault. Une prise de fonctions qui intervient dans un contexte difficile pour le Losange, avec deux dernières années compliquées, des résultats pas forcément au beau fixe et un scandale avec son ancien dirigeant, Carlos Ghosn. Sans oublier la profonde mutation du secteur automobile qui s'amorce avec l'électrification.

Après des semaines d'attente, le groupe Renault dévoile aujourd'hui son nouveau plan stratégique baptisé "Renaulution", un plan dont nous connaissions déjà les principaux contours, mais avec néanmoins quelques surprises, notamment en termes de produits avec quelques annonces fortes, comme le retour de la R5 sous la forme d'une voiture électrique ou encore un nouveau concept-car et une nouvelle identité pour Dacia.

Renault Group, le plan stratégique Renaulution

Objectif rentabilité

Deuxième constructeur mondial via son alliance avec Nissan et Mitsubishi, Renault doit maintenant s'engager à fond dans la transition écologique du secteur, devenir plus rentable, et s'adapter aux nouvelles habitudes de consommation des automobilistes. Transfuge du groupe Volkswagen et arrivé en juillet, le nouveau directeur général de Renault, a déjà annoncé que le groupe allait privilégier "la profitabilité aux volumes", c'est-à-dire vendre moins de voitures, mais les vendre plus cher.

Renault va produire moins, être plus économe et ne viser que les marchés rentables pour redresser ses marges, a annoncé le groupe jeudi dans le cadre de son plan "Renaulution". Le groupe va appliquer une "discipline stricte en matière de coûts", a annoncé le Losange dans un communiqué précédant sa conférence de presse. Le plan d'économies annoncé en mai, de plus de deux milliards d'euros sur trois ans et prévoyant quelque 15'000 suppressions de postes dans le monde,
est achevé "en avance". Il va être étendu à 2023 pour atteindre 2,5 milliards d'euros d'économies, avec un objectif de trois milliards d'euros d'économies d'ici à 2025.

Luca De Meo et Jean-Dominique Senard, président de Renault, en ont discuté lundi avec le ministre de l'Économie Bruno Le Maire et la ministre de l'Industrie Agnès Pannier-Runacher, l'État étant actionnaire du groupe. Le plan a aussi été présenté aux syndicats mercredi soir. "Monsieur De Meo veut donner du punch au groupe. L'objectif sera un meilleur cadrage des activités de chaque marque", a déclaré une source dans l'entreprise.

Renault Group, le plan stratégique Renaulution

Un plan produit vaste et ambitieux

Pionnier dans l'électrique avec la Zoé, Renault a multiplié les annonces ces derniers mois avec une Twingo électrique, la Dacia Spring, et le concept-car d'une future Mégane électrique. Le groupe a également dopé en 2020 son offre de véhicules hybrides et hybrides rechargeables. "En 2025, il n'y aura plus de moteurs thermiques seuls dans la gamme", a souligné Gilles Le Borgne, directeur de l'ingénierie du groupe Renault. Exit le diesel, qui souffre d'un "anathème" et pourrait être chassé des centres-villes : "On va garder une famille de moteurs essence, combinée avec nos chaînes de traction hybride".

Le groupe va également redimensionner sa capacité industrielle de quatre millions d'unités en 2019 à 3,1 millions d'unités en 2025. Il va rationaliser sa production, en passant de huit à quatre familles de moteurs et de six à trois plateformes. Le groupe vise désormais 3 % de marge opérationnelle d'ici 2023, avec une réduction des investissements de recherche de 10 % à 8 % du chiffre d'affaires, et 5 % de marge d'ici 2025. "Cette nouvelle organisation permettra de créer un portefeuille de produits rééquilibré et plus rentable avec 24 lancements d'ici 2025, dont la moitié dans les segments C et D, et au moins dix véhicules électriques".

Le groupe a précisé ses intentions pour ses quatre marques. Renault incarnera "la modernité et l'innovation" et tentera une "offensive" sur le segment des compactes. Le Losange se voit "leader dans l'électrification" en 2025, avec un gigantesque "électro pôle", "potentiellement dans le nord de la France". La moitié des lancements en Europe seront des véhicules électriques, avec aussi une grande offre en hybrides et des utilitaires à l'hydrogène.

Renault Group, le plan stratégique Renaulution

Alpine, Dacia, Lada et Mobilize au cœur du projet

Les marques économiques Dacia et Lada vont réduire leur gamme en passant de 18 types de carrosserie à 11. Sept modèles seront lancés d'ici 2025, dont deux s'attaqueront au segment des compactes. La marque Alpine, qui réunit les voitures Alpine, Renault Sport et les activités sportives du groupe, aura pour objectif d'être rentable en 2025. Elle lancera de nouveaux véhicules 100 % électriques basés sur les plateformes de l'Alliance Renault-Nissan, dont une nouvelle voiture de sport électrique avec la marque britannique Lotus.

Renault Group, le plan stratégique Renaulution
Renault Group, le plan stratégique Renaulution

Mobilize, la nouvelle marque de services de mobilité de Renault, proposera quatre véhicules adaptés : deux pour l'autopartage, un pour le service avec chauffeur, un pour la livraison. Mobilize vise à générer 20 % des revenus du groupe d'ici 2030, via des partenariats et des nouvelles solutions de financement comme l'abonnement.

Au niveau international, le groupe Renault va s'orienter "vers les marchés à fortes marges", notamment en Amérique latine, en Inde et en Corée, et renforcer sa présence en Espagne, au Maroc, en Roumanie, en Turquie et en Russie.

Galerie: Groupe Renault : le plan stratégique de la "Renaulution"

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