Sans doute l'avez vous déjà remarqué si vous voyagez un peu en voiture en France, au delà des limites de votre département : rares ne sont plus les routes secondaires qui sont repassées à 90 km/h ! Pour rappel, c'est le 1er juillet 2018 que les routes secondaires à double sens de circulation et sans terre-plein central sont passées officiellement à 80 km/h. Non sans un certain mécontentement à travers la France !
Un grogne des automobilistes et de certains élus à travers l'Hexagone qui avait eu pour conséquence de laisser le dernier mot aux départements, et de leur permettre de repasser à 90 km/h sur certaines zones. Et ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd car effectivement, nombreux sont les départements qui ont réaugmenté la vitesse à 90 km/h.
37 départements revenus en arrière
À tel point que l'on apprend à la faveur d'un rapport remis par le ministère de l'Intérieur que ce sont pas moins de 37 départements qui sont revenus en arrière sur les 80 km/h. Soit 33 428 km de route repassés à 90 km/h !
Parmi les arguments les plus repris pour le retour aux 90 km/h, il y a la fluidification du trafic, le fait de ne pas se retrouver à la même vitesse que les poids lourds, la volonté de marquer une différence avec les zones à 70 km/h...

Comme le fait remarquer le ministre de l'Intérieur dans son rapport, on remarque sur la carte de France des départements que ceux repassés à 90 km/h sont majoritairement dans le centre de la France, et avec une densité de population plus faible.
Casse-tête sur les routes
Au-delà de la simple satisfaction de contredire une disposition mise en place par le gouvernement, ce qui semblait motiver certains, c'est évidemment un casse-tête pour les automobilistes. Pour peux que vous habitiez à la lisière d'un département, et que vous passiez dans le département voisin, vous pouvez avoir deux règles différentes, 80 km/h dans l'un, 90 km/h dans l'autre. Comme entre la Mayenne repassée à 90 km/h sur certaines portions, et l'Ille-et-Vilaine conservant les 80 km/h. Pareil entre les Hautes-Alpes et les Alpes-de-Haute-Provence, ou entre l'Eure-et-Loire et l'Eure. Les exemples sont nombreux.
Le retour à 90 km/h n'étant également autorisé que sur certaines routes secondaires, c'est également un casse-tête dans un même département, avec une obligation de multiplier les panneaux signalétiques de vitesse maximale autorisée. Sans compter sur le fait qu'une départementale peut être repassée à 90 km/h, tandis que la nationale qui passe à côté, elle, reste contrainte aux 80 km/h.
En plus des 37 départements ayant déjà franchit le pas, d'autres seraient encore indécis, et d'autres seraient sur le point de revenir partiellement aux 90 km/h également. Comme le souligne Le Parisien dans son édition du 15 décembre 2021, à tel point que la France pourrait prochainement se retrouver dans une situation où la moitié des préfectures appliqueront une règle, l'autre moitié l'autre règle.
Clivage politique avant les présidentielles
Un clivage qui se veut aussi éminemment politique : selon Pierre Chasseray, délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes, la césure se ferait aussi en fonction du camp politique. Les départements plutôt à droite et au centre ont tendance à être pour le retour des 90 km/h, ceux à gauche et/ou écologistes restent en faveur des 80 km/h.
Un débat qui risque plus que jamais de revenir sur le tapis à quelques mois de l'élection présidentielle de 2022 !