Depuis 2011 et l'arrêt de la 159, Alfa Romeo n'occupait plus le segment des berlines. Un signe assez équivoque qui reflétait l'état de santé de la marque et celle du groupe auquel elle appartient par la même occasion. Mais quel dommage de laisser une tel constructeur aux abonnés absents dans un segment où il excellait à l'époque. Qu'à cela ne tienne, en 2016, Alfa Romeo commercialise enfin une nouvelle berline au nom plus qu'évocateur, puisqu'ils ont eu la très bonne idée de la nommer Giulia, en référence à son ancêtre éponyme de 1962.
Chargée de concurrencer les berlines premium stars du segment, à savoir les Audi A4, BMW Série 3 et Mercedes Classe C, Alfa Romeo mise gros sur sa nouvelle Giulia, fer de lance d'un renouveau que l'on espère fleurissant. Pour l'accompagner, Alfa Romeo a également lancé le Stelvio, un SUV que nous avons déjà pu prendre en main et qui a pu nous séduire aussi par la même occasion. Concernant la Giulia, plusieurs versions sont proposées au catalogue, dont cette fabuleuse édition Quadrifoglio, reine du Nürburgring dans sa catégorie à l'heure où nous écrivons ces quelques lignes. En dessous, plus modestement mais toujours aussi séduisante, Alfa Romeo propose une version Veloce. Une appellation déjà utilisée par la marque sur ses Giulia 1750 (1967) et 2000 (1969). C'est cette version que nous avons décidé de prendre en main à l'occasion de cet essai mené du côté de la Normandie.
"Plus belle voiture de l'année 2016"
Auréolée de ce titre à l'occasion du Festival Automobile International, la Giulia n'a pourtant pas vraiment convaincu tout le monde à sa présentation. "Trop allemande", "trop conventionnelle", ont été les remarques à son égard. Pourtant, à la suite de sa présentation et des premiers essais, les "critiques" se sont estompées au profit d'un engouement presque unanime quant à sa stature et le charme transalpin qui demeure malgré tout indéniable.
Notre version Veloce fait indubitablement référence à sa majesté Quadrifoglio. On y retrouve ce même bouclier avant orné de deux naseaux et d'une calandre centrale triangulaire, ces mêmes magnifiques jantes "Performance" de 19 pouces qui rompent avec le blanc immaculé de la carrosserie, ou encore ce diffuseur qui vient englober une double sortie d'échappement. Les différences sont donc minimes, et hormis la présence d'une quadruple sortie d'échappement et d'un trèfle sur la Quadrifoglio, on pourrait s'y perdre entre les deux.
Preuve en est, notre Alfa Romeo Giulia Veloce a souvent été considérée comme une version Quadrifoglio "avec le moteur Ferrari" par quelques badauds qui déambulaient à l'occasion d'un rassemblement de voitures d'exception. Mieux encore, elle attirait les foules notre Giulia. Malgré la présence de nombreuses Porsche et Ferrari en tout genre, beaucoup n'avaient d'yeux que pour notre monture, sûrement curieux de découvrir le renouveau d'Alfa Romeo. Comme qui dirait, la meilleure publicité pour une voiture, c'est de la voir dans la rue. Malheureusement nous n'en voyons pas encore assez, la faute notamment à un réseau de distribution assez confidentiel en France et noyé avec plusieurs autres marques.
Un habitacle contrasté
Si tous les intérieurs dans cette gamme de modèle ont tendance à se ressembler, la Giulia fait figure d'exception. Même si les matériaux et les assemblages ne sont pas les meilleurs de la catégorie, l'agencement est pour le moins original. L'incorporation de l'écran, par exemple, est plutôt bien vu puisqu'il vient s'immiscer dans le prolongement de la planche de bord. Comme énoncé un peu plus haut, les ajustements ne sont pas vraiment au top. D'un autre côté, difficile de faire mieux qu'une Audi A4, référence dans la catégorie, mais suffisamment pour faire déjà mieux qu'une Jaguar XE ou que la vieillissante BMW Série 3.
Concernant le système d'info-divertissement, il n'est pas vraiment au niveau. L'ergonomie et la navigation entre les menus est à revoir, quant au GPS, autant vous le dire tout de suite, préférez celui de votre smartphone. Malheureusement, comme la majorité des systèmes embarqués aujourd'hui (qui coûtent une petite fortune qui plus est), celui de la Giulia est assez brouillon et est difficilement contrôlable. L'écran aurait été tactile pour le coup, ça aurait simplifié bien des choses. Il y a des points positifs à l'intérieur de cette Giulia Veloce néanmoins. Nous avons adoré le volant à trois branches, clairement dans l'esprit de la voiture, avec son bouton Start situé en bas à gauche. Mention spéciale également aux palettes en aluminium (facturées 200 euros en option), directement scindées à la colonne de direction, mais assez grandes et assez larges pour une utilisation absolument parfaite en conduite dynamique.
La plus sportive des non sportives
Autant vous le dire tout de suite : nous n'avons jamais été autant emballés au volant d'une voiture dites "non sportive", surtout dans cette gamme réputée conventionnelle et ennuyeuse. Avant d'entamer la partie conduite, touchons quelques mots sur ce que renferme cet immense capot. Nous retrouvons un bloc quatre cylindres 2,0 litres TB "pour Turbo Benzina", tout en aluminium et avec distribution à chaîne, développant 280 chevaux et 400 Nm de couple. Avec une puissance maximale à 5250 tr/min et une zone rouge 250 tours plus haut, sur le papier, ce moteur ne nous enchante pas vraiment. Heureusement, il semble avoir du couple puisque la fiche technique nous indique une plage d'utilisation assez large allant de 2250 à 4500 tr/min. Le 0 à 100 km/h est annoncé en 5,2 secondes et la vitesse maximale aux environs de 240 km/h.
Avec sa sonorité agréable mais quelconque pour un quatre cylindres turbo, notre Giulia Veloce se montre un poil creuse sous les 2000 tr/min et lâche la cavalerie au-delà avant de s'essouffler jusqu'à la zone rouge. C'est tôt, très tôt, trop tôt, mais très bien géré par la nouvelle génération de la boîte automatique ZF à huit rapports. Nous n'allons pas y aller par quatre chemins : il s'agit de la meilleure boîte automatique du marché actuellement. Et elle est dans cette Alfa Romeo Giulia. Pourtant, nous avons préféré jouer avec elle et utiliser les palettes au volant en passant en mode manuelle. Nous n'avons noté aucune latence au moment où nous actionnons la palette et le changement effectif du rapport. Nous nous sommes même pris à changer de vitesse avec le sélecteur classique. Les ingénieurs ont eu la bonne idée de mettre les commandes dans le bon sens, c'est-à-dire les passages aux rapports supérieurs en bas et la rétrogradation en haut. Comme sur une vraie voiture de sport en somme.
Pourtant, l'Alfa Romeo Giulia Veloce n'est pas une voiture de sport. Mais c'est tout comme disons-le puisqu'elle bénéficie de la bonne synergie entre Ferrari, Maserati et Alfa Romeo. Et ça fonctionne puisque même les allemands ont loué la plateforme Giorgio, concoctée par le français Philippe Krief pour ne pas le citer, qui est tout simplement un modèle en son genre. Le train avant est d'une précision remarquable, le châssis est affûté comme une sportive de haut niveau et les suspensions pilotées allient à la perfection fermeté et souplesse.
L'Alfa Romeo Giulia Veloce bénéficie de nombreuses pièces en aluminium, dont notamment les suspensions, ce qui profite assez grandement à la rigidité et limite la prise de poids (1530 kilos). Alfa Romeo a même intégré quelques éléments en carbone dont l'arbre de transmission. Cela compense assez largement la prise de poids due à la transmission automatique et au système Q4 All-Wheel Drive (le même type de transmission que sur la Maserati Ghibli S Q4). Transmission moderne oblige, elle est équipée d'une boîte de transfert et d'un différentiel sur le train avant. De ce fait, la Giulia Veloce adopte un comportement de propulsion en temps normal avec 100% du couple renvoyé sur le train arrière. En cas de perte de motricité, 50% du couple peut être retransmis sur le train avant pour compenser. Nous n'avons noté aucun sous-virage intrinsèque aux quatre roues motrices habituellement.
L'Alfa Romeo Giulia Veloce est sans doute l'une des berlines, si ce n'est la berline la plus enthousiasmante de son segment.
Si tous les éléments de liaisons au sol nous ont séduit, nous avons tout de même noté quelques petits points à améliorer. La direction d'une part. Nous l'avons trouvé un peu trop artificielle malgré une bonne consistance, notamment au niveau du point milieu. Autre point à revoir, le système DNA (Dynamic, Normal et All Weather), qui permet d'influer sur la gestion de l'ensemble moteur - boîte de vitesses, la fermeté des suspensions ou encore la dureté de la direction. A contrario d'une Audi A4 et de son Audi Drive Select, nous ne pouvons pas gérer indépendamment la gestion de chaque élément. De plus, en mode Dynamic, on aurait souhaité un ESP encore plus discret qu'il ne l'est déjà. Même si on s'amuse bien à son volant, un train arrière légèrement plus joueur n'aurait pas été de refus, sans atteindre non plus l'extravagance d'une version Quadrifoglio.
Conclusion, prix et consommations
Durant notre session d'essai, nous avons relevé des données mixtes autour de 10,0 l/100 km. Des chiffres assez éloignés, comme à l'accoutumée un peu partout, des 6,4 l/100 km annoncés en usage mixte. Notre conduite n'a pas non plus été économique, avouons-le, mais avec une majeure partie du trajet réalisé sur autoroute, nous nous attendions à une moyenne un peu plus basse, oscillant autour des 8,5 l/100 km. Disponible à partir de 51'390 euros (avec le moteur diesel de 210 chevaux), la Giulia Veloce est affichée un peu au-dessus de son homologue carburant au gazole avec un prix de départ de 54'190 euros (plus un malus de 1153 euros en 2017). Notre version d'essai s'affiche à un peu plus de 60'000 euros avec quelques options supplémentaires comme les jantes de 19 pouces (900 euros) ou encore le pack Performance AT (moyennant 2400 euros et comprenant les palettes au volant, le différentiel et les suspensions actives Alfa).
Difficile de la comparer avec les Audi A4 quattro, BMW Série 3 xDrive et autres Mercedes Classe C 4Matic puisque toutes font le grand écart avec des puissances qui passent d'environ 240 chevaux à plus de 340, sans versions intermédiaires. Seule la Jaguar XE peut faire face à notre italienne avec sa version 30t AWD qui affiche 300 chevaux et une transmission intégrale (disponible à partir de 50'300 euros). Quoi qu'il en soit, ne boudons pas notre plaisir, car nous avons passé un excellent moment à bord de cette Giulia Veloce. Nous pouvons vous affirmer qu'il s'agit aujourd'hui d'un véritable coup de cœur. Alfa Romeo ne s'est jamais arrêté de faire battre les cœurs. La Giulia a fait battre le nôtre juste un peu plus fort.
Photos : Yann Lethuillier / Motor1.com
Points positifs | Points négatifs |
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Boîte de vitesses parfaite | Direction un poil artificielle |
Transmission typée propulsion | Sonorité du moteur trop discrète |
Toucher de route | Système multimédia à revoir |
Galerie: Essai Alfa Romeo Giulia Veloce (2017)
Alfa Romeo Giulia Veloce - 2.0 Turbo 280 chevaux Q4 AT8