Dans le monde automobile, certains événements sont plus marquants que d'autres. L'expérience du Laponie Ice Driving figure définitivement dans le haut du tableau. Plus qu'un centre de pilotage, c'est un rêve en pleine conscience, qui met les étoiles plein les mirettes. Le centre du Laponie Ice Driving est situé au nord de la Suède, à une dizaine de kilomètres du cercle polaire arctique. Dans cette région, il n'est pas rare de contempler des aurores boréales, ce qui rajoute encore plus de magie à cette expérience unique.
Nous nous sommes chaudement équipés pour affronter les étendues de glaces, sur lesquelles résonnent le son des moteurs V8 et V10. Là-bas, une Maserati Ghibli S Q4 ainsi qu'une Maserati GranTurismo MC Stradale nous attendaient sagement par -25°.
Unique au monde
Le Laponie Ice Driving n'a pour le moment pas d'équivalent dans le monde. Ce centre a été créé en 2006 par Éric Gallardo, ingénieur automobile de formation et ancien pilote-essayeur chez General Motors. Aujourd'hui, le Laponie Ice Driving a bien changé, il s'étend sur un lac gelé de 1200 hectares, sur lequel 13 circuits ont été tracés à taille réelle. Parmi les circuits proposés, on retrouve quelques tracés de Formule 1 reproduits à l'échelle 1 (à plat). On peut par exemple citer le Yas Marina (5,55 km de longueur), le Silverstone (5,9 km) ou encore le circuit du Mans (4,18 km). Avant d'attaquer ces circuits mythiques, les instructeurs proposent aux clients de se faire la main sur des tracés un peu moins techniques. On retrouve des tracés de forme ovale ou encore le "practice", conçu pour réussir parfaitement les premiers enchaînements. Une fois les bases de la conduite sur glace acquises, libre à vous de choisir le circuit qui vous fait le plus trembler et à enchaîner chaque courbe avec classe.
En dehors des circuits, le Laponie Ice Driving propose plusieurs véhicules, de types et de marques différents. Lors de notre périple, nous avons croisé le chemin de la magnifique Porsche 911 GT3 : quatre exemplaires de la sportive allemande sont disponibles dans les ateliers du Laponie Ice Driving. Outre cette sportive très germanique, les italiennes sont aussi à l'honneur. Que ce soit des Maserati Ghibli S Q4, des GranTurismo MC Stradale sauce 2018, une Ferrari 458 Italia ainsi qu'une Lamborghini Huracán. Mais ce n'est pas tout ! La Ford Focus RS et ses quatre roues motrices sont également proposées à la clientèle, tout comme les Porsche Cayman S et Boxster ainsi que les Subaru Impreza WRX STi.
Ces voitures sont spécialement préparées pour affronter les conditions extrêmes. Les boucliers avant et arrière sont modifiés et renforcés par des sabots, pour résister aux sorties de pistes. De plus, le châssis des voitures est protégé par des plaques métalliques et les pneus ont un cloutage spécifique. Enfin, des rampes LED sont placées sur le toit des véhicules pour briser la nuit obscure.
Les organisateurs ont donc réuni tous les ingrédients nécessaires pour que le client puisse s'amuser en toute sécurité ; sans être systématiquement bridé par les instructeurs pour des questions de sécurité. C'est d'ailleurs très étonnant, car nous avons forcément quelques appréhensions au début du stage. Mais lors de notre excursion, notre instructeur a su nous mettre à l'aise en nous demandant une seule chose, de prendre le maximum de plaisir ! Une fois ce frein psychologique levé, on se retrouve de nuit au volant de la Ghibli S Q4 à 180 km/h sur un lac gelé, rien que ça...
Les virages s'enchaînent à toute vitesse avec forcément quelques ratés au début. Rien d'alarmant, si le véhicule s'enfonce dans la neige, un appel au talkie-walkie et voilà que deux minutes plus tard une dépanneuse vient nous extraire du bourbier. On repart alors avec plus d'assurance, et l'envie de progresser encore plus pour augmenter la dose de plaisir. C'est d'ailleurs très addictif, plus les sessions s'enchaînent plus on demande à reprendre le volant afin de perfectionner son geste.
il n'y a pas de rails ni aucun autre obstacle qui pourrait entraver la dose de plaisir générée par la conduite sur glace. Les moniteurs sont d'ailleurs d'un très bon niveau, ils sont très pédagogues (ils parlent français) et donnent toutes les clefs pour maitriser l'art de la glisse. À la fin des deux jours de pilotage, pratiquement tous les participants parviennent à être maître de leur véhicule, et à afficher un grand sourire de satisfaction sur leur visage.
Ce n'est que du bonheur
La conduite sur glace nécessite tout de même quelques entraînements. D'autant plus que selon le véhicule choisi, le comportement et les gestes à appliquer varient. Par exemple, une propulsion ne se conduit pas de la même façon qu'une quatre roues motrices. Cette dernière est un peu plus facile à prendre en main, puisqu'il ne faut pas contre-braquer à chaque virage. Sur une voiture à propulsion, comme la Maserati GrandTurismo MC Stradale que nous avons eue, le V8 d'origine Ferrari est très sensible. À la moindre pression sur la pédale de droite, le moteur entre en éruption et déstabilise le train arrière.
Il faut bien comprendre que, sur ce type de véhicule (propulsion), le train avant est guidé par le volant (rien d'anormal jusque-là) mais que le train arrière, quant à lui, doit être dirigé avec l'accélérateur. Pour réussir sa glisse avec succès, il faut freiner à l'approche d'un virage pour effectuer un transfert de charge à l'avant. Ensuite, il suffit de donner un gros coup de volant pour que le nez de la voiture plonge dans l'épingle. Comme le veulent les lois de la physique, l'arrière de la voiture va continuer son chemin, entraînant ainsi un "dérapage". Pour maintenir cette glisse, il faut jouer avec l'accélérateur (et le volant) pour ne pas louper son drift. Une fois que l'ensemble (volant et accélérateur) est bien coordonné, on se surprend à enchaîner les virages les uns après les autres sans grand mal.
La glisse sur glace est assimilable au vélo. Enfant, il était difficile de rester en équilibre sur son vélo tout en jouant sur le pédalier et le guidon. Après quelques chutes, on arrivait enfin à rouler quelques mètres, puis quelques kilomètres avant de tomber. Eh bien, c'est la même chose avec le pilotage sur glace ! La plus belle chose dans tout ça, c'est que comme pour le vélo, cela ne s'oublie pas. Pour les quatre roues motrices, c'est un peu la même chose qu'avec une propulsion mais avec un peu moins de difficultés. Une fois que le nez de la voiture est dans le virage, il faut conserver le volant dans la direction du virage et appuyer sur l'accélérateur. Au lieu de gérer le volant et l'accélérateur comme sur une propulsion, les quatre roues motrices demandent de jouer uniquement sur la pédale de droite (le volant reste orienté dans le sens du virage).