C'est bientôt la fin de l'été, si été il y a eu en France, l'occasion de prendre une dernière dose de plaisir au guidon des nouveautés motos de l'année. Et quoi de mieux que la nouvelle BMW R 1250 RT pour rallier Paris à la Normandie, en limant l'asphalte de l'autoroute A13 sur un rayon laser, avant d'entamer une partie plus rigolote : les petites routes sinueuses de l'arrière-pays normand.
Quoi de mieux qu'une R 1250 RT ? En voilà une bonne question. Dans la catégorie des routières GT, force est de constater que ça ne se bouscule plus au portillon, l'offre se concentrant désormais sur ces fameux "trails routiers", très à la mode, et ce n'est pas BMW qui nous dira le contraire, puisque la gamme GS n'a jamais cessé de s'étoffer ces dernières années. Pourtant, pour voyager, une routière reste et restera le meilleur destrier, et c'est à se demander ce que font les constructeurs japonais Honda, Kawasaki ou encore Yamaha en délaissant un segment qui fait encore des adeptes.

Présentation esthétique
Routière oblige, la BMW R 1250 RT conserve une silhouette assez massive, pour protéger au mieux son pilote évidemment, mais aussi pour des raisons techniques avec un carénage plus volumineux depuis 2014 et le passage au moteur refroidi par eau. Comme vous pouvez peut-être le constater sur nos visuels, la partie avant de la moto a été revue, avec un nouveau carénage, une nouvelle bulle réglable et un nouvel éclairage full LED qui prend en compte le degré d'inclinaison de la moto pour éclairer l'intérieur des virages.


Esthétiquement, pas de doute, cette R 1250 RT fait plus moderne que la précédente génération, même si certains y voient davantage une évolution qu'une révolution. Après tout, est-ce que la Série 3 de BMW a vraiment considérablement évolué ces dernières décennies ? Le fil conducteur reste le même, et c'est peut-être aussi ça que recherchent les clients.
En matière de finition, que ce soit en auto comme en moto, BMW met la barre très haut, avec un câblage propre et peu visible, quelques détails sympas comme le logo BMW en relief sur les flancs, ou encore cette magnifique selle, en option, qui sied parfaitement au blanc qui immacule notre moto d'essai.



La technologie au centre des attentions
Une fois installé sur la selle, la première chose qui saute aux yeux, c'est cet immense écran de 10,25 pouces. Comme dans une voiture, vous pouvez naviguer à travers l'écran, sauf que la commande se trouve au niveau de la poignée gauche avec un sélecteur plutôt bien fait. Bien évidemment, nous n'atteignons pas le niveau d’ergonomie de l'écran tactile d'une voiture, mais avec une petite prise en main rapide, la navigation entre les différents menus (radio, média, GPS, données de conduite...), est relativement simple. Le seul bémol de cet écran, c'est sa lisibilité avec le soleil dans le dos.


En dehors de ça, nous retrouvons les commandes classiques avec le régulateur de vitesse (adaptatif en option) ou encore le sélecteur des modes de conduite (Eco, Rain, Road et Dynamic pour notre moto d'essai bien optionnée). Le régulateur adaptatif, fourni par Bosch, est d'ailleurs une nouveauté sur la RT, mais pas sur la planète moto, Ducati ou encore KTM le proposent également. Le système s'avère plutôt convaincant et fluide, même si, accouplé à une boîte automatique, cette technologie gagnerait encore en agrément.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, la RT n'est pas vraiment faite pour les grands gabarits avec sa hauteur de selle de 805 millimètres. Parfait pour les pilotes mesurant environ 1,70 mètre, un peu moins pour mes 182 centimètres. Et en rehaussant la selle de 25 millimètres, les jambes sont un poil trop fléchies. La position n'est pas si fatigante néanmoins, les deux heures de route pour rallier Paris à la Normandie sont passées comme une lettre à la Poste, malgré nos quelques inquiétudes avant de prendre la route.
Pour le passager arrière, outre la petite contorsion à effectuer pour enjamber les valises latérales (qui peuvent contenir, chacune, un casque intégral), l'assise est confortable et la position des jambes est plutôt correcte. Là encore, les passagers de plus de 1,70 mètre auront les jambes un peu trop fléchies, mais rien de rédhibitoire. En revanche, n'hésitez surtout pas, si vous faites régulièrement du duo, à cocher l'option top case, indispensable pour le confort postural du passager.

Les équipements de série et les options
Avant d'entamer notre essai routier, touchons un mot des équipements de série de cette BMW R 1250 RT. La dotation est plutôt intéressante, mais les clients de ce genre de moto seront toujours enclins à rajouter quelques options supplémentaires, ou bien directement un pack d'options, plus avantageux financièrement.
- Écran couleur TFT 10,25 pouces avec combinaison d’instruments avec connectivité et navigation par carte intégrée
- ABS Pro intégral BMW Motorrad
- DCC (régulateur de vitesse avec fonction de freinage)
- Phare à LED intégral avec icônes lumineuses
- Double signal sonore
- Quatre boutons de favoris
- DTC (contrôle dynamique de la traction)
- Trois modes de conduite (Eco, Rain et Road)
- HSC (aide au démarrage en côte)
Il y a également au catalogue une bonne dizaine d'options, certaines plus intéressantes que d'autres, mais nous vous laisserons en juger en fonction de vos besoins :
- Phare de virage adaptatif
- Éclairage diurne à LED
- ACC (régulateur actif de la vitesse de conduite avec capteur radar)
- Compartiment de recharge (charge inductive et USB)
- Dynamic ESA (châssis à réglage électronique avec compensation de la charge)
- Keyless Ride
- Verrouillage centralisé
- Selle chauffante
- RDC (contrôle de la pression des pneumatiques)
- Modes de conduite Pro (mode de conduite Dynamic et HSC Pro, régulateur du couple d’inertie du moteur MSR, fonction de freinage dynamique DBC)
- Packs de pièces fraisées Option 719
- Roues Option 719
- Silencieux sport
Comme énoncé plus haut, pour faire quelques centaines d'euros d'économie, il est possible de passer par des packs d'options, organisés comme cela chez BMW :
Pack Audio : 550 euros
- Système audio 2.0
- Recharge par induction et port USB
Pack Dynamic : 640 euros
- Modes de pilotage Pro
- Shifter Pro
Pack Confort : 960 euros
- Echappement chromé
- Keyless Ride
- RDC capteur de pression des pneus
- Selles chauffantes
Pack Travel : 1500 euros
- Régulateur de vitesse Adaptatif ACC
- Fermeture centralisée
- Projecteurs à LED additionnels
- Alarme
Finition Pro : 3300 euros
- Pack Audio
- Pack Confort
- Pack Dynamic
- Pack Travel
Un Boxer en ballerine ?
Le moteur Boxer, qui cube à 1254 cm3, a récemment été mis à jour pour répondre aux nouvelles normes Euro5. Contact et le bi-cylindre donne de la voix, sans plus, le bruit est similaire à l'ancienne génération, avec un doux feulement, légèrement rauque, mais jamais entêtant. Le bloc développe 136 chevaux (à 7750 tr/min) et 143 Nm de couple (à 6250 tr/min), une puissance tout à fait suffisante pour mouvoir cette grosse machine agile comme une ballerine. Nous y reviendrons plus bas.


Le moteur impressionne par son agrément, avec une souplesse à bas régime bluffante et des reprises en sixième à moins de 100 km/h sans encombre, sans avoir nécessairement besoin de tomber un ou deux rapports. En cas de sous-régime, nous avons tout juste noté quelques petites vibrations au niveau du guidon, mais rien de vraiment méchant. Concernant les consommations, nous avons relevé une moyenne de 6,2 l/100 kilomètres. Dans le détail, nous avons fait environ 400 kilomètres d'autoroute avec moins de 5,0 l/100 kilomètres affichés à l'ordinateur de bord sur ce trajet, et environ 7,3 l/100 kilomètres sur de petites routes sinueuses.
Si les Allemands (ou les frontaliers), auront plus de chance de l'emmener à sa vitesse maximale, soit environ 235 km/h, son rythme de croisière sur autoroute peut dépasser sans difficulté les 130 km/h. Grand bien nous en fasse, mais les petites boîtes grises que l'on croire parfois (trop souvent) au bord de la route n'encouragent pas vraiment à jouir des capacités de la RT. Tant pis, consolons-nous avec d'autres qualités, comme la commande de boîte, très douce et agréable à manier. La présence du shifter pro ravira les pilotes adeptes de promenades rythmées sur le sinueux, ou ceux désirant plus de vigueur lors des relances sur autoroute.

Lourde comme une plume
Une fois en selle, le gabarit XXL de la RT peut déconcerter, surtout un motard comme moi plutôt friand des petits roadster ou de ces nouveaux "trails routiers". Pourtant, la nouvelle R 1250 RT fut la moto où il m'a fallu le moins de temps pour me sentir en confiance, avec un centre de gravité très bas qui masque d'emblée son poids d'enclume. Au premier virage, on sort le pied histoire de, puis au second, on remarque rapidement que ça ne sert plus à rien tant la RT s'inscrit naturellement en virage.


Sur autoroute, la RT est impériale, seul le manque de protection au niveau des pieds terni un tableau qui reste malgré tout excellent. Sur le sinueux, la magie opère rapidement, puisque la moto ne demande qu'à prendre de l'angle, avec une excellente répartition des masses qui incite à cravacher jusqu'à aller trouver les limites. Des limites que je n'ai jamais trouvées bien évidemment. Le train avant est remarquable de légèreté, un peu trop d'ailleurs lors des changements d'angles un peu brusques, ce qui nous a d'ailleurs surpris lors de nos premiers tours de roue.
En matière de suspension, difficile de reprocher quoi que ce soit à cette RT, tant elle allie à merveille dynamisme et confort. Comble du luxe, elle est dotée de la compensation de charge automatique qui permet, sans intervention, de passer de pilote seul à duo. Ne cherchez donc pas la molette de pré-charge de l'amortisseur, il n'y en a pas. Côté freinage, c'est puissant et endurant, mais avec plus de 300 kilos avec les pleins, le pilote et quelques bagages, les lois de la physique sont ce qu'elles sont, et l'anticipation restera le maître-mot.
Le mot de la fin
Dès les premiers tours de roue, nous savions que nous n'allions pas être déçus par cette nouvelle BMW R 1250 RT. 600 kilomètres plus tard, c'est avec regret qu'il faut rendre cette moto d'une polyvalence extrême, à l'aise en toute circonstance, même en inter-file avec des valises latérales qui font grimper la largeur totale à 990 millimètres.
L'homogénéité, c'est sans doute l'adjectif qui correspond le mieux à cette RT, avec une partie cycle au meilleur niveau et un moteur que l'on ne présente plus. Un moteur que les normes Euro5 auront laissé à peu près tranquille d'ailleurs, a contrario de Yamaha et sa FJR 1300, la dernière concurrente en date de la RT, qui a disparu du catalogue de la marque au diapason suite aux nouvelles réglementations.
Évidemment, avec de telles prestations, la BMW R 1250 RT millésime 2021 n'est pas donnée. Elle débute à partir de 22 490 euros, pour grimper à plus de 25 000 euros pour notre version d'essai dotée de l'option Finition Pro à 3300 euros regroupant plusieurs packs d'équipements. Un sacré chèque pour un deux-roues, certes, mais que les clients de l'ancienne génération signeront sans doute, peut-être pas avec plaisir, mais avec la certitude de retrouver une moto encore plus aboutie et convaincante.
Points positifs | Points négatifs |
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Agrément du bicylindre | Protection au niveau des pieds |
Polyvalence à toute épreuve | Selle un poil basse pour les grands |
Comportement dynamique | Tarifs très salés |
Galerie: Essai BMW R 1250 RT (2021)
BMW R 1250 RT