Présentée il y a deux ans et demi et mise en circulation à la fin de l'année 2017, la Kia Stinger avait beaucoup d'ambitions, ou du moins en a fait naître beaucoup à la marque coréenne, qui voulait attaquer les marques premium allemandes sur leur territoire, celui de la berline sportive. Grégory Guillaume est le vice-président et designer en chef du bureau Kia en Allemagne, et il avoue que l'avenir de la berline pourrait rapidement s'assombrir.

"Actuellement, je ne suis pas sûr qu'elle fasse aussi bien que nous l'espérions", a hélas confirmé Grégory Guillaume. "Nous n'avons jamais attendu des volumes importants. C'était un véhicule vitrine. Mais nous voulions rencontrer du succès au moins en Amérique, le marché où nous pensions qu'il y avait une chance qu'elle fonctionne. Nous avions de très hautes attentes pour ce marché et il est très difficile de débuter dans de tels segments."

"Le début de ma carrière était chez Audi. Je me souviens qu'il a fallu trois générations d'A8 pour qu'elle soit vue au même niveau que la BMW Série 7 ou la Mercedes Classe S. Il faut persévérer. Si vous vous lancez sur ces segments du premium ou des véhicules d'image, il faut se donner un peu de temps. L'entreprise devra être prête à comprendre cela. Je pense que nous devrions continuer [même si] le marché de la berline est de plus en plus difficile à l'échelle mondiale."

Trop chère pour une Kia ?

Mais Grégory Guillaume avoue surtout que ce qui complique le plus la carrière de la berline, c'est bel et bien son prix, puisqu'elle est vendue en France entre 45'500 et 60'900 euros, sans options. "S'il y a des problèmes, ce n'est pas à cause de l'apparence de la voiture, mais plutôt son positionnement pour une Kia", poursuit-il, rappelant que la branche européenne de Kia est responsable de ce concept : "C'est vraiment notre bébé, et le modèle dont nous sommes le plus fiers."

Pourtant largement plébiscitée pour son design et pour ses qualités, la Stinger ne rencontre pas le succès commercial escompté, et bien qu'il espère que Kia lui donnera une deuxième chance, Grégory Guillaume craint que les jours de la jeune berline soient comptés, au moins sous sa forme actuelle de berline à moteur thermique : "Il faudra voir si la Stinger continue, ce que j'espère, et si c'est le format pour continuer à l'avenir. Comme vous le savez, il se passe beaucoup de choses avec l'électrification, donc il se pourrait que la Stinger devienne autre chose. Nous n'en sommes pas là, nous avons un peu de temps."

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