La guerre en Ukraine, qui a débuté à la fin du mois de février, a un impact sur le secteur automobile, déjà en difficulté. Ces dernières années, la crise des semi-conducteurs a ralenti la production, et si, avant la guerre, les experts prévoyaient un retour à la normale d'ici mi-2023, avec cette guerre, la situation est encore plus compliquée.

Preuve en est, en Europe, les usines de BMW et de Volkswagen sont à l'arrêt en raison d'un manque de câblage.

Dans le même temps, de plus en plus de constructeurs automobiles stoppent leur production en Russie. D'une part, parce que les matériaux font défaut, et d'autre part, en raison des difficultés liées au système de paiement, qui contraignent de nombreuses marques à suspendre la vente de voitures en Russie (la Russie a été exclue du réseau SWIFT, Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication ; Visa et Mastercard sont bloquées, de même que les paiements via les plateformes numériques Apple Pay et PayPal).

La situation évolue constamment, vous trouverez ci-dessous les dernières mises à jour concernant les mesures prises par les différents constructeurs.

Audi, Volkswagen et Cupra

En raison de la guerre en Ukraine, les usines allemandes de Zwickau (où 1 200 voitures électriques sont assemblées chaque jour) et de Dresde ont été mises en veille. C'est d'Ukraine que provient le câblage électrique des Volkswagen ID.3, ID.4, ID.5, ainsi que celui des Audi Q4 e-tron et autres Cupra Born. Parallèlement, le groupe Volkswagen a fait don d'un million de dollars à l'Agence des Nations unies pour venir en aide aux réfugiés.

L'usine Volkswagen de Zwickau

Groupe BMW

En raison de problèmes d'approvisionnement en matériaux, le groupe BMW a déjà décidé de fermer certaines de ses usines à partir de la semaine prochaine.

  • Les usines BMW de Munich et de Dingolfing, toutes deux situées en Allemagne ;
  • l'usine Mini d'Oxford, en Angleterre ;
  • l'usine de moteurs BMW à Steyr, en Autriche.

Les usines BMW aux États-Unis, en Chine et au Mexique ne sont pas concernées, "car leurs fournisseurs sont différents", a déclaré un porte-parole de BMW au journal Sueddeutsche. Entre-temps, BMW a également cessé d'exporter ses voitures en Russie et a arrêté la production dans le pays.

Honda

Les voitures de la marque Honda vendues en Russie sont fabriquées aux États-Unis. Toutefois, en raison de difficultés liées au système de paiement, le constructeur japonais a cessé d'exporter ses voitures dans le pays.

Hyundai

Depuis le 1er mars, l'usine Hyundai (qui produit environ 200 000 voitures par an en Russie) de Saint-Pétersbourg est suspendue et on ne sait pas encore quand elle reprendra ses activités.

Magna

Magna, l'un des géants de l'automobile, est responsable de la production de modèles de nombreuses marques. L'entreprise sur le point de cesser ses activités dans ses six usines russes, qui emploient au total 2 500 personnes.

Mazda

Dans une déclaration, Mazda a annoncé que les livraisons de pièces détachées à une entreprise locale située à Vladivostok prendront fin dès que possible.

Mercedes

Mercedes n'arrêtera pas la production mais réduit le nombre d'équipes dans ses usines pour faire face aux problèmes liés aux fournisseurs. "La grande flexibilité des installations sera également utilisée pour éviter autant que possible les temps d'arrêt", peut-on lire dans une note. Parallèlement, le PDG Ola Källenius a annoncé que Mercedes allait donner un million d'euros à la Croix-Rouge pour venir en aide à la population ukrainienne.

Nissan

Le constructeur japonais, qui a vendu environ 53 000 voitures en Russie en 2021, a suspendu ses exportations vers le pays, notamment en raison de difficultés logistiques. Elle a également créé un fonds destiné à collecter 2,5 millions d'euros pour aider les victimes de la guerre, tandis qu'un million d'euros sera versé à la Croix-Rouge et à d'autres organisations caritatives. 

Porsche

Porsche a été contraint de suspendre la production des Macan et Panamera dans son usine de Leipzig, en Allemagne, en raison de problèmes sur ses chaînes d'approvisionnement découlant de la guerre en Ukraine.

Dans les jours et les semaines à venir, "nous évaluerons en permanence la situation", peut-on lire dans une note. "Le degré d'impact sur nos activités commerciales est déterminé en permanence par un groupe de travail interne à l'entreprise, composé d'experts dans différents domaines", ajoute la marque.

Renault

Pour Renault, la situation est très délicate étant donné que la Russie est son deuxième marché le plus important (avec un revenu de cinq milliards d'euros par an, soit environ 12 % de ses revenus). Entre-temps, Renault Avtovaz a redémarré les chaînes de montage de son usine de Togliatti, en Russie, après un bref arrêt dû à une pénurie de semi-conducteurs.

Stellantis

Stellantis avait prévu d'agrandir son usine de Kaluga, toujours en Russie, pour produire des véhicules commerciaux, mais le groupe envisage désormais une autre solution. Entre-temps, l'entreprise a mis en place un groupe de travail pour surveiller la situation et a activé une équipe de soutien pour ses 71 employés en Ukraine. Un million d'euros ont été donnés pour soutenir les réfugiés en s'appuyant sur une ONG locale.

Toyota

Le constructeur japonais a décidé de suspendre la production dans son usine de Saint-Pétersbourg (en activité depuis 2007), où travaillent 2 000 personnes et où sont assemblés environ 100 000 véhicules par an, dont les RAV4 et Camry.

"Comme d'autres entreprises dans le monde, nous suivons les événements en Ukraine avec une grande inquiétude pour la sécurité des personnes impliquées dans le conflit, et nous espérons que la paix pourra revenir aussi vite que possible", a précisé Toyota dans un communiqué.

Volvo

Volvo a été l'un des premiers constructeurs à suspendre ses ventes en Russie en raison des "risques potentiels liés à l'échange de marchandises avec la Russie, qui a récemment été frappée par des sanctions imposées par l'Union européenne et les États-Unis". Le constructeur suédois a vendu environ 9 000 unités en Russie en 2021.

Les autres constructeurs

Ces derniers jours, Jaguar Land Rover, General Motors et Daimler Truck ont également suspendu leurs livraisons en Russie. De son côté, Ford a gelé sa coopération avec l'entreprise russe Sollers pour une durée indéterminée et a fait don de 100 000 dollars au fonds de secours Global Giving pour l'Ukraine.

Des perspectives incertaines

Difficile de dire ce qui va se passer d'ici les prochains jours, mais il est clair que la pénurie de matières premières pourrait entraîner une hausse des prix (et la crise de semi-conducteurs l'a déjà démontré). La Russie, rappelons-le, est un important fournisseur de nickel, un matériau essentiel, par exemple, pour la production de batteries pour les voitures électriques.

"Nos dernières données ne reflètent pas encore les récentes escalades en Ukraine", déclare Oliver Falck, le directeur de la division Industrie et technologie de l'IFO.

"Il est difficile de fournir une perspective fiable en raison de la situation. Mais une chose est sûre : il y aura une nouvelle perturbation de la production de véhicules en Allemagne", a déclaré l'Association des constructeurs automobiles allemands VDA. "À long terme, l'industrie automobile sera confrontée à des pénuries et à une hausse des prix des matières premières", a-t-il ajouté.