Après un petit passage à vide, Alfa Romeo est revenu sur le devant de la scène ces deux dernières années avec la Giulia et le Stelvio. Plus tard, le Tonale, un SUV compact fera son apparition tout comme une nouvelle génération de Giulietta. Si la gamme met du temps à se renouveler, Alfa Romeo n'oublie cependant pas ce qui a fait sa renommée. Le sport reste et restera encore l'identité première de la marque, saupoudré bien évidemment d'un design particulièrement latin qui a su séduire de nombreux amateurs d'automobile. En matière de sportive, malgré un catalogue assez mince, Alfa Romeo possède une vraie gamme avec les versions Quadrifoglio Verde de la Giulia et du Stelvio et leurs 510 chevaux. Tout en haut, comme porte-étendard, nous retrouvons l'Alfa Romeo 4C. Ce n'est pas une nouveauté, bien au contraire, la 4C est même en fin de vie. Malgré tout, ces derniers temps, elle a vu apparaître de nouvelles concurrentes avec notamment le renouvellement du Cayman avec la génération 718 et, plus récemment, la nouvelle Alpine A110.

Hors du temps
Avec moins de quatre mètres de long, 895 kilos sur la balance, et 240 chevaux sous le capot, le ton est d'ores est déjà donné. Le poids est toutefois à nuancer puisqu'il est annoncé à sec, sans conducteur, sans huile et sans essence. De ce fait, le poids dépasse sans doute la tonne, mais cela reste toutefois quasiment rien par rapport à une Porsche 718 Cayman et ses 1410 kilos. Alors bien évidemment vous retrouvez beaucoup plus d'équipements au sein de l'allemande, mais Alfa Romeo n'en oublie pas toutefois le "confort" de ses occupants puisque la radio (sur un système Alpine ancestral) ou encore la climatisation sont disponibles en option gratuite. Puis la Porsche, tout comme l'Alpine, peut être une voiture à vivre pour tous les jours. En tout cas plus que l'italienne. Du côté de la 4C, vous pouvez oublier la direction assistée, la coque en carbone est apparente dans l'habitacle, le coffre de 110 litres est minuscule, les rangements sont inexistants, le siège passager ne se règle pas et l'accès à bord est très compliqué. Clairement, c'est la voiture du dimanche, et du dimanche après-midi pour deux petites heures et par beau temps de préférence.
Notre version d'essai est assez particulière puisqu'il s'agit d'une finition "Edizione Speciale", une série limitée à 67 exemplaires qui rend hommage à la Stradale de 1967. Elle se reconnaît à ses multiples éléments en carbone. À l'extérieur, le matériau habille le spoiler arrière et les coques de rétroviseur. On le retrouve également à bord, sur les entourages des ouïes d'aération et le bloc d'instrumentation. Des inserts en carbone sont en outre présents sur le tunnel central et la planche de bord. Elle est également équipée des phares bi-xénon de la version Spider et jouit également d'un Pack Racing qui inclut des suspensions sport, des jantes de 18 pouces à l'avant et 19 pouces à l'arrière chaussées de pneus Racing et un volant sport. La sellerie et le revêtement de la planche de bord sont en cuir. L'italienne reçoit un échappement central à double sortie Akrapovič à la sonorité absolument démentielle.



Du bon... et du moins bon
Placé en position centrale arrière, nous retrouvons un quatre cylindres turbo 1,7 litre TBI développant 240 chevaux (à 6000 tr/min) et 350 Nm (de 2200 à 4250 tr/min). Un moteur que l'on retrouvait également au sein d'une certaine Giulietta Quadrifoglio Verde, mais celui de la 4C est 22 kilos plus léger. La sonorité qui émane de l'échappement vient envahir l'habitacle. De ce fait, l'usage de la radio est complètement inutile. L'ambiance sportive est bien plus marquée que sur ses concurrentes. Le revers de la médaille, c'est bien sur le confort. Malgré un tarage des suspensions plutôt sympa pour vos lombaires, l'assise très ferme des sièges viendra ternir le tableau. De toute façon qu'importe, ce n'est pas forcément la volonté de la voiture. Cela dit, cela pourrait rebuter de nombreux clients qui souhaitent tout de même avoir un petit degré de confort. La Porsche et l'Alpine sont largement au-dessus de la 4C à ce niveau. Au quotidien, la 4C est difficilement vivable. Vous êtes quasiment sûr de frotter à chaque dos d'âne, même à 10 km/h, sans compter qu'il faut également prendre en compte chaque relief qui peut se dresser sur votre chemin puisqu'avec une hauteur de caisse extrêmement basse, la 4C ne passe pas partout. Pour vous faire part d'une expérience personnelle, mon garage dispose d'un point de jonction pour relier les deux portes. Ce point de jonction en question est en relief et dépasse donc du sol. N'importe quelle voiture y passe, l'Alpine A110 et la Porsche 718 Cayman incluses, mais malheureusement pas la 4C. Direction le parking souterrain le plus proche donc, mais là aussi il a fallu batailler avec le volant et la direction non assistée pour pouvoir manœuvrer, d'autant plus que la visibilité est très moyenne et la voiture est très large pour son gabarit (1,86 mètre). L'italienne doit alors tout miser sur son comportement dynamique.


Pied au plancher, les gommes agrippent l'asphalte et emmènent la voiture de 0 à 100 km/h en 4,5 secondes et jusqu'à 258 km/h. Des performances de petites supercars en somme, le tout avec un niveau de sensations quasiment proche d'une voiture de course sans assistances. La direction non assistée y joue pour beaucoup également. La boîte robotisée à double embrayage est rapide et plutôt réactive, sans être aussi efficace qu'une PDK de chez Porsche. Arrivent les premiers virages et probablement nos premiers sourires. Problème, ce n'est pas un sourire de joie qui vient immaculer notre visage mais plutôt un sourire anxieux. À l'inscription en virage, nous rentrons un peu rapidement et la voiture semble avoir beaucoup de mal à tourner. Le train avant ne répond pas présent. La sensation est assez étrange au départ, comme s'il y avait un petit souci de direction. Du coup, on essaye de charger le train avant au freinage. C'est un peu mieux, mais nous avons toujours cette impression de flottement au moment de l'inscription en virage. Par contre, au niveau de la motricité, rien à dire, la voiture motrice très bien en sortie de courbe grâce notamment au différentiel Q2. Nous avons aussi apprécié la progressivité de la voiture aux limites de l'adhérence, elle ne vous piégera absolument jamais malgré 60 % du poids sur le train arrière et l'empattement court.
Le mot de la fin
Vous l'aurez compris, cette Alfa Romeo 4C est plutôt une seconde, voire même une troisième voiture. Ses concurrentes ne sont peut-être même pas les Alpine A110 et les Porsche 718 Cayman mais plutôt la Lotus Elise S dans l'esprit. Cela dit, en France, en dehors de l'A110 qui est la principale nouveauté parmi les quatre, les ventes se tiennent. Depuis le début de l'année 2019, la 4C s'est écoulé à 34 unités, la Lotus Elise à 24 exemplaires et la 718 Cayman a trouvé 56 acquéreurs. L'effet nouveauté de l'Alpine et le fait d'être sur son marché local lui permet de littéralement écraser le segment avec 1499 immatriculations depuis le début de l'année à l'heure où nous écrivons ces lignes. Concernant l'Alfa Romeo 4C, qui est en fin de vie pour rappel, sur une année pleine de commercialisation, il faut compter sur environ soixante ventes en France, comme en témoigne le chiffre de 2018 avec 61 immatriculations réalisées sur l'année. Il faut dire que l'italienne facture assez cher ses prestations. La voiture est disponible à partir de 63'200 euros et il faudra compter, sans les options, 67'500 euros pour notre version d'essai en finition "Edizione Speciale". Cette finition permet toutefois de profiter d'un avantage client de plus de 10'500 euros. Notre modèle d'essai, avec ses quatre options (Peinture Rouge Competizione à 2280 euros, les prises d'air latérale en carbone à 1440 euros, les étriers de frein rouges à 325 euros et les contre-portes en cuir avec surpiqûres à 865 euros), s'affiche au final à 72'410 euros, auxquels il faut ajouter un malus écologique de 2610 euros (suivant le barème de 2019) en raison de rejets de CO2 de 157 g/km. Plus chère qu'une Alpine A110, quasiment au même prix qu'une Porsche 718 Cayman, l'Alfa Romeo 4C s'adresse principalement aux passionnés et aux connaisseurs, qui seront très certainement bien inspirés de la garder et de la ressortir d'ici quelques années, quand les voitures plus qu'aseptisées auront envahi nos routes. Loin d'être parfaite avec ses quelques jolis défauts, l'Alfa Romeo 4C n'est peut-être pas une voiture du quotidien, mais son petit caractère singulier aura au moins eu le mérite de nous faire découvrir une voiture unique en son genre sur le marché automobile actuel.
Points positifs | Points négatifs |
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Sonorité démentielle | Train avant trop flou |
De vraies sensations de sportive | Assise des sièges trop fermes |
Ligne intemporelle | Très difficilement vivable au quotidien |
Galerie: Essai Alfa Romeo 4C (2019)
Alfa Romeo 4C