Mi-2016, un frisson a parcouru l’échine de nombre de Porschistes à la lecture de la fiche technique du tout nouveau 718 Cayman. "Quoi ? Quatre cylindres ?". Difficile de concevoir que le fameux flat six laisse sa place à un flat four, un "quatre pattes". Et pourtant, dans l’histoire de Porsche, le quatre cylindres remonte à loin. D'abord avec la 356 originelle, puis plus particulièrement en 1957, avec la légendaire 718. D'où l’appropriation des trois chiffres dans le nouveau patronyme. Targa Florio, 12 Heures de Sebring, autant d’épreuves mythiques dans lesquelles les 718 RSK Spider et autres 718 GTR, pour ne citer qu’elles, ont brillé. Et personne ne s’offusquait de la présence d’un quatre cylindres. Mais ça, c’était avant la course à la puissance.

"Hier, on considérait que la cylindrée faisait tout. Mais c’était hier. Et Porsche n’est pas d’hier." Une manière pour Zuffenhausen de faire le lien entre le passé et le futur, alors que les réglementations en matière d’émissions polluantes sont plus drastiques que jamais, et que les nouvelles technologies permettent de les respecter tout en améliorant encore les performances. Pourquoi s’en priver ? C’est pour en avoir le cœur net que nous nous sommes glissés dans le cockpit du dernier Porsche 718 Cayman de 300 chevaux, pour une journée sur les routes du parc naturel du Vexin français !

ESSAI Porsche 718 Cayman 2018

La mini-911

Le Cayman en est déjà à sa quatrième génération. Après les 986 (uniquement en Boxster) de 1996, 987 de 2005 et  981 en 2012, c’est en 2016 qu’est apparue la version 982, notre 718 Cayman. Vous suivez ? Tout cela pour dire que seuls les regards experts arriveront à faire la différence au premier coup d’oeil entre les différentes générations et restylages. Et dans le cas de ce 718 Cayman, les particularités esthétiques sont tellement ténues avec la version précédente, qu’on ne sait plus bien si c’est une nouvelle génération comme l’affirme Porsche, ou un restylage. Pourtant, ce sont bien 70% des pièces de la carrosserie qui sont neuves !

ESSAI Porsche 718 Cayman 2018
ESSAI Porsche 718 Cayman 2018
ESSAI Porsche 718 Cayman 2018

Nouveau bouclier avant agressif avec feux horizontaux (clignotants et feux de position) intégrés, bloc optique bi-xénon avec les feux de jour à quatre points lumineux comme sur les derniers Cayenne, Panamera et 911, prises d’air latérales élargies pour alimenter le turbo et baguette noire qui fait la jonction entre les nouveaux feux transparents à l’arrière, voilà les caractéristiques du modèle. L’allure générale reste aussi compacte et agressive qu’avant, plus que jamais le 718 Cayman s’affirme comme une petite 911. Mais avec 12 centimètres de moins de long que sa grande soeur (4,37 m), et une largeur identique, 1,80 m, il fait presque plus sportif à l’œil. Ne serait-ce pas le format de sportive idéale ?

Notre modèle d’essai, bardé d’options, ne fait pas facturer le rouge indien de sa carrosserie. En revanche pour les jantes de 20 pouces "Carrera S", la facture s’allonge de 2520 €. Et leur finition brillante en noir, sortie tout droit du catalogue "Porsche Exclusive" ajoute encore 1188 €. Le prix à payer pour avoir le look chez Porsche ! Et vous allez voir que côté options, notre modèle a encore de la ressource. Beaucoup de ressources !

ESSAI Porsche 718 Cayman 2018

Reptile connecté

Plus petite que la 911 à l’extérieur, mais aussi et surtout à l’intérieur ! Même si dans la "neun-elf" les places arrière sont symboliques, il y a de quoi caler de petits sacs. Ou des enfants. Dans le 718 Cayman, derrière les sièges, c’est directement le moteur !  Donc à part la plage arrière pour glisser son blouson, ne cherchez pas les rangements : il n’y en a pas ! Il n’empêche qu’un cockpit biplace, c’est aussi très agréable. Cela donne l’impression de faire corps avec la machine. Et puis côté commandes, tout est à proximité, tout tombe sous la main. (Très) bien calé dans son siège sport (option là encore, à 2280 €), on trouve une position de conduite parfaite, basse mais pas trop, avec le volant largement inspiré de la 918 Spider face à soit. Il est tout simplement sublime. Ergonomique, pas trop grand, il vous donne l’impression de maîtriser l'engin. C’est bête, mais même à l’arrêt. Quelques boutons bien placés permettent notamment de régler le volume sonore, ou de jongler entre les différents modes de vues du compteur de droite, entièrement digital. Navigation, ordinateur de voyage, radio compteur de Force G, Porsche est entré dans l’ère 2.0. Le grand compte-tour occupe lui toujours la place centrale, le compteur de vitesse gradué à 250 km/h est à gauche.

ESSAI Porsche 718 Cayman 2018
ESSAI Porsche 718 Cayman 2018
ESSAI Porsche 718 Cayman 2018

L’impression de cockpit est renforcée par ce tunnel central haut, qui accueille en son centre le levier de la boîte automatique PDK. Mais si le dernier système d’infodivertissement PCM (Porsche Communication Management) fait son apparition, très intuitif et agréable à manier en tactile, Porsche conserve des dizaines de boutons sur la console centrale, pour la climatisation, pour afficher le menu de l’écran… Dommage, on s’y perd vite, et la plupart sont difficiles à atteindre avec le levier de boîte de vitesses. Pas très pratique.

On passe rapidement sur les matériaux, d’excellente facture, et la finition, là aussi parfaite, pour arriver sur le coffre. Ou plutôt les coffres puisqu'avec son moteur en position en position centrale, il y a un coffre à l’avant, un autre à l’arrière, respectivement de 150 et 275 litres. Bien pratiques pour partir en week-end à deux !

ESSAI Porsche 718 Cayman 2018
ESSAI Porsche 718 Cayman 2018

Le Cayman gronde toujours

Une fois la clé en forme de voiture tournée, toujours à gauche du volant, une tradition chez Porsche, le quatre cylindres se met en marche. Et force est de constater que Porsche a bien travaillé la sonorité pour tenter de masquer l’absence de flat six. Un grondement rauque mais un peu métallique, qui n’hésite pas à crépiter à la décélération, plutôt sympa ! Mais pour être tout à fait honnête, après quelques heures à son volant, d’affilée, le bruit est un peu trop présent, un peu fatigant. Ce qui n’aurait pas été le cas avec le six à plat.

Mais que l’on se rassure, le tempérament du 718 Cayman est toujours aussi sportif ! Alors que la version "S" atteint 350 ch (2,5 litres turbo), notre version "de base" annonce 300 chevaux avec son bloc 1988 cm3 . C’est 25 ch et 100 Nm (380 Nm) de plus qu’auparavant, notamment grâce à l’arrivée du turbo. Ça promet ! De quoi propulser le reptile à 100 km/h en 4,7 secondes, et atteindre 275 km/h !

ESSAI Porsche 718 Cayman 2018

Très facile à mener au quotidien, en ville ou sur petites routes, ce 718 Cayman n’hésite pas à lâcher la bride sur simple sollicitation de la pédale de droite, jusqu’à très vite, trop vite, arriver au delà des limites légales. Les performances sont là, c’est clair. Mais le caractère ? Et bien il est légèrement en retrait par rapport au flat six. Plus facile à mener, il est aussi plus linéaire, sans gros coup de pied aux fesses. Le turbo fait le travail, le paysage vous saute vite à la figure, mais il n’y a plus la claque qui vous disait de faire attention. Quant à la boîte à double embrayage PDK, elle fait toujours des merveilles. D’efficacité, de discrétion, d’agrément. En un mot : parfaite.

Pas besoin d’aller vite pour prendre du plaisir : le premier rond-point se transforme en chicane des Hunaudières !

D’autant qu’en optant pour le Pack Sport Chrono, le volant façon 918 Spyder intègre également ce que l’on appelle chez Ferrari un Manettino, la molette permettant de changer de mode de conduite. Normal, Sport, Sport + et Individuel, pour des paramètres personnalisés. De quoi jouer sur le caractère de ce 718 Cayman, sa sonorité, sa montée en régime, ses suspensions, que vous rouliez en ville ou sur circuit.

Dernier mot sur la conduite avec l’un des points forts aussi de ce 718 Cayman, le comportement. C’est d’abord une question de répartition des masses. Avec ce moteur presque au centre, la balance est quasi parfaite : 54% à l’arrière, 46% à l’avant. Et puis le châssis a fait l’objet de nouveaux réglages, les amortisseurs ont été reconfigurés, la direction est devenue plus directe. Tout ici est tourné vers le plaisir. Pas besoin d’aller vite pour en prendre ! Le premier rond-point se transforme en chicane des Hunaudières ! En revanche pour faire décrocher l’arrière, il va falloir y aller fort.

ESSAI Porsche 718 Cayman 2018

Conclusion

Alors est-ce que le 718 Cayman perd en caractère par rapport à son prédécesseur ? Oui, sans doute un peu. À l’oreille, comme en tempérament. Ce qui ne veut pas dire que les sensations ne sont plus là, au contraire, que les performances sont en retrait, c’est l’inverse. Mais il manque ce petit supplément d’âme qu’avait le reptile quand il marchait sur six pattes, et non quatre. Pour autant, si on devait donner une note globale, Porsche s’approche une fois de plus de la sportive parfaite. On arrive même à se demander ce que la 911 offre de plus ? Une chose est sûre, c’est qu’avec une telle copie livrée par Porsche, la concurrence, la future Alpine A110 la première, moins puissante mais à la configuration similaire, mais aussi la nouvelle Jaguar F-Type quatre cylindres, de puissance égale mais avec le moteur à l’avant, ont fort à faire.

En revanche, là où le tableau s’assombrit pour Porsche et sa 718 Cayman, c’est une fois de plus en passant à la caisse. 53’960 € pour s’offrir ce jouet extra, ce n’est pas donné, mais pas non plus ahurissant. Mais chaque petit équipement se paye chez Porsche. Au prix fort. Résultat des courses : notre modèle d’essai grimpe à… 85’226 euros, soit plus de 30’000 euros d’options ! On ne devient pas le constructeur automobile le plus rentable sans raisons...

Photos : Mael Pilven / Motor1.com

 

 

Points positifs Points négatifs
Efficacité et tempérament sportif Son du moteur, travaillé mais fatiguant
Réglages du châssis aux petits oignons Quatre cylindres moins expressif que le flat-6
Finitions et équipements parfaits Liste incommensurable d'options

Galerie: ESSAI Porsche 718 Cayman 2017

Porsche 718 Cayman 300 chevaux PDK

Motorisation Essence, quatre cylindres à plat, 1988 cm³, turbo, injection directe
Puissance 300 chevaux / 380 Nm
Transmission Boîte automatique à 7 rapports - PDK
Type de transmission Propulsion
0-100 km/h 4,7 secondes
Vitesse de pointe 275 km/h
Poids 1410 kg
Volume de coffre 150 litres à l'avant / 275 litres à l'arrière
Places 2
Economie de carburant Urbain : 9 l/100 km / Extra-urbain : 9,7 l/100 km / Mixte : 6,9 l/100 km
En vente 2016
Prix de base 53'960 €
Prix de la version testée 85'226 €

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