- Bruxelles, Belgique (comparatif réalisé avec Emmanuel van den Brûle)
Pas question cette fois de parler de rayon de braquage ou encore de Start/Stop. Points d’attention du jour : volume de chargement et capacité à franchir des obstacles intimidant plus d’une voiture "normale". Le segment des pick-up est particulier dans le secteur automobile puisqu'il conserve un pied dans le passé, tout en se tournant vers le futur.
Les trois principaux pick-up du marché ont évolué ces derniers temps, revoyant leur design tout en diminuant leur cylindrée. Au revoir les 6 cylindres de 3.000 cm3 et dérivés, qui laissent désormais la place à des 4 pattes oscillant entre 2.300 cm3 (Nissan Navara) et 2.400 cm3 (Toyota Hilux), mais également à un 5 cylindres de 3.200 cm3, pour la Ford Ranger, exception du trio. En cause de cette diminution, la volonté des constructeurs de baisser leurs émissions de CO2 évidemment. À ce petit jeu-là, quel véhicule s’en sortira le mieux ?
Réveillons les moteurs
Avec son 5 cylindres 30 % plus volumineux que les autres, c’est clairement le Ranger qui s’en tire avec les honneurs. Couple à volonté, consommation bien maîtrisée, nous avons affaire ici à un bloc extrêmement attachant. Et de par son architecture disposant d'un cylindre supplémentaire, la sonorité, si elle n’est pas plus discrète, se fait moins désagréable à l’oreille que les 4 cylindres dont la musique à parfois tendance à rappeler un tracteur au petit matin. Mais les autres moteurs n’ont néanmoins pas à rougir, car leur consommation les replace dans la course. Extrêmement sobre, le bloc Nissan est en tête avec 8,4 l/100km, plus de 2 litres de moins que son homologue américain ! Le mauvais élève de la bande, pour ce point, est l’Hilux, qui manque un peu de couple, mais se retrouve principalement handicapé par sa boîte automatique qui tire les rapports trop haut. Les étagements des boîtes manuelles de ses rivales sont en outre très bien calculés, en transmission longue comme courte. En parlant de boîte, le levier de la Nissan Navara hérite d’un débattement énorme, et par conséquent d’un maniement plutôt viril. Pratique, si on veut ranger la boîte à outils entre la troisième et la quatrième. Moins lorsqu’on se balade en ville...
Sur l’asphalte
La vocation de ces trois pick-up n'est bien entendu pas d'avaler des kilomètres dans un confort de limousine. Hormis le Navara, nos comparses sont équipés de ressorts à lames sur le train arrière, et cela se ressent directement. Tendance à sautiller, confort scabreux, on est loin des SUV qui se vendent à la pelle en ce moment. Cependant, pour choisir un gagnant, il est difficile de trancher entre la Nissan, mieux suspendue, mais dont les sièges n’offrent aucun moelleux, et la Ford, dont l’habitacle est mieux pensé, et plus confortable.
A lire aussi : Essai : Jaguar F-Pace 2.0D AWD
Mais au niveau de la présentation intérieure, c’est l’Hilux qui se démarque clairement. Sobre, bien fini, et surtout au goût du jour, on voit clairement qu’on est chez Toyota. Encore plus qu’au niveau des moteurs, c’est sur ce point que les pick-up de dernière génération ont évolué.
Et hors des routes ?
Évidemment, tous les conducteurs de pick-up ne sont pas férus de hors-piste. Mais une grande partie des acheteurs de ce segment prennent cet aspect en compte, on ne peut donc le contourner.
Sur ce point, celui que l’on attendait le plus a finalement déçu, non par ses qualités intrinsèques, mais par une monte pneumatique routière, handicapant le Ford Ranger plus d’une fois. Face aux japonaises, le couple débordant de l’américaine n’a pas pu faire la différence, la faute aussi à un poids plus élevé en raison du moteur plus volumineux. Celui qui s’en tire avec les honneurs, au milieu des bois, c’est l’Hilux. Avec une facilité déconcertante, due à un poids limité, une monte pneumatique adaptée et une boîte automatique dont les rapports sont blocables, la Toyota a traversé les petits chemins sans broncher ni s’arrêter. Suivie de près par la Nissan, dont le confort met plus en confiance, notamment grâce au différentiel lui aussi blocable, mais au volant de laquelle il y aura plus de boulot, en raison de la boîte manuelle.
Équipée de pneumatiques adaptées, il est certain que la Ford Ranger aurait été au niveau des deux autres véhicules, bénéficiant en plus d’un moteur attachant, et d’une boîte au maniement aisé, mais la polyvalence de ses deux rivales ne garantit pas une victoire américaine.
En conclusion
S’il ne fallait en choisir qu’une, la tête balancerait longuement entre les qualités de chacune. Entre la facilité d’utilisation de la Toyota, le moteur de la Ford et le volume de chargement de la Nissan, le choix est ardu. Mais si le cœur entre jeu, c’est le Navara qui passe en tête. Son dynamisme justifie suffisamment sa victoire.
Points forts - points faibles
Ford Ranger 3.2 TDCI
+ Couple phénoménal et agrément du 5 cylindres
+ Finition intérieure
+ Confort
- Consommation
- Manque de mesures off-road (pneus route)
- Confort d’amortissement sommaire
Nissan Navara
+ Dynamisme général
+ Confort de suspension
+ Direction
- Finition intérieure
- Débattement de boîte
- Bruits de moteur très présents
Toyota Hilux
+ Efficacité off-road
+ Boîte automatique confortable
+ Finition intérieure
+ Isolation acoustique bien au-dessus de ses rivales
- Consommation
- Manque de dynamisme
- Train arrière au feeling trop léger
Fiches techniques :
Ford Ranger 3.2 TDCI (finition Wildtrak) : 43.020 €
5 cylindres (diesel) - 3.198 cc
Boîte manuelle - 6 rapports
200 ch – 470 Nm
Off : 9,7 l/100 km – Réel : 10,9 l/100 km
256 g/km
175 km/h
2.230 kg
Nissan Navara (finition Tekna – 190 chevaux) : 43.600 €
4 cylindres (diesel) – 2.298 cc
Boîte manuelle – 6 rapports
190 ch – 450 Nm
Off : 6,4l /100 km – Réel : 8,4 l/100 km
169 g/km
184 km/h
1.963 kg
Toyota Hilux (finition Lounge – 150 chevaux) : 43.050 €
4 cylindres (diesel) – 2.393 cc
Boîte automatique – 6 rapports
150 ch – 400 Nm
Off : 7,3 l/100 km – Réel : 10,1 l/100 km
194 g/km
170 km/h
2.100 kg