Depuis un an, la Californie et 21 autres États mènent une fronde contre l'administration Trump, qui a décidé de revenir en arrière sur les décrets signés par Barack Obama au sujet des émissions polluantes liées à l'automobile, fixée par la consommation des véhicules, qui doit leur permettre de faire 54,5 miles avec un gallon d'essence, environ 4 litres. Traduit selon nos normes, cela signifie que les constructeurs devront présenter dans l'intégralité de leur gamme une moyenne de consommation de 4,32 l/100 km à l'horizon 2025.
Donald Trump et son administration ont décidé de revenir en arrière et d'autoriser les constructeurs à s'en tenir aux normes en vigueur actuellement. Peu avant l'été, nous vous rapportions que plusieurs constructeurs avaient demandé au président d'appliquer les normes prévues par l'administration précédente, afin que les États-Unis soient liés sous les mêmes législations. Parmi eux, les plus véhéments étaient BMW, Ford, Honda et Volkswagen, qui ont fait l'objet d'une plainte par le gouvernement fédéral, qui les a accusés de réduire l'accès aux voitures et de réduire le pouvoir d'achat, puisque cela ferait augmenter le prix des véhicules à l'avenir.
Au total, 17 constructeurs avaient fait cette demande à Donald Trump, mais certains se sont finalement rétractés et, sous l'égide d'une association de constructeurs, se sont exprimés en faveur du président, et de la conservation de normes plus polluantes, dans le but de ne pas limiter la croissance. La branche américaine de Fiat Chrysler Automobiles en fait partie, même si la marque n'a pas communiqué officiellement à ce sujet. Contactée par nos soins, la division européenne du groupe n'a pas souhaité s'exprimer, précisant simplement que les décisions prises outre-Atlantique ne concernaient que FCA Amérique du Nord.
Toyota, Fiat et General Motors dans le camp Trump
GM en fait également partie, tout comme Toyota, de manière bien plus surprenante. La réponse donnée par Toyota France a été similaire à celle de FCA, puisque les deux entités géographiques sont séparées, mais la marque japonaise a en revanche très clairement communiqué à ce sujet aux États-Unis, expliquant ne pas vouloir appliquer une différenciation de législation selon les États, et se positionner en faveur du gouvernement fédéral, c'est-à-dire dans la position voulue par Donald Trump et son administration. Le président a récemment lancé une action en justice contre la Californie, et Toyota a expliqué son soutien au président, ce qui met en péril l'image verte de la marque, pourtant toujours constructeur le plus propre d'Europe.
"Toyota est passionné d'environnement et de réduction de notre impact", débute le communiqué, comme une justification. "Notre volonté constante d'amélioration de la société est inscrit dans notre ADN, et en tant que leader pour les véhicules électrifiés, c'est ce que nous sommes en tant qu'entreprise. [...] Toyota soutient les progrès d'année en année sur les économies de carburant, bénéfiques à notre climat, et plus alignées avec la volonté des consommateurs. C'est pour cela que nous restons impliqués afin d'être un leader dans le développement de véhicules aidant à réduire les gaz à effet de serre."
Et de justifier ensuite le parti pris dans cette plainte : "Toyota a pris part à cette action légale, pas en tant que plaignant ou défenseur, et pas en faveur d'un parti politique. Toyota intervient pour avoir un impact sur l'application des standards d'émissions. Nous voulons aider à forger un compromis durable pour les consommateurs et l'environnement. Sans rejoindre cette action légale, nous n'aurions aucune capacité à en affecter l'issue."
Une justification écologique à des enjeux économiques
La marque assure faire cela pour penser à l'environnement, tout en expliquant que soutenir l'écologie se fera en assurant un meilleur pouvoir d'achat pour ses clients américains. Une décision qui semble toutefois guidée par le fait que la meilleure vente de la marque sur le sol américain est le RAV4, qui se place juste derrière un trio de pick-ups de Ford, Fiat et GM. Toyota expose donc sa logique à ce sujet.
"Nous ne pensons pas qu'il devrait y avoir différents standards dans différents États. Il ne devrait y avoir qu'un standard américain. C'est pour ça que l'on s'implique dans cette plainte. Cela ne réduit pas notre implication envers l'environnement, ni notre désir de fabriquer des voitures produisant moins d'émissions. Des standards multiples donneront des voitures plus chères. Et si les prix augmentent, les clients garderont leur ancienne voiture, moins efficiente, plus longtemps."
Toyota rappelle ensuite avoir vendu 3,6 millions de voitures hybrides sur le sol américain depuis 2000, et explique que ses ventes de voitures hybrides ou électrifiées atteignent 11 % aux USA, ce qui reste loin des 50 % constatés en Europe. Venant d'un constructeur engagé dans une automobile plus propre depuis 20 ans, un tel message est difficile à percevoir, et les justifications sont forcément plus compliquées à admettre.