Après une année 2021 déjà record, les professionnels du secteur s'attendent à ce que les ventes de bioéthanol augmentent encore en 2022. Confrontés aux augmentations des prix de l'essence et du diesel, avec une moyenne à plus de 2 €/litre, de nombreux automobilistes choisissent ce carburant moitié moins cher.

Mais qu'est-ce que le bioéthanol ? Est-ce bon pour l'environnement ? Comment l'utiliser ? C'est ce que nous allons voir ci-dessous.

Le bioéthanol, qu'est ce que c'est ?

Le bioéthanol, commercialisé sous le nom de Superéthanol-E85 ou E85, est un carburant où l'alcool, l'éthanol en l'occurrence, remplace une partie de l'essence contenue dans les carburants traditionnels.

Deux types d'éthanol existent : le synthétique, issu du pétrole, et le biologique, le bioéthanol, fabriqué à partir de blé, de maïs ou de betteraves sucrières.

L'éthanol est présent dans tous les carburants suivant des proportions différentes. L'E85, lui, contient entre 65 et 85 % de bioéthanol, contre 5 à 10 % dans les carburants fossiles comme le sans-plomb 95-E10 par exemple.

Un carburant qui revient à la mode

L'utilisation de l'éthanol comme carburant remonte aux années 1920. Eclipsé par le pétrole dans les années 1960, son utilisation est relancée en 1973 après le choc pétrolier. Aujourd'hui, 30 % des stations-service françaises proposent du bioéthanol, soit 2 739 selon le site bioethanolcarburant.com.

Depuis plusieurs mois, le bioéthanol, vendu en France depuis 2007, connaît un pic de popularité. Selon les chiffres de la Collective du bioéthanol, les ventes de l'E85 ont augmenté de 33 % en 2021 par rapport à 2020, pour atteindre 4 % des ventes d'essence.

En cause, des taxes inférieures et donc un prix très attractif : 0,93 centime le litre en moyenne la semaine dernière en France, moitié moins qu'un carburant classique. Pourtant, lui aussi a subi d'importantes augmentations ces dernières semaines. En décembre 2021, le litre de bioéthanol s'échangeait en moyenne contre 0,72 centime le litre.

Comment l'utiliser ?

La première option est d'acheter un véhicule déjà équipé. Si les constructeurs automobiles restent dubitatifs, certains se sont déjà lancés, comme Ford et Jaguar Land Rover qui ont vendu près de 6 000 véhicules adaptés en 2021.

Autre possibilité : la conversion de son véhicule. En 2021, plus de 30 000 automobilistes ont installé un boîtier homologué dit "flex fuel" dans un garage agréé, soit deux fois plus qu'en 2020 selon la Collective. Ce boîtier en coûte entre 700 et 1 600 euros, selon les installateurs. Néanmoins, il existe de nombreuses aides, notamment régionales, pour faire diminuer la facture.

Est-ce une solution vraiment durable ?

Le bioéthanol coûte moins cher et il émet moins de CO2 au litre que les carburants traditionnels, mais il est nécessaire en plus grande quantité : un véhicule éthanol consomme en moyenne 15 à 25 % de carburant en plus qu'une voiture essence.

Et comme le bioéthanol provient majoritairement de cultures alimentaires, à commencer par la betterave, il faut également inclure les émissions de gaz à effet de serre liées à ces cultures pour évaluer son impact climatique complet.

Or sur l'ensemble du cycle, les biocarburants utilisés en Europe ont une empreinte carbone inférieure de seulement 2 % à celle de l'essence, estimait l'International Council on Clean Transportation (ICCT) dans une grande étude comparative publiée en 2021.

En outre, la production d'éthanol renforce les effets néfastes de l'agriculture industrielle sur les sols, l'eau et l'air. Pour produire du maïs ou des betteraves de façon intensive, l'usage de pesticides de synthèse comme les néonicotinoïdes est ainsi très souvent pratiqué, prévient l'association Inspire dans son "co-guide de l'automobile".

Enfin, la filière pourrait se heurter à un souci de taille dans les prochaines années : sa capacité à répondre à la demande face aux règlementations européennes. L'Europe limite en effet à 7 % la part de biocarburants issus de cultures alimentaires dans l'énergie des transports. En 2019, bien avant l'explosion de 2021, la France culminait déjà à 6,8 %. (avec AFP)