Depuis 30 ans, le Festival of Speed de Goodwood se présente comme l'un des plus grands rassemblements de voitures au monde. Chaque année, des centaines de modèles, toutes catégories confondues, circulent sur le fameux parcours bordé par les ballots de pailles et la foule.
Si les constructeurs en profitent pour présenter leurs nouvelles machines, c'est également une occasion en or de faire un sacré bénéfice pour les maisons de ventes aux enchères.
C'est ce qu'a fait Bonhams les 13 et 14 juillet derniers, en proposants 244 lots liés à l'automobile : des voitures anciennes, des livres, des tableaux mais aussi quatre Formule 1 qui représentent autant de décennies différentes.
Tyrrell-Renault 014 1985/86 (châssis 014/3)
Vendue pour 67 120 €
Galerie: Tyrrell-Renault 014 de 1985/86
Cette Tyrrell historique était équipée du célèbre moteur V6 Renault turbocompressé qui a remplacé la longue et fructueuse gamme de moteurs Cosworth V8 de 3,0 litres. Conçue par Maurice Philippe pour la saison 1985, la Tyrrell 014 était une toute nouvelle voiture intégrant un châssis en fibre de carbone et en aluminium. La suspension était à tirants à l'avant et à l'arrière, comme sur le modèle précédent.
Fournis par Mecachrome, les moteurs Renault de l'équipe étaient d'anciennes versions, les dernières spécifications étant réservées à d'autres clients comme Lotus. La 014 a fait ses débuts en juillet 1985 au Grand Prix de France et a continué à courir en 1986 avant d’être retirée.
Martin Brundle, bien connu au Royaume-Uni pour sa seconde carrière en tant que commentateur TV, a piloté le châssis 014/3 pour sa deuxième saison en catégorie reine, au Grand Prix d'Italie 1985 (à Monza), qu'il a conclu à la huitième place. Il a de nouveau concouru dans cette voiture lors des Grands Prix de Belgique, d'Europe, d'Afrique du Sud et d'Australie avec comme meilleur résultat une septième place sur le circuit de Kyalami, juste en dehors des points à l'époque.
Le châssis 014/3 a également été piloté par Stefan Bellof et le français Philippe Streiff durant cette période mais sans grand succès. Malgré son manque de compétitivité, cette Tyrrell n'a pas eu de mal à trouver preneur à Goodwood et il s'avère que la 014/3 est pratiquement dans l'état de sa dernière course, son moteur en moins (ce qui est toujours bon à savoir).
Lotus-Mugen Honda Type 107C 1993/94 (châssis 107C-01)
Vendue pour 112 069 €
Galerie: Lotus-Mugen Honda Type 107C de 1993/94
La Lotus Type 107 était déjà prête pour la saison 1992 de Formule 1, année du retour du Team Lotus vers des résultats un peu plus honorables sous la direction de Peter Collins et Peter Wright. Cette saison-là, l'équipe britannique, qui a fait de bons progrès avec le moteur Ford HB V8 de 3,5 litres, s'est disputée la place du meilleur des autres derrière l'élite composée de Williams, McLaren et Benetton.
L'équipe technique de Lotus a été renforcée par le designer Chris Murphy. Le nouveau châssis avait été conçu à l'origine pour un moteur Judd V10, mais un nouvel accord avec les propriétaires de Cosworth a finalement mené à l'utilisation de la prometteuse unité Ford HB.
Murphy poursuit une philosophie de conception de simplicité et de légèreté. Les deux systèmes de suspension active et passive ont été déployés cette année-là, et avec les pilotes Mika Häkkinen, futur double Champion du monde, et Johnny Herbert, l'écurie basée à Norfolk a connu une année 1992 relativement bonne.
En 1993, les Lotus Type 107B mises à jour ont montré un début de progrès, toujours en utilisant la puissance du V8 Ford HB et avec Johnny Herbert, Alessandro Zanardi et Pedro Lamy au volant. Mais en 1994, on était en droit d'en attendre plus avec l'utilisation exclusive des groupes propulseurs Mugen Honda V10.
Les dernières voitures du Team Lotus, de plus en plus à court d'argent, se sont révélées fiables en début de saison et Johnny Herbert a terminé septième au Brésil et au Japon. Mais lors d'essais sur le circuit de Silverstone, Pedro Lamy a subi un terrible accident dans la courbe d'Abbey et a eu la chance d'être extrait du cockpit de sa voiture accidentée avec seulement les jambes cassées. La Lotus 107C qu'il conduisait ce jour-là est censée être ce châssis 01 vendu par Bonhams.
Force India-Mercedes-Benz VJM02 2009 (châssis VJM02-4R)
Vendue pour 81 931 €
Galerie: Force India-Mercedes-Benz VJM02 de 2009
La modeste écurie Spyker est devenue Force India en 2008. Sous la direction du célèbre Vijay Mallya, l'équipe a pour objectif de viser les points régulièrement. Les espoirs du patron indien sont vite moqués par l'ensemble du paddock et Force India est bien la lanterne rouge du peloton pour sa première saison.
Pourtant l'impensable allait se produire lors du Grand prix de Monaco, sixième épreuve de la saison, lorsque Adrian Sutil a profité d'une course rocambolesque pour filer vers la quatrième place avant qu’un Kimi Räikkönen (Champion du monde 2007) en perdition ne mette fin aux espoirs du pilote allemand. Mais Force India n'allait pas en rester là.
En 2009, la Formule 1 vit l'un de ses bouleversements techniques les plus importants : les ailerons deviennent plus larges à l'avant et plus étroits à l'arrière et cette année marque l'arrivée du KERS et du double diffuseur. Force India entame sa saison avec cette VJM02 plus aboutie que sa devancière et conçue par Mark Smith et James Key. La monoplace est propulsée par un V8 Mercedes, une valeur sûre du plateau.
Cette année là, la hiérarchie est complètement chamboulée et les petites équipes prennent le pouvoir face aux McLaren, Ferrari et BMW. Malgré tout, Giancarlo Fisichella (trois victoires en F1) et Sutil n'arrivent pas à placer cette Force India vers le haut de la grille… du moins jusqu'à Spa.

Dans l'Ardenne belge, Fisichella va réaliser un exploit à bord du châssis VJM02-4R puisqu'il va donner à Force India la première et unique pole position de son histoire. Le lendemain en course, seul Räikkönen (un vrai fléau pour cette équipe, décidément) et sa Ferrari sont en mesure de s'opposer à Fisichella, qui ira tout de même chercher une belle deuxième place. Cette performance au volant de cette voiture n'a pas été oubliée depuis, et surtout pas par Bonhams.
Lotus Type 125 2013 (châssis C003)
Vendue pour 336 058 €
Galerie: Lotus Type 125 de 2013
Cette monoplace est de loin la plus chère des quatre F1 vendues par Bonhams à Goodwood, ce qui peut être une petite surprise puisque ce modèle n'a jamais été destiné à la compétition en catégorie reine, cette tâche revenant à la superbe E21 (voir ci-dessous).

L'écurie Lotus réapparaît en F1 lors de la saison 2010, sous le nom de Lotus Racing, bien qu'il s'agisse en fait d'une entreprise malaisienne autorisée à utiliser ce nom (cette équipe s'appellera plus tard Caterham). Le Team Lotus officiel a en fait été relancé en 2011 avant de redevenir Renault en 2016 suite à la faillite de l'équipe.
Pendant les dernières années de l'écurie Lotus en F1, Danny Bahar, un homme d’affaires, a voulu faire rouler la Type 125 dans un championnat privé. Dévoilée au Musée du Louvre, la voiture a été présentée pour la première fois au public en janvier 2011 lors du salon Autosport International à Birmingham, en présence de l'ancien pilote français Jean Alesi.
La Type 125 était équipée d'un châssis en fibre de carbone et d'un moteur V8 de 3,8 litres fourni par Cosworth Engineering, un collaborateur de longue date de Lotus. Ce moteur était basée sur celui d'une IndyCar mais amélioré pour le rendre plus flexible et moins exigeant à exploiter avec ses 640 ch envoyé aux roues arrière via une transmission séquentielle à six rapports. Le cockpit était également plus large pour permettre à des personnes de grande taille de pouvoir s’y installer.
La première Type 125 a été testée sur le circuit de Vallelunga en Italie et est apparue plus tard dans le magazine Top Gear de la BBC, non sans donner des sueurs froides au présentateur principal, Jeremy Clarkson. Ensuite, c’est le célèbre "Stig" (le pilote d’essai anonyme en combinaison blanche) qui a piloté la Type 125 sur le circuit de Top Gear en signant un temps de 1'03"8. C’était seulement quatre secondes plus lent que la Renault R25 de Fernando Alonso qui avait déjà roulé sur ce tracé. Malheureusement, le projet ambitieux de Bahar s’est avéré irréalisable et seulement cinq Type 125 ont été achevés, dont celle-ci.
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Source: Bonhams