Dans notre rubrique "Étude de style", nous revenons sur les concept-cars marquants des constructeurs, et voyons quelle influence ils ont eu sur les voitures de série.
L'année 2003 a été marquée par plusieurs décisions majeures, celle de la guerre en Irak, notamment ou du dernier vol du Concorde. Sous la présidence de Jacques Chirac, une Tragédie vient aussi marquer le pays, et fait Hey oh, en bas de chez vous. Néanmoins, la crise n'est pas encore là, et les constructeurs français, comme Peugeot, surfent sur le succès. En décalé par rapport à ses concurrentes directes que sont la Renault Laguna et la Citroën C5, Peugeot prépare le remplacement de sa berline, la 406.
Peugeot joue gros avec cette auto. En dépit du succès de la 307, la marque au lion a souffert du manque de fiabilité de sa compacte à ses débuts, et celle que l'on nomme 506 avant sa sortie, se doit non seulement d'être parfaite, mais également d'annoncer la révolution du dessin de Peugeot, entamée avec les concepts RC Pique et Carreau, l'année précédente.



Pour le Salon de Francfort 2003, plutôt que de présenter sa nouvelle berline dans sa version définitive, Peugeot amène un concept-car, nommé 407 Elixir. Premier indice sur cette auto, le nom. Peugeot garde donc le principe de la série 400. Surtout, le lion suit une tradition sur ses concepts-cars entamée sur le Prométhée, qui annonçait la future 307, celle d'un concept proche de la série, mais assez éloigné pour laisser du suspens avant la présentation officielle.
Ne nous en cachons pas cependant, la 407 Elixir annonce beaucoup de détail sur les futures Peugeot. La face avant, tout d'abord, n'est autre que celle de la future 407. Feux longs, effilés sur les bords de l'auto, grande bouche à l'avant, avec deux antibrouillards rectangulaires sur les côtés… Désormais, on sait à quoi s'attendre avec les futures créations de Gérard Welter et de ses équipes. Le capot, plat, plongeant vers l'avant, au bout duquel l'on retrouve un immense lion, vient profiler un vaste pare-brise, qui lui-même et prolongé par un immense toit en verre.
Le diable dans le détail
Une technologie chère au constructeur sochalien, qui l'a introduite l'année précédente sur la 307 SW, et qui semble plaire aux familles. L'indice de sa mise en série sur la 407 est ainsi habilement lâché. Tout comme cette longue ligne qui vient marquer le milieu de caisse sur le profil de l'auto. Évidemment, la 407 Elixir est un break de chasse, il sera difficile de trouver des indices pour imaginer une berline. Et pourtant, quelques infos circulent. À l'image de ces passages de roues marqués, venant ajouter un côté sportif à la voiture, qui ne manque déjà pas de dynamisme. Néanmoins, on sent une inspiration germanique dans ce dessin.





La forme des vitres annonce cependant plutôt l'arrière… de la version SW de la 407. Cette custode arrière, qui se referme vers la lunette, répond à cette dernière. L'esprit de ce dessin se retrouvera clairement sur la version break de la 407. Certes moins marquée, cette lunette vient donner du rythme à la version allongée de la berline. À l'époque, si l'on commence à sortir du break utilitaire, on hésite encore à grappiller sur l'espace chez les Français. Il faut dire que la devancière de la 407, la 406 ne profitait pas d'un coffre, mais plutôt d'un gouffre. Ce côté assez trapu, descendant vers l'avant, lui, sera la marque de fabrique des futures Peugeot, notamment, de la remplaçante de la 307, la 308.
Les jantes sont aussi intéressantes. En version concept-car, elles sont de 21 pouces. Sur la version de série, elles descendront à 16, voire 17 pouces, mais reprendront ce dessin à cinq branches, plutôt efficace.
L'arrière, lui se rapproche plus de celui de la version break. La berline sera un peu plus sage. Dans les deux cas cependant, les versions de série vont différer. Ainsi, la berline recevra des blocs rectangulaires plutôt classiques, qui vont presque jurer avec le reste de la ligne, tandis que le break gardera cet esprit effilé, avec ces feux qui remontent sur la carrosserie. Étonnamment, la forme des feux arrière fait plutôt penser à ceux de la 508, remplaçante de la 407, qui arrivera en 2011.
L'arrière se veut aussi un petit nid de détails pour la suite. Outre le logo Peugeot qui s'installe sur la ligne de coffre, la ligne de toit se veut plongeante, avec une petite lunette arrière. Ce sera le cas sur la 407 SW, la 308 et sur la 207. On note la forme du pare-choc arrière, qui incorpore la plaque d'immatriculation. Cette idée sera reprise sur la 407 de série, mais aussi sur la future 308.

À l'intérieur cependant, Peugeot ne cache rien. Ce sera, à quelques détails près, l'intérieur de la 407. Un effort a été réalisé sur la finition et l'ergonomie, et cette Peugeot ne cache pas ses envies de premium. À l'image de cet immense écran GPS sur la planche de bord assez verticale. Le traitement alu-cuir blanc ne sera pas gardé sur la version, presque dommage.
Cependant, mécaniquement, on retrouve le V6 diesel 2,7 mis au point avec Ford et Jaguar, associé à une boîte de vitesses également glorieuse : une Tiptronic Porche, que l'on peut passer en version séquentielle. Enfin, côté équipement de sécurité, le lion n'a pas lésiné : ESP, airbags, ainsi que, comme à l'habitude chez Peugeot, des trains roulants efficaces.


Le concept-car recevra un bon accueil, tout comme la version définitive de la 407, quelques mois plus tard. Une voiture que Peugeot vendra tout de même à 896'400 exemplaires jusqu'en 2011. Pas mal, pour une voiture dont le segment était en pleine déliquescence !