Élargir le vivier des inspecteurs pour réduire les délais de passage de l'examen, conduire avec une boîte automatique : des pistes existent pour diminuer le coût du permis de conduire, jugé élevé par les jeunes, mais indispensable pour obtenir un emploi.

Pour décrocher un premier emploi, le permis est pour 85 % des jeunes aussi important que s'être orienté vers un secteur qui recrute (87 %) ou détenir un diplôme reconnu (86 %), selon un sondage réalisé en mars par Harris Interactive pour l'Institut Montaigne.

Examen qui a compté 1,1 million de candidats en 2020 (plus que pour le baccalauréat), le permis de conduire est jugé indispensable par 86 % des jeunes, selon l'enquête auprès d'un échantillon représentatif d'un millier de jeunes de 18 à 26 ans. Principal obstacle perçu par ceux qui ne l'ont pas : son coût (en moyenne 1 600 à 1 800 euros), pour un tiers d'entre eux.

"Le goulot d'étranglement du passage de l'examen pratique conduit à un prix élevé pour les élèves qui échouent et doivent reprendre des leçons de conduite", et pour les autres qui "préfèrent maximiser le nombre d'heures de conduite pour éviter un éventuel échec", selon une étude de l'Institut Montaigne, "Du permis à l'emploi : roulez jeunesse" parue cette semaine.

"Il n'y a pas assez de créneaux disponibles pour les examens pratiques car pas assez d'inspecteurs. Ils sont 1 350 à l'échelle nationale, mais pas assez bien répartis", dit à l'AFP Baptiste Larseneur, auteur de l'étude.

Le permis moins cher en province

En Île-de-France et en Rhône-Alpes, le déséquilibre entre candidats et examinateurs crée des goulots d'étranglement. "Il y faut neuf semaines en moyenne pour passer l'examen pratique, contre trois semaines dans les départements ruraux. Le surcoût est évalué à 200 euros par mois de retard, 480 euros en moyenne", indique Baptiste Larseneur.

Un coût "particulièrement handicapant pour les moins qualifiés, qui ont des revenus inférieurs mais des emplois qui exigent plus souvent le permis", relève-t-il.

"J'ai pas mal de candidats recalés en région parisienne qui viennent passer le permis ici, étant donné qu'à Paris ils doivent attendre des mois pour se voir proposer une nouvelle place à l'examen. Ici, ils sont présentés très rapidement car les auto-écoles affichent une réussite de 70 %", dit David Correua, gérant de l'école Euro-Conduite à Ezy-sur-Eure (Eure), à une heure de Paris.

Les taux de réussite sont de 52 % à Paris et 55 % dans le Rhône, mais entre 60 et 70 % ailleurs en région, selon les chiffres de la Sécurité routière.

Le permis boîte automatique a le vent en poupe

Passer le permis sur boîte automatique permet d'en réduire le coût, de 40 % selon l'Institut Montaigne. Treize heures de leçons de conduite sont requises contre 20 heures pour le permis en boîte manuelle. Les lauréats peuvent ensuite, après un délai de trois mois, le transformer en permis boîte manuelle avec un stage de sept heures, sans examen.

Il pourrait devenir dans l'avenir la voie principale pour passer le permis. Les boîtes automatiques équipent aujourd'hui la moitié des voitures vendues.

"En conjuguant simulateur et boîte automatique, on pourrait parvenir à un permis à 700 ou 800 euros, contre 1 600 à 1 800 euros en moyenne aujourd'hui", selon Baptiste Larseneur.

À Euro-Conduite, ceux qui passent en boîte automatique obtiennent leur permis en 25 heures environ, soit dix heures de moins en moyenne que ceux qui le passent en boîte manuelle.

"L'intérêt de la boîte automatique, c'est que le jeune conducteur se concentre tout de suite sur ce qui est essentiel : s'insérer dans la circulation, être prudent... et pas sur ce qui se passe à l'intérieur de la voiture", relève David Correua.

Pour réduire les délais, sources de coût, il faudrait "créer une réserve" d'examinateurs dans les zones tendues comme l'Île-de-France et Rhône-Alpes-Auvergne, recommande également l'Institut Montaigne. En faisant appel à d'autres catégories de fonctionnaires : personnels de la Sécurité routière, policiers, gendarmes et militaires, et agents des administrations comme La Poste. Tous seraient engagés sur une base volontaire, formés et assermentés. (avec AFP)

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