L'Union Européenne a fixé la fin de la vente des véhicules thermiques à 2035, ce qui pousse les constructeurs à se tourner vers l'électrique, des technologies comme l'hydrogène devant encore faire leurs preuves. Les véhicules zéro émission sont aujourd'hui bien plus chers que ceux équipés d'un moteur essence et diesel et pour Carlos Tavares, souvent critique de la rapidité à la quelle la transition vers l'électrique est imposée, il est nécessaire de transformer les méthodes de production pour proposer des voitures à des tarifs plus raisonnables.

"Comme vous le savez, depuis maintenant au moins cinq ans, je ne cesse de répéter à qui veut bien l'entendre que le problème de l'électrification, c'est la dimension abordable des objets de mobilité électrique", a expliqué le directeur général de Stellantis sur RTL. "Le véritable enjeu de la voiture électrique, c'est de la rendre abordable."

"Pour cela, il faut que l'on fasse beaucoup d'efforts en interne de notre entreprise, puisque nous avons bien compris que nous ne pouvons pas passer au consommateur l'intégralité de ces coûts. [...] C'est la réalité. Il faut donc absorber ce surcoût de la technologie électrique, qui n'a pas été décidé par les constructeurs automobiles mais par les leaders politiques."

"Ce surcoût d'une technologie très chère, décidée par le Parlement Européen, il va bien falloir l'absorber, ce qui nécessite énormément d'efforts à l'intérieur de l'entreprise, une profonde transformation des constructeurs automobiles."

Tavares est confiant pour que les véhicules électriques de Peugeot, Citroën ou encore Fiat soient plus abordables d'ici quelques années : "De notre point de vue, 2026. C'est public, nous l'avons déjà expliqué. Nous pensons que c'est le temps qu'il faut."

Pour attendre ces objectifs, le dirigeant demande aux États de maintenir des subventions importantes, la fin des aides en Allemagne et en Italie ayant entraîné une chute de la demande de voitures électriques : "Si on ne soutient pas la transition électrique, elle ne sera pas tirée par les consommateurs compte tenu du prix des véhicules et compte tenu de l'enjeu énergétique."

Galerie: Concept Peugeot Inception (2023)

Un élément reste cependant difficile à contrôler, le coût des matières premières premières dans la fabrication des batteries, élément au cœur des véhicules électriques : "Le coût des automobiles va dépendre de plus en plus du cout des batteries, qui représentent 40% du coût total de fabrication d'un véhicule électrique. Dans les batteries, il y a des matières premières qui sont très volatiles en coûts. On peut s'attendre à ce qu'il y ait un travail de fond, difficile, de transformation des entreprises pour réduire les coûts et revenir à une dimension 'normale' d'un véhicule, mais en plus de cela, nous allons devoir subir une forte volatilité."

La Chine, une concurrence à prendre au sérieux

En parallèle, les constructeurs historiques doivent se préparer à l'offensive des constructeurs chinois, très agressifs dans le développement et la production de modèles électriques. Carlos Tavares avait déjà mis en garde face à la "lutte terrible" qui attend les marques européennes et chinoises, et demande aux institutions européennes d'agir.

"Nous savons très bien [que les constructeurs chinois] ne sont pas soumis à des contextes de réglementation et de conditions de travail identiques aux nôtres", a souligné Tavares, pour qui il est "évident" que les contraintes sont trop lourdes sur les constructeurs européens : "Sur le plan règlementaire, c'est évident. Nous avons une inflation règlementaire qui est extrêmement forte en Europe."

"[Les constructeurs chinois] ne sont pas soumis aux mêmes règles. Quand ils viendront sur notre marché, ils le seront donc ils vont perdre une partie de cette compétitivité."

Carlos Tavares estime que ces nouveaux constructeurs sont à prendre au sérieux : "Ils se sourcent dans des pays low-cost d'une manière beaucoup plus généralisée que nous. Ils ont fait beaucoup de progrès, ils ont beaucoup travaillé et ils se sont protégés avec une règlementation électrique qui a dix ans d'avance sur la nôtre."

"Ce que nous demande l'Europe, c'est de rattraper ce retard de dix ans en très peu de temps. C'est très difficile, raison pour laquelle les transformations sont profondes, sont rapides, parfois elles provoquent des difficultés à nos collaborateurs... Mais ces transformations profondes sont celles qui nous permettront de revenir à des prix jugés normaux pour un véhicule."