Posons les bases d'entrée : cette nouvelle Mazda3 est une réussite. Pourquoi débuter un essai de la sorte alors que l'on pourrait confondre ça avec un excès d'enthousiasme ? Tout simplement parce que des voitures nous en essayons plusieurs dizaines par an, plus ou moins conventionnelles, et nous avons, depuis quelques années maintenant, le sentiment d'essayer à peu près toujours le même type de voitures. SUV, moteurs turbocompressés, système de conduite semi-autonome... On connaît la rengaine par cœur, et aucun constructeur n'y échappe, même Mazda. Pourtant, cette Mazda3 possède quelque chose qui la rend assez exceptionnelle, notamment concernant l'expérience de conduite. Mais avant de développer tout ça, revenons à des sujets beaucoup plus cartésiens.


Comme énoncé lors de nos précédents essais de modèles Mazda, la marque mérite clairement d'être plus connue en Europe. C'est un avis personnel mais que de nombreuses personnes partagent aussi. Malheureusement, Mazda ne cochait peut-être pas encore toutes les bonnes cases en matière de distribution, d'image de marque ou encore de consommations. L'année dernière, en France, Mazda a écoulé 11'129 voitures, soit un recul de 5,5 %. Le constructeur nippon explique cela par quelques problèmes d'approvisionnement dû à des soucis indépendants de leur volonté. L'année 2019 devrait être meilleure, notamment avec l'arrivée de la Mazda3, ce qui devrait permettre à la marque japonaise de franchir la barre des 12'000 unités. Difficile néanmoins de se faire une place sur un segment C absolument écrasé par les trois mastodontes que sont les Peugeot 308 (27 % de parts de marché), Renault Mégane (20 %) et Volkswagen Golf (17 %).
Le design : la clé du succès ?
Critère numéro un lors de l'achat d'une voiture en France, le design est aujourd'hui un élément clé pour le succès d'une voiture. Celui de la Mazda3 s'inscrit dans la continuité de sa devancière, tout en s'affirmant et en corrigeant quelques petits détails. Avec ses 4,46 mètres de long, elle perd un petit centimètre par rapport à l'ancienne génération, tout comme au niveau de la hauteur où elle perd là trois centimètres pour culminer à 1,44 mètre. L'empattement s'allonge légèrement pour atteindre 2,73 mètres, et l'ensemble lui donne globalement un air plus dynamique. Empruntant le nouveau style Kodo de la marque, la Mazda3 distille un aspect à la fois dynamique et élégant, sans pour autant lui octroyer un pack esthétique "sportif" avec de grosses jantes, des boucliers ajourés ou encore un becquet supplémentaire. C'est élégant, bien dessiné et surtout sans trop en faire.


Là où la Mazda3 étonne, c'est à l'intérieur. Une fois à bord, nous trouvons aisément notre position de conduite idéale grâce à une assise basse et un volant aux multiples réglages. C'est tout bête mais c'est devenu assez rare pour le souligner. On remarque d'emblée la montée en gamme indéniable de cette Mazda3 par rapport à l'ancienne. Les matériaux sont de qualité, les assemblages plus que corrects et l'ergonomie est bien travaillée. On frise avec les standards du premium. C'est sobre, simple et efficace. Si nous devions lui trouver peut-être un défaut, ce serait l'absence d'écran tactile, mais ça se justifie surtout par le fait que l'intégration de l'écran de 8,8 pouces est un petit peu hasardeuse puisque trop éloignée du conducteur. En dehors de ça, tout est clair et net au sein de cette Mazda3. Elle n'en fait pas trop et on s'y sent tout de suite à l'aise. On aurait presque oublié de vous parler de l'instrumentation numérique sur l'écran de sept pouces. C'est normal puisqu'il retransmet les formes traditionnels des compteurs à aiguilles classiques. C'est une fois de plus très lisible et simple d'utilisation. Complété qui plus est de l'affichage tête-haute, et vous voilà parti pour de longs voyages.





Qui dit longs voyages dit bagages évidemment. Avec 358 litres annoncés par Mazda (jusqu'à 1026 litres une fois la banquette arrière rabattue), vous ne pourrez pas y loger autant qu'au sein d'une Peugeot 308 (420 litres) ou encore qu'une Renault Mégane (384 litres). Même une nouvelle Toyota Corolla, qui doit pourtant loger les batteries dues à sa motorisation hybride, fait mieux avec 361 litres revendiqués (dans sa version de 122 chevaux). L'espace aux places arrière n'est pas non plus extraordinaire mais l'assise creusée permettra aux plus grands de pouvoir s'y glisser plutôt confortablement, sans être gênés par l'inclinaison du pavillon due à la découpe du toit.
Le plaisir de conduire en filigrane
Avant d'entamer notre essai, nous imaginions pouvoir prendre en main le nouveau moteur essence Skyactiv-X, un moteur qui allie le meilleur des deux mondes avec les performances d'un moteur essence combinés au couple et aux consommations du diesel grâce à un système d'allumage par compression. Ce bloc de 2,0 litres de cylindrée développant 181 chevaux et 222 Nm de couple sera disponible à partir du mois d'octobre prochain. De ce fait, nous nous sommes rabattu sur un moteur essence de 2,0 litres de cylindrée également, le Skyactiv-G proposant 122 chevaux et 213 Nm de couple. Ce moteur est associé à un système d'hybridation léger de 24 volts. Le petit moteur électrique épaule le moteur thermique et permet de minimiser les consommations. L'alterno-démarreur intégré convertit l'énergie cinétique récupérée à la décélération en électricité et la stocke au sein d'une batterie lithium-ion.
Très bien guidée et précise, la boîte de vitesses nous rappelle celle de la MX-5, peut-être même en encore mieux guidée.
Dénuée de turbo, la puissance est à aller chercher assez haut, à 6000 tr/min, ce qui lui confère clairement un comportement que nous n'avons plus l'habitude de voir. Accouplé à une boîte manuelle à six rapports (une boîte automatique est disponible moyennant 2000 euros supplémentaires), nous avons été conquis par l'association moteur-boîte. Très bien guidée et précise, la boîte de vitesses nous rappelle celle de la MX-5, peut-être même en encore mieux guidée. Le moteur offre des performances honorables avec un 0 à 100 km/h abattu en 10,4 secondes et surtout des relances plus que correctes pour un moteur aussi peu coupleux, du moment où nous restons bien évidemment un peu haut dans les tours. Bien évidemment cela se ressent au niveau des consommations puisque nous avons relevé des données aux alentours de 8,5 l/100 km. Précisons que nous avons aussi eu le pied un peu lourd.


En effet, une fois les autoroutes loin derrière nous et les petits virages en lacets de la région de Cascais, au Portugal, devant nous, notre Mazda3 s'est révélée vraiment dynamique, même avec un moteur de "seulement" 122 chevaux. L'amortissement, non piloté, est un poil ferme mais convient parfaitement lors d'une conduite sportive avec des mouvements de caisse parfaitement maîtrisés. On apprécie également son agilité. Il faut dire qu'avec 1274 kilos à vide sur la balance, la Mazda3 fait quasiment office de poids plume. La direction est précise, notamment au niveau du point milieu, et on apprécie toujours autant de jouer de la boîte de vitesses manuelle qui est tout bonnement un régal. Ce fût visiblement moins le cas pour nos confrères ayant opté pour la boîte automatique. Ce sera l'occasion pour nous de vous proposer un autre essai. Quoi qu'il en soit, la Mazda3 bénéficie de très bonnes liaisons au sol et d'un châssis vraiment optimisé, prêt à encaisser bien plus d'équidés. Malheureusement, cela ne semble pas prévu au programme puisque Mazda n'envisage aucun retour d'une quelconque version MPS. Dommage car il y a clairement un potentiel assez incroyable.
À quel prix ?
En France, la nouvelle Mazda3 est disponible à partir de 24'100 euros, ce qui la place en haut du panier, au même titre que la Toyota Corolla qui débute à partir de 26'950 euros, certes avec un vrai moteur hybride cela dit. Face à une Peugeot 308 qui revendique un prix de départ à 21'050 euros ou encore une Renault Mégane qui s'affiche à partir de 21'300 euros, les équipes marketing de la marque devront jouer sur la dotation de série de la Mazda3. Ça tombe bien puisque celle-ci est globalement bien équipée, notamment en termes de sécurité avec, de série, la surveillance des angles morts, le système de maintien dans la voie, le régulateur de vitesse adaptatif avec freinage automatique d'urgence ou encore la gestion automatique des feux de route. Pas mal pour 24'100 euros, surtout quand on sait que ces équipements sont, soit non disponibles sur nos françaises, soit en option.
Moyennant 2300 euros en plus, vous pouvez grimper sur la finition "Style" qui, en plus de la finition de base, offre des jantes en alliage de 18 pouces, des sièges chauffants, la climatisation automatique ou encore la caméra de recul combinée à la vision périphérique à 360°. Tout en haut de la gamme, vous aurez le choix entre une finition aux velléités plus sportives ou bien une version plus cossue. La première, la finition "Sportline", réclame 1900 euros de plus par rapport à la finition "Style" et comprend quelques éléments esthétiques supplémentaires et des phares à LED adaptatifs. La seconde, la finition "Inspiration", demande 2200 euros de plus par rapport à une finition "Style" et comprend la sellerie en cuir, le siège conducteur électrique ou encore le système audio Bose avec huit haut-parleurs.
Au final, notre version d'essai nous revient à un peu moins de 30'000 euros avec le niveau de finition le plus haut. Il faudra conjuguer également, en 2019, avec un malus de 45 euros en raison de rejets de 119 g/km de CO2 pour notre version d'essai. Plus tard, l'arrivée du moteur Skyactiv-X et de la transmission intégrale devrait faire grimper encore un peu plus la facture, mais aussi étayer le catalogue et proposer plusieurs alternatives aux clients. Quoi qu'il en soit, cette Mazda3 est réellement une belle surprise et nous a clairement étonné de part son tempérament dynamique et son niveau de finition. Sans être la voiture la plus joueuse de son segment, elle offre un agrément de conduite qui n'est pas sans rappeler la Peugeot 308. Il y a pire comme référence dans ce domaine. Mazda franchit également un cap en s'extirpant du segment des généralistes et en s'érigeant très clairement du côté des généralistes haut de gamme à l'image de Peugeot ou encore de Volkswagen. Si, en plus de ça, nous avons passé un bon moment derrière son volant, que demande le peuple ?
Points positifs | Points négatifs |
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Châssis | Intégration de l'écran de 8,8 pouces |
Boîtes de vitesses manuelle | Garde au toit à l'arrière |
Moteur enthousiasmant | Volume de coffre |
Galerie: Essai Mazda3 (2019)
Mazda3 - 2,0 litres Skyactiv-G 122 chevaux BVM6