C'est un autre vestige de l'ère Carlos Ghosn qui vient de disparaître du côté de chez Renault. Le constructeur français a annoncé, le vendredi 12 mars 2021, la cession de sa participation dans Daimler (1,54 % du capital) dans le cadre d’un placement auprès d’investisseurs qualifiés, pour un montant total de 1,143 milliard d'euros.

C'est la fin d'un chapitre qui a débuté il y a onze ans, quand Carlos Ghosn, PDG à l'époque de Renault ainsi que de Nissan, et Dieter Zetsche, alors PDG de Daimler, avaient scellé leur alliance capitalistique. Les temps ont changé, Carlos Ghosn et Dieter Zetsche ne sont plus en poste, le groupe Renault est en pleine transition et est évidemment à la recherche de liquidité. "Le produit de cette cession permettra au groupe Renault d'accélérer le désendettement financier de son activité automobile" qui était dans le rouge à hauteur de 3,6 milliards d'euros net fin 2020, a indiqué le groupe français dans un communiqué.

La fin de ce lien capitalistique ne met pas fin aux partenariats entre les deux entreprises. Daimler conserve 3,10 % du capital de Renault et de Nissan, tandis que Nissan, partenaire de Renault dans l'Alliance, conserve 1,54 % de Daimler. Le constructeur français précise également que "le partenariat industriel entre le groupe Renault et Daimler est inchangé et n'est pas impacté par cette opération financière". "La coopération se poursuit" a expliqué également un porte-parole du constructeur allemand à l'AFP. Daimler était "informé autant que possible de la transaction" qui est "une décision de Renault", a-t-il ajouté.

Un partenariat qui a connu quelques échecs...

Le lien industriel entre les deux entreprises a connu des hauts, mais aussi beaucoup de bas. Parmi les échecs les plus cuisants, la coproduction de pick-ups est sans doute le plus marquant. En reprenant la base du Nissan Navara, Renault a donné naissance à l'Alaskan en 2016, tandis que Mercedes a présenté le Classe X un an plus tard. Pour de multiples raisons, le Renault Alaskan n'est déjà plus proposé en Europe, tandis que le Mercedes Classe X a été stoppé l'an dernier, jugé trop rustre par les clients et surtout trop cher par rapport à un Nissan Navarra.

La collaboration technique entre Mercedes et Infiniti n'a pas été plus fructueuse lors du lancement de la Q30, un modèle basé essentiellement sur l'ancienne génération de Mercedes Classe A. Un échec qui aura été fatal pour Infiniti, l'Alliance ayant décidé de retirer Infiniti du marché européen pour se concentrer sur d'autres marchés.

La mise en vente il y environ huit mois de l’usine Smart à Hambach, en Moselle, constitue aussi un échec pour ce qui était l'une des coopérations majeures entre le constructeur français et le groupe allemand. Sortie en 2014, la Smart actuelle partage de nombreux éléments avec la Renault Twingo avec environ 60 % de pièces communes.

Les volumes n'ont jamais été au rendez-vous, Daimler a annoncé que la production des Smart allait être délocalisée en Chine à partir de 2022, faute de succès et de rentabilité en Europe. La Twingo devrait, quant à elle, disparaît du catalogue à la fin de sa carrière pour être remplacée par un modèle 100 % électrique, de même gabarit, faisant écho à la Renault 5. De son côté, la Smart Forfour, co-produite chez Renault en Slovénie, sur les mêmes chaînes que la Twingo, a été stoppée.

... mais aussi des succès

Mais il n'y a pas eu que des échecs dans cette collaboration, loin de là, les deux entreprises ont développé ensemble un moteur essence quatre cylindres de 1,3 litre de cylindrée qui équipe certains modèles d'entrée de gamme chez Mercedes (Classe A, Classe B...) et de nombreuses Renault (Clio, Captur, Mégane...). Ce moteur est aussi utilisé du côté de chez Nissan pour son Qashqai. Pendant quelques années, Renault a aussi livré des blocs diesel quatre cylindres 1,5 litre à Mercedes, mais ce partenariat vient d'être arrêté.

Autre succès, depuis 2012, Mercedes propose le Citan à son catalogue, un modèle qui repose sur les bases du Renault Kangoo. Même si les volumes sont très faibles comparés à ceux du Kangoo, le Citan aura le droit à une seconde génération et sera basé sur le Kangoo III lancé au printemps prochain et qui sera fabriqué dans le Nord de la France. Des versions 100 % électriques des deux modèles sont aussi attendues.