Régulièrement nous publions des articles sur des modèles ni très anciens, ni des plus récents, mais qui pourraient devenir de futurs collectors. Des autos qui disparaissent peu à peu de nos rues, mais qui resteront dans le coeur de certains, et qui reviendront peut-être un jour sur le devant de la scène en collection, et feront battre le coeur de certains nostalgiques.
D'ailleurs parmi ces voitures du passé, pas pas si lointain, certains sont presque oubliées. Et pour d'autres, on continue à croiser régulièrement. C'est le cas de notre modèle du jour, la Porsche 944. Embarquons dans la machine à remonter le temps...
Le patron de Porsche, Peter W. Schutz, est légèrement agacé. Il a pris ses fonctions en 1981, et depuis lors, il a constamment dû défendre la 944 contre les fans de la 911. Par exemple, dans une interview trouvée dans "The Big Porsche Book". À la question de savoir si c'est un problème que Porsche propose d'une part la 911 avec un moteur monté à l'arrière et d'autre part des véhicules avec un moteur refroidi par eau à l'avant, voici sa rpéponse : "Je ne comprends pas une telle question. C'est comme accuser un restaurateur de proposer de la volaille, du poisson et du veau en même temps." Bien dit.

Et de rajouter : "Un amateur de 911 s'extasie sur son véhicule, l'amateur de 944 sur le sien. C'est ainsi que cela doit être, car il serait insensé de construire deux voitures différentes qui, au final, déclenchent les mêmes émotions." Une chose est claire pour le germano-américain Schutz : la 944 fait rentrer de l'argent dans les caisses de Porsche. Et il le fait savoir à ses employés également : "Si nous ne faisons pas décoller la série des quatre cylindres et si nous n'en faisons pas un succès, les choses iront vraiment, vraiment mal ici."
L'idée de la Porsche 944 émerge vers 1977. À ce moment-là, la 928 et son V8 fait ses débuts en tant que successeur potentiel de la 911, et la 924 avec son quatre cylindres de 125 chevaux et des gènes VW/Audi est déjà sur le marché depuis deux ans. Porsche voit son avenir dans la technologie dite transaxe (moteur à l'avant, transmission à l'arrière). Et la 944 est censée se placer à mi-chemin entre les 924 et 928.

Ferry Porsche lui-même n'était pas le seul à avoir préféré le cinq cylindres Audi dans la 924, mais celui-ci n'est arrivé qu'en 1976 et c'était donc trop tard. VW/Audi avait promis 100 000 moteurs EA 831 à quatre cylindres pour la 924, dont 150 000 ont finalement été produits. En outre, certains clients souhaitaient plus de puissance (et plus de prestige avec un "vrai" moteur Porsche) sans avoir à opter directement pour la 928, beaucoup plus chère.
À l'époque, Porsche expérimentait le cinq cylindres d'Audi et même le V6 PRV Europe de Peugeot-Renault-Volvo. Mais la situation financière ne s'améliorait pas, d'autant que le développement de la 928 a coûté très cher. Il n'était donc plus question d'un troisième développement de moteur en interne. Le moteur de la 944 est donc basé sur un banc de cylindres de la 928. Les données clés : une cylindrée de 2,5 litres et une puissance de 163 ch, et plus tard avec un convertisseur catalytique 150 à 160 ch. En 1988, il y a le 2,7 litres de 165 ch, le dernier roi de la cylindrée est la 944 S2 de 3,0 litres avec 211 ch.

Ceux qui voulaient encore plus de puissance pouvaient opter pour les modèles turbo qui développaient jusqu'à 250 ch. Les amateurs de cabriolets en ont également pour leur argent avec la 944. Bien que les concepteurs aient rendu la 944 de plus en plus élégante au fil des ans, son apparence a été critiquée à ses débuts en 1981. La 944 ressemblait trop à la 924, surtout la 924 Carrera GT. Ici aussi, Porsche devait faire attention à l'argent : les pièces communes et la production conjointe avec la 924 à Neckarsulm ont permis des économies. Ce n'est qu'en 1991 que les dernières 944 sont sorties de la chaîne de production à Zuffenhausen.
Les performances de la 944, qui ne mesure que 4,20 mètres de long, étaient plutôt bonnes : même le modèle de base atteint 100 km/h en 8,4 secondes et culmine à 220 km/h. La variante Turbo annonçait elle 5,9 secondes et 260 km/h. Mais c'est précisément la "944 de base" qui s'inscrivait dans la tradition de l'ancienne Porsche 912 : quatre cylindres, mais toujours pas scandaleux et nettement moins cher qu'une 911.
Le succès ne s'est pas fait attendre : au cours de la première année de production, les concessionnaires ont déjà reçu plus de 30 000 commandes. Et ce, malgré des prix assez élevés : au lancement, le modèle de base de la 944 coûtait 38 900 DM avec une transmission manuelle, 40 400 DM avec une transmission automatique, 61 900 DM la dernière année de production et 64 500 DM avec une transmission automatique.
Au total, 163 302 exemplaires de la Porsche 944 ont été fabriqués. En 1991, la 968 a marqué la fin du chapitre des transaxes. Mais c'est une autre histoire. Aujourd'hui, les 944 bien conservées se vendent entre 13 500 et 36 000 euros. Mais attention : en ce qui concerne les pièces et les coûts de réparation, là aussi la 944 est une "vraie" Porsche.