Après plus de deux mois de compétition, nous connaissons enfin le lauréat de l'édition 2024 de Feed Racing, l'école de pilotage créée par Jacques Villeneuve (champion de CART en 1995 et de Formule 1 en 1997) et Patrick Lemarié (champion ELMS et ancien pilote d'essai de l'écurie BAR).

Vendredi dernier, dans des conditions météo difficiles, c'est en effet Malot Bolliet qui est parvenu a effacer les cinq concurrents restants, sur le circuit de Magny-Cours. Il intégrera donc le championnat français de Formule 4, dès la saison prochaine, et Motor1 était présent pour assister à l'événement.

Sous les yeux des experts

Nous voici de retour dans la Nièvre, deux mois après notre premier passage sur le Circuit Club de Magny-Cours (conçu en 2003). Ils étaient 51 au début de la compétition (issus de 17 nationalités), il n'en reste désormais plus que six : Hugo Herrouin, Elio Saintpaul, Aaron Ferrazzano (tous les trois ont 17 ans), Mathys Cappucio (16 ans), Tommie Van Der Struijs (15 ans) et Malo Bolliet (19 ans). Tous ont connu des parcours différents en karting, mais une chose est sûre, ils savent très bien manier le cerceau, comme on dit dans le jargon. 

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La piste est humide à notre arrivée

Pour une telle finale (la plus serrée en terme de niveau depuis les débuts de Feed en 2019), il fallait bien un terrain de jeu à la hauteur. C'est donc sur le véritable tracé de Nevers Magny-Cours (long de 4,4 km) que ces jeunes vont s'affronter pour le Graal final.

Un tour en caméra embarquée du Circuit de Magny-Cours avec Julien Soenen, finaliste en 2022

À notre arrivée en ce vendredi 27 septembre 2024, cela fait déjà deux jours que les finalistes sont présents sur place. Cette fois, plus de partage de la monoplace avec les autres concurrents. Chaque pilote dispose de sa propre voiture avec un baquet qui a été moulé sur-mesure.

La journée va être divisée en plusieurs étapes, à commencer par un warm-up (soit quelques tours d'échauffements) puis une petite finale. Thibault Larue, ancien journaliste F1 et désormais responsable de la communication chez Feed, nous a expliqué en quoi consiste cette épreuve :

"Cela sert à connaître les duels qui vont suivre. Ils vont tous faire une série de chrono qui va établir l'ordre des duels en fonction des temps au tour. Le 1er affronte le 6ème, le 2e passe contre le 5e puis le 3e devra se mesurer 4e. Un des perdants sera repêché puis on connaitra les deux duels pour le podium. Et à l'issu de ces derniers, les deux pilotes restants s'affronteront une dernière fois pour la victoire."

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Il n'y a pas que des F4 à observer à Magny-Cours

Mais pour l'instant rien ne presse, puisque les jeunes coureurs ne prendront pas la piste avant midi. C'est l'occasion d'admirer les autos qui enchaînent les passages sur le circuit humide : des BMW, Porsche, Caterham et même une Nascar dont le fantastique son du V8 résonne dans toute l'allée des stands.

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Tous les records de piste de Magny-Cours (par catégorie). Les monoplaces sont dans un autre monde...

Mais qui dit finale, pour les jeunes de Feed Racing, dit que le public (bien que ce ne soit pas dans les tribunes) est au rendez-vous. En dehors des familles et de quelques participants lors des phases qualificatives précédentes, on note la présence de Philippe Bianchi, le père du regretté Jules, décédé en 2015 suite aux séquelles de son accident à Suzuka, un an plus tôt. Il est ici pour encourager Elio Saintpaul, soutenu par l’Association Jules Bianchi. On a également croisé la route de Jean-Louis Moncet, grand journaliste et chroniqueur sur le sport automobile qui a couvert quelques 600 Grands Prix, notamment en tant que commentateur sur TF1.

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Coucou Jean-Louis

Évidemment, Jacques Villeneuve s'est aussi rendu sur place pour observer et divulguer les derniers conseils aux finalistes. Mais plus étonnant encore, il a amené avec lui un grand homme de la F1 : Jock Clear ! C'était l'ingénieur de course du Canadien jusqu'en 2003 et il a notamment rejoint les rangs de la Scuderia Ferrari depuis 2015. Les plus observateurs d'entre vous l'ont sûrement déjà aperçu à la télévision aux côtés d'autres champions comme Sebastian Vettel et Kimi Räikkönen. Quoi qu'il en soit, Jock s'occupe dorénavant de la "Ferrari Driver Academy" et c'est en toute logique qu'il est venu observer les jeunes pouces de Feed Racing.

"C’est bien de voir ces jeunes talents", explique-t-il. "Qui sait ce qu'ils deviendront plus tard, alors il faut être présent. C'est une bonne chose de les voir évoluer dans ce genre de voitures. Cette auto est simple et pas trop puissante, mais elle offre de bonnes sensations. C'est un début idéal pour ces jeunes."

Jouer avec la météo

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Villeneuve donne les dernières infos avant de prendre la piste

Lorsque vient midi, toutes les voitures présentes sur le circuit sont priées de regagner les stands pour laisser place aux F4. Pour les pilotes, il s'agit des premiers (et seuls) tours d'échauffement. Pour nous, c'est l'occasion de monter en voiture aux côtés de Xavier Pompidou (ancien champion du monde GT), pour aller observer les concurrents en bord de piste. Le coach, présent depuis les débuts de Feed, vérifie d'abord que la piste est sèche et que rien ne traîne sur le tracé pour être sûr de pouvoir lancer les pilotes. Il s'est également confié sur son rôle au sein de l'école de course :

"Lorsqu'ils m'ont parlé du projet, j'ai tout de suite accepté. Je suis là pour encadrer les jeunes et les pousser vers l'avant. À mon arrivée, j'ai procédé aux recrutements des autres coachs et défini les programmes que l'on suit durant les stages."

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Xavier sort le talkie : la piste est praticable

Les pilotes profitent du soleil, qui apparaît, pour enchaîner les tours rapides sur cette piste sèche. À l'enchaînement du Nürburgring (un droite/gauche très rapide), on constate déjà des différences. Des pilotes comme Ferrazzano et le Hollandais Van Der Struijs attaquent les vibreurs sans se poser de questions, tandis que d'autres sont plus sur la réserve. Mais cela ne veut pas dire que ces derniers sont plus lents pour autant. La preuve : c'est Hugo Herrouin qui conclu cet échauffement en tête avec un meilleur chrono en 1'46''890 (bien que ce soit la moyenne des trois meilleurs tours qui compte).

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Jock Clear observe attentivement les jeunes en bord de piste

Cappuccio ferme le classement en 1'47''605 mais il y a plus inquiétant pour lui puisque sa voiture va s'arrêter net en bord de piste. Chose qui va se répéter lors de la séance suivante, durant la qualification pour déterminer les premiers duels... Le vice-champion de Kart minime (en France) aura le droit de relancer sa série en ayant la piste rien que pour lui, mais les sessions suivantes prennent du retard et la météo se gâte...

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Une situation que tout pilote veut éviter

En effet, après avoir de nouveau laissé la place aux autres voitures, de parcourir le circuit, les pilotes peuvent enfin reprendre la piste pour la dernière ligne droite. Mais la pluie apparaît et disparaît à maintes reprises, si bien qu'il devient difficile de savoir avec quels pneus s'élancer. Après un énième changement, Elio Saintpaul et Tommie Van Der Struijs peuvent prendre la piste vers 17h25 (au lieu de 16h) pour le premier affrontement, équipés de pneus pluies. Ils s'affrontent sur six tours chrono et les trois meilleurs de chacun sont retenus pour former une moyenne. À ce jeu, c'est le Français qui l'emporte pour à peine plus d'un dixième. Une défaite cruelle pour Van Der Struijs, mais ce sont les premiers tours qui lui auront coûté cher. 

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Lors des duels, les concurrents s'élancent à trente secondes d'intervalle pour éviter toute gêne

And the winner is...

Le duel suivant est encore plus mouvementé, cette fois sur piste sèche. Malo Bolliet est constamment derrière Aaron Ferrazzano, tellement à l'aise depuis le début de la journée. Mais le dernier tour de Bolliet sonne le glas pour son adversaire belge, finalement battu pour 35 millièmes ! 

 

C'est ainsi que les affrontements s'enchaînent jusqu'au duel final : Malo Bolliet (vice-champion du monde X30 2023) contre Hugo Herrouin (vainqueur de la Iame Series France en 2022). Sous une piste à nouveau détrempée et alors que la nuit tombe sur Magny-Cours, c'est finalement le premier cité qui remporte la finale. Bolliet rejoint ainsi Marijn Kremers, Robert De Haan, Kevin Foster et Augustin Bernier aux palmarès des vainqueurs de la compétition. À l'image d'un Jules Caranta, pensionnaire de FEED Racing en 2023, actuellement en lice pour le titre de champion de France de F4 et récemment promu au sein de la Red Bull Junior Team, nous lui souhaitons une belle et heureuse carrière.

Galerie: Feed Racing 2024 - la finale