La recherche d'une voiture sportive pour un client est toujours un moment particulier, un moment de remise en question, un moment où, pour la majorité, on s'apprête à "lâcher" une somme conséquente, parfois même les économies de toute une vie. Cet achat plaisir plus qu'utile (à moins que vous le jugiez utile à votre plaisir) est un moment d'intense réflexion entre la perception que l'on a du plaisir automobile, ses attentes en termes de performances, de finitions ou de design, et le budget que l'on souhaite y attribuer.

En France, ce loisir, on tente purement et simplement de vous l'enlever à grands coups de taxes. Du moins, pour ceux qui se saignent afin de s'offrir la voiture de leur rêve. Le client "moyen" français doit donc composer entre le prix de la voiture, les différentes taxes qui lui seront demandées compte tenu de la puissance et des rejets de CO2, et ses critères de sélection. Des critères qui sont bien évidemment élevés quand on s'est tué à la tâche pendant des années dans l'espoir de s'offrir un jour le précieux sésame qui ornera de la plus belle des manières un garage spécialement préparé pour le grand jour.

Audi TT RS Roadster 2017

Si la plupart des clients avides de voitures sportives ne pourront pas s'offrir de supercars en raison de leurs tarifs absolument démentiels, ils pourront se tourner vers des voitures plus "accessibles" qui, aujourd'hui, offrent pratiquement le même niveau de performance. Accessible est un bien grand mot, surtout au moment où nous vous présenterons la douloureuse qui vous sera réclamée pour cette Audi TT RS Roadster. Mais nous voulions tout de même vous montrer que, compte tenu de ses performances, la sportive allemande n'est vraiment pas loin de voitures aux blasons, certes plus prestigieux, mais surtout deux à trois fois plus onéreuses.

Sous stéroïdes

Le design demeure toujours parmi les principaux critères d'achat. Si Audi semble avoir trouvé la bonne formule depuis maintenant des années (au point de nous proposer de nouvelles générations pas si différentes esthétiquement qu'une ancienne), l'Audi TT a su gagner en maturité et en prestance. Cette version roadster ne met malheureusement pas en valeur toutes les courbes et les traits de la voiture. Un coupé sera toujours plus harmonieux dans l'ensemble avec une ligne de toit fuyante et un profil résolument plus athlétique.

Audi TT RS Roadster 2017

L'Audi TT RS se distingue par des boucliers avant et arrière spécifiques, des jupes latérales proéminentes, deux énormes sorties d'échappement de chaque côté, des jantes de 19 pouces de série, ou bien de 20 pouces (en option à 2055 euros) pour notre modèle d'essai. Le tout est complété par un discret becquet, plus esthétique qu'utile techniquement parlant, et de quelques logos RS disséminés sur la carrosserie et la calandre qui viennent trahir son pedigree. Notre modèle d'essai est également équipé d'optiques spécifiques, à savoir des feux Audi Matrix à LED à l'avant (en option à 1080 euros) et des feux Matrix OLED à l'arrière (en option à 970 euros). Enfin, sur notre version roadster, le toit s'ouvre et se ferme jusqu'à 50 km/h en seulement 10 secondes. À titre de comparaison, c'est deux fois moins de temps qu'une Audi R8 Spyder.

Audi TT RS Roadster 2017
Audi TT RS Roadster 2017
Audi TT RS Roadster 2017

Sportivement technologique

À l'intérieur, l'Audi TT RS est sans doute ce qu'il se fait de mieux entre technologie et sportivité. D'une part car la position de conduite est bonne, même si l'assise est un peu trop haute à notre goût, et d'autre part car tout tombe sous la main. Inutile de s'embêter à chercher une commande, pratiquement tout est regroupé au niveau du volant, même le bouton de mise à feu et celui permettant le changement des modes de conduite. L'Audi TT ne bénéficie pas d'écran central mais d'un Virtual Cockpit qui permet de retranscrire toutes les informations nécessaires. Celui-ci remplace les compteurs à aiguilles classiques. L'ensemble épure donc la console centrale et la planche de bord qui ne dispose plus que des aérateurs, eux aussi très ergonomiques, puisqu'ils intègrent directement au centre des buses le réglage de la température. C'est plutôt malin.

Audi TT RS Roadster 2017
Audi TT RS Roadster 2017

Notre version d'essai dispose d'une sellerie bi-ton spécifique, et certainement unique, puisqu'elle a été réalisée sur demande au service de personnalisation de la marque : Audi Exclusive. Nous retrouvons de l'Alcantara au niveau du volant, pile à l'endroit où nous sommes censés poser nos mains, et du pommeau du levier de vitesses. Un placage en carbone est aussi présent au niveau du tunnel central et des poignées de porte. Concernant le coffre, roadster oblige, la contenance ne dépasse pas les 280 litres. C'est toujours plus qu'une Audi R8 et ses 112 litres me direz-vous. Dans tous les cas, c'est suffisant pour y loger une petite valise cabine.

Audi TT RS Roadster 2017
Audi TT RS Roadster 2017
Audi TT RS Roadster 2017

Petite Audi R8 au grand cœur

Avant de débuter notre partie dédiée au comportement routier, intéressons-nous à ce qu'elle renferme sous son capot. Nous retrouvons un bloc cinq cylindres en ligne, 2,5 litres TFSI, qui développe la bagatelle de 400 chevaux et 480 Nm. Il s'agit du même moteur que l'Audi RS 3. Audi ne peut être que félicité d'avoir reconduit ce moteur, surtout à l'heure où ses concurrentes ont succombé aux sirènes du downsizing. Porsche notamment, et le quatre cylindres à plat des derniers 718 Boxster et Cayman. Audi conserve le cinq cylindres, un bloc désormais en aluminium qui permet de gagner 26 kilos sur le train avant par rapport à l'ancienne génération de TT RS. Les motoristes ont incorporé un système de double injection (directe et indirecte) afin de réduire les émissions de particules. Il ont également optimisé les frottements internes, ce qui leur a permis d'extraire 40 chevaux supplémentaires par rapport au précédent TT RS Plus. La valeur de couple bondit à 480 Nm avec une plage d'utilisation décalée vers le haut, mais pas plus large qu'avant. Sur la balance, notre version roadster s'affiche à 1530 kilos, soit 100 kilos de plus que le coupé.

Audi TT RS Roadster 2017

Le moteur est indexé à une boîte de vitesses robotisée à double embrayage S tronic à sept rapports qui se charge de distribuer la puissance aux quatre roues motrices. La boîte de vitesses n'est pas aussi rapide qu'une PDK de chez Porsche, mais elle saura faire preuve de bonne volonté et ne rechignera pas à faire monter le moteur en régime. Malheureusement, sa gestion est un peu bancale et on aurait souhaité qu'elle soit un peu plus réactive, notamment à mi-régime. L'échappement nous accorde quelques déflagrations sonores, non désagréables à l'oreille, à chaque passage de rapport. Un système d'échappement optionnel sur notre version d'essai. Facturé 1030 euros, il se caractérise par des embouts noirs et distille l'une des meilleures sonorités du marché. Dommage qu'il soit facturé en option. Mesquin pour une voiture qui s'affiche à partir de 77'800 euros tout de même.

Moins réactif à bas régime, le cinq cylindres l'est un peu plus haut dans les tours. Comme énoncé plus haut, le couple maximal arrive plus tard, à partir de 1700 tr/min d'après la fiche technique, mais un peu plus haut d'après notre ressenti. Cela n'empêche pas des accélérations canons avec un 0 à 100 km/h annoncé en 3,9 secondes et une vitesse maximale limitée électroniquement à 250 km/h (280 km/h en option, facturée 1800 euros). Pour vous donner un petit ordre d'idée, c'est seulement 0,3 dixième de moins qu'une Audi R8 Spyder V10 5,2 litres de 540 chevaux... deux fois plus chère. Autant vous le dire tout de suite, sans chronomètre, difficile de faire la différence entre les deux.

Audi TT RS Roadster 2017
Audi TT RS Roadster 2017

Toujours un peu déconnectée de la route, l'Audi TT RS n'est pas la machine à sensations espérée. Soyons clair, c'est une voiture facile à prendre en main. La poussée est impressionnante, mais tout le reste l'est un peu moins. Bénéficiant des mêmes trains roulants que les autres Audi TT, le TT RS reçoit quelques évolutions techniques dont notamment le châssis Sport RS Plus avec le système Audi Magnetic Ride fourni de série. Dans l'ensemble, cela permet d'avoir une bonne tenue de cap, notamment lors des prises d'appui, mais ce système s'avère toujours un peu bancal sur routes dégradées avec un tarage variable perfectible. Soyons honnêtes, l'Audi TT RS allie tout de même convenablement sportivité et confort dans son ensemble.

Scotché au bitume, le TT RS peut toutefois s'accorder un peu de sous-virage intrinsèque aux quatre roues motrices, mais les aides à la conduite verrouillent directement chaque petite perte de motricité.

Doté d'une direction à démultiplication variable, le ressenti est correct bien qu'un poil artificiel à notre goût. La remontée d'informations est quasi inexistante par exemple. Mais c'est le prix à payer pour une voiture qu'Audi souhaite facile à prendre en main. Le système quatre roues motrices va également dans ce sens : clairement typé traction, il ne permet jamais d'atteindre les limites sur routes ouvertes, sous peine de finir, au mieux, dans le décor. Scotché au bitume, le TT RS peut toutefois s'accorder un peu de sous-virage intrinsèque aux quatre roues motrices, mais les aides à la conduite verrouillent directement chaque petite perte de motricité.

Dans l'ensemble, ce TT RS est un peu trop sérieux à notre goût, d'où notre préférence qui va au châssis Porsche. Néanmoins, le moteur de l'Audi a au moins le mérite de nous donner le sourire aux lèvres avec un comportement, un agrément, et une sonorité qui n'ont rien à envier au V10 5,2 litres de l'Audi R8. Enfin, pour terminer, touchons quelques mots du freinage. Notre version d'essai bénéficie de bols en acier avec des disques ventilés et percés de 370 millimètres de diamètre à l'avant (avec étriers flottants à huit pistons !) et de 310 millimètres à l'arrière. Dans 90% des cas, ils suffiront pour les clients qui s'en serviront uniquement pour de la "balade dynamique". Après quelques descentes de col, disons qu'ils ont tendance à blanchir un peu rapidement. Pour remédier à cela, peut-être vaut-il mieux cocher l'option freins en céramique (facturée 5615 euros), surtout si vous envisagez de faire de la piste avec.

Audi TT RS Roadster 2017

Conclusion, prix et consommations

Disponible à partir de 77'800 euros, notre Audi TT RS Roadster s'affiche à un peu plus de 90'000 euros avec les options, sans compter le malus maximal. Pratiquement 100'000 euros pour un petit deux places sportif de 400 chevaux, ça commence à faire beaucoup. Mais en y regardant de plus près, notamment au niveau des performances, le TT RS n'est vraiment pas si loin des supercars. Des supercars qui s'affichent, en moyenne, autour de 200'000 euros. Nous ne sommes pas en train de dire que le TT RS est une bonne affaire, mais c'est peut-être une bonne alternative à ceux ne pouvant (ou ne voulant) pas mettre autant dans une voiture. Moins prestigieux, certes, peut-être moins fun également, le TT RS saura se faire apprécier par sa polyvalence et ce sentiment d'avoir entre les mains un haras de 400 chevaux facile à maîtriser.

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En termes de consommations, nous avons relevé une moyenne autour de 13,5 l/100 km pour un parcours alternant conduite stabilisée sur autoroute et conduite dynamique. Loin d'être la plus amusante de sa catégorie, une BMW M2 ou un Porsche 718 Cayman saura faire de toute façon mieux. L'Audi TT RS se positionne avant tout pour des clients à la recherche de la performance, mais dans un cocon sécurisant et technologique. Ça tombe bien, c'est ce qu'Audi sait faire de mieux. Maintenant, est-ce la bonne solution dans un segment où les ventes sont de plus en plus anecdotiques et où justement ces voitures s'adressent généralement à de vrais passionnés de sensations fortes ? Probablement pas. Mais ne boudons pas notre plaisir tout de même. Regardons la vérité en face, ce genre de voiture est amené à disparaître. Alors même si l'Audi TT RS n'est pas la plus parfaite à nos yeux, elle nous procure tout de même des sensations que nous ne retrouverons peut-être jamais au sein des futurs éléments destinés à la mobilité.

 
Points positifs Points négatifs
Performances dignes d'une supercar Freinage parfois un peu juste
Moteur cinq cylindres enthousiasmant                Gestion de la boîte de vitesses à certains moments
Sonorité démentielle Comportement trop sérieux

Galerie: Essai Audi TT RS Roadster (2017)

Audi TT RS Roadster - Cinq cylindres TFSI 2,5 litres 400 chevaux S tronic quattro

Motorisation Essence TFSI, 5 cylindres en ligne, 2480 cm³, turbo, injection directe et indirecte
Puissance 400 chevaux / 480 Nm
Transmission Boîte à double embrayage à sept rapports - S tronic
Type de transmission Intégrale
0-100 km/h 3,9 secondes
Vitesse de pointe 250 km/h
Poids 1530 kg
Volume de coffre 280 litres
Places 2
Economie de carburant Urbain : 11,3 l/100 km / Extra-urbain : 6,4 l/100 km / Mixte : 6,2 l/100 km
En vente 2017
Prix de base 77'800 €
Prix de la version testée 90'510 €

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