Il y a cinq ans, un évènement sans précédent a secoué l'entièreté de l'industrie automobile. En effet, en septembre 2015, un scandale industriel et sanitaire est mis en lumière par l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA).
De 2009 à 2015, le groupe Volkswagen aurait eu recours à différentes techniques visant à réduire frauduleusement les émissions polluantes (d'oxyde d'azote et de CO2) de certains de ses moteurs diesel et essence lors des tests d'homologation.
Selon le groupe, plus de onze millions de véhicules de ses marques Volkswagen, Audi, Seat, Škoda et Porsche sont concernés à travers le monde. Cette affaire a entraîné la démission du président du directoire du groupe, Martin Winterkorn.
Si les enquêtes se poursuivent ou se terminent peu à peu dans différents pays, c'est maintenant au tour de la justice de prendre le relai comme c'est le cas ce mercredi 30 septembre où Rupert Stadler, l'ancien PDG du constructeur Audi, filiale de Volkswagen, est jugé pour fraude, cinq ans après la révélation du scandale des moteurs diesel truqués. L'occasion de revenir sur ce scandale et de refaire la chronologie d'une affaire tentaculaire, qui remonte même quelques années avant les révélations du scandale et qui ne concernent pas uniquement le groupe Volkswagen.
Avant 2015
- 2006 : Volkswagen lance son projet de moteur adapté aux normes anti-pollution américaines, plus strictes qu'en Europe.
- 2007 : confrontés à l'échec de ce projet, "des employés" développent un logiciel pour contourner les tests de pollution, selon les déclarations ultérieures de Volkswagen à la justice américaine.
- 2014 : une étude américaine mesure des niveaux d'émissions parfois 40 fois supérieurs aux niveaux autorisés. Les autorités demandent alors des explications à Volkswagen, qui n'admet pas de fraude.
2015
- 18 septembre : l'agence américaine de l'environnement (EPA) accuse Volkswagen
d'avoir violé la règlementation anti-pollution à l'aide d'un logiciel capable de tromper les contrôles sur les émissions d'oxydes d'azote (NOx) et déclenche le "dieselgate". - 21 septembre : le cours de l'action de Volkswagen plonge de 20 %.
- 22-23 septembre : Volkswagen admet avoir équipé du logiciel fraudeur onze millions
de ses véhicules dans le monde, son patron Martin Winterkorn démissionne et la justice allemande ouvre une enquête pénale. - 15 octobre : l'agence allemande de l'automobile ordonne à Volkswagen de rappeler
2,4 millions de voitures. Le groupe étend le rappel à l'ensemble des 8,5 millions de véhicules concernés en Europe.
2016
- 22 avril : Volkswagen affiche pour la première fois en 20 ans une perte annuelle.
- 29 juillet : une commission d'experts français ayant testé 85 véhicules diesel décèle des "anomalies" dans un tiers des cas, et n'exclut pas le recours par d'autres constructeurs à des logiciels truqueurs.
2017
- 11 janvier : Volkswagen plaide coupable aux États-Unis pour fraude et obstruction à la justice.
- 1er février : L'équipementier allemand Bosch accepte de verser plus de 300 millions de dollars de dédommagement aux États-Unis mais n'admet pas sa culpabilité.
- 25 août : un ex-ingénieur de Volkswagen, James Liang, est condamné aux États-Unis à 40 mois de prison.
- 6 décembre : Oliver Schmidt, un ex-dirigeant de Volkswagen, est condamné à sept ans de prison par un tribunal américain.
2018
- 23 février : BMW reconnaît avoir "par erreur" équipé des véhicules diesel avec un logiciel non conforme mesurant les gaz d'échappement et rappelle 11'700 voitures.
- 23 février : Volkswagen annonce avoir renoué en 2017 avec des bénéfices records.
- 27 février : la justice allemande ouvre la voie à des interdictions de circulation des vieux diesel dans les villes.
- 3 mai : les autorités américaines engagent des poursuites judiciaires contre Martin Winterkorn et cinq autres dirigeants de Volkswagen.
- 13 juin : Volkswagen paye un milliard d'euros d'amende en Allemagne.
- 18 juin : le patron d'Audi, Rupert Stadler, est placé en détention provisoire. Il est remis en liberté fin octobre.
- 15 octobre : perquisitions au siège d'Opel, filiale de PSA.
- 16 octobre : Audi paye 800 millions d'euros d'amende en Allemagne.
2019
- 10 janvier : Fiat Chrysler accepte de verser jusqu'à 515 millions de dollars à différentes autorités américaines qui l'accusent d'avoir truqué plus de 100'000 véhicules.
- 25 février : BMW paye une amende de 8,5 millions d'euros tandis que l'enquête pénale pour "fraude" est classée sans suite.
- 15 avril : Martin Winterkorn est inculpé en Allemagne pour "fraude en bande organisée", "fraude fiscale aggravée" et manipulation du cours de Bourse.
- 23 mai: la justice allemande inflige une amende de 90 millions d'euros à l'équipementier Bosch.
- 31 juillet : l'ancien patron Rupert Stadler et trois ex-cadres d'Audi sont renvoyés devant la justice allemande.
- 24 septembre : Daimler accepte de payer une amende de 870 millions d'euros en Allemagne.
2020
- 28 février : accord à l'amiable entre Volkswagen et l'association de consommateurs VZBV pour solder le principal procès groupé allemand. Le constructeur va débourser quelque 750 millions d'euros pour indemniser 240'000 clients.
- 19 mai: la justice allemande abandonne, contre un paiement de neuf millions d'euros, la procédure pénale qui visait l'actuel directeur de Volkswagen, Herbert Diess, et son président du conseil de surveillance, Hans Dieter Pötsch.
- 25 mai : revers pour Volkswagen devant la Cour fédérale allemande, qui contraint le groupe à rembourser en partie un client.
- 22 juillet : perquisitions en Allemagne, Suisse et Italie chez Fiat et Iveco.
- 9 septembre : le tribunal de Brunswick annonce que Martin Winterkorn et quatre autres anciens responsables seront jugés.
- 14 septembre : Daimler conclut un accord de 2,2 milliards de dollars aux États-Unis pour y solder le "dieselgate".
- 30 septembre : ouverture du procès de Rupert Stadler.
Avec AFP