1988 – Depuis la Porsche 917, objectivement, le premier prototype moderne de l'Histoire des 24 Heures du Mans, les performances ont particulièrement évolué. Certes, le crash pétrolier de 1973 a fait entrer dans les esprits les contraintes de consommation, mais, plus que jamais, la puissance et les moteurs turbo sont de mise avec l'arrivée des Groupe C.

Porsche a su profiter de ce virage avec ses 956 et 962, et désormais, doit faire face à Jaguar, Nissan, Mazda et Mercedes. Aussi, en cette année 1988, la bataille s'annonce rude chez les constructeurs, et dans les équipes privées. Il faut dire que là aussi, les aventures sont nombreuses, comme celle de Spice, ou surtout, WM. L'équipe de Gérard Welter, designer chez Peugeot, s'engage au Mans depuis 1976 avec des prototypes à moteur Peugeot.
En cette année 1988, l'approche est un peu différente pour l'équipe française. Le prototype P88, développé en association avec Heuliez, doit atteindre les 400 km/h dans la ligne droite des Hunaudières. À l'époque, cette dernière reprend totalement le tracé de la Nationale qui relie Le Mans à Tours. Ce qui offre 5 km de ligne droite. À cette époque d'ailleurs, le règlement permet de penser deux carrosseries : les arrières longs et courts. Les premières pour chercher la vitesse, les secondes pour l'agilité dans la deuxième partie du circuit.


C'est cette solution qui sera retenue pour la WM-Peugeot. Heuliez s'implique réellement dans le projet et étudie une voiture la plus fine possible, avec une étude des flux la plus poussée possible. Sous le capot arrière, on retrouve le fameux V6 PRV (Peugeot-Renault-Volvo), qui, s'il a été critiqué à ses débuts pour son manque de puissance… Se trouve ici en version biturbo de plus de 900 chevaux !
405 km/h !
En course, il faudra donc essayer de battre le record. Ce sera l'objectif de la P88 de Roger Dorchy, Claude Haldi, Jean-Daniel Raulet. Pourtant, dès le début de la course, la WM montre des signes de faiblesse. "On avait des problèmes de surchauffe, d'échauffement, très vite, on a vu qu'on ne finirait pas, que la course était perdue", expliquait après coup Roger Dorchy. "Alors on a décidé d'enfoncer la pédale, et on a vu ce que ça donnait." La décision est prise aux alentours de 20h, et à 20h19, la WM Peugeot est annoncée à plus de 400 km/h dans les Hunaudières.
L'histoire raconte que cette WM est annoncée à près de 415 km/h, mais ce record sera tronqué à 405 km/h. Une question marketing. Peugeot lançait en effet la 405, et voulait associer le record de vitesse au Mans avec la présentation de la voiture ! Ce sera d'ailleurs le seul fait d'arme de WM lors de cette édition 1988, les deux voitures ne voyant pas l'arrivée.

Devant, la bagarre sera dure entre Jaguar et Porsche. Au final, c'est la firme anglaise qui s'offrira la victoire avec Lammers-Dumfries-Wallace, plus de 30 ans après la victoire de la Jaguar Type D ! Ce record va remettre cependant en question l'intérêt de la ligne droite des Hunaudières. Trop rapide, trop dangereuse, elle sera tronquée par deux chicanes lors de la rénovation du circuit, en 1991.